Mon Colocataire

40. L'Heure A Sonné

- Tu te souviens ton père avait disparu lorsque tu étais toute petite et bien il est revenu ! L'homme que j'ai le plus aimé est revenu ! Ton père est revenu !

- Quoi ? dis-je faiblement.

Je lache mon portable. Morgan qui me regardait jusque là me lance un regard interrogateur puis devant mon manque réaction, il secoue sa main devant mes yeux. Je ne réagis plus. Je crois que le monde au tour de moi est en train de s'écrouler. Mon monde s'écroule.

______________

PDV Morgan

Laure se décompose littéralement. Qu'est-ce qu'elle a ? Je ramasse son portable qu'elle a laissé tomber et le met à mon orreille.

- Allô ? Allô Laure ? Laure ?

- Euh bonjour Madame Cross, c'est...euh...le colocataire de Laure à l'appareil.

- Oh bonjour ! Comment vas-tu ? s'enjoue-t-elle.

- Bien merci et vous ?

- Oui ! Le père de Laure est revenu ! Il avait disparu durant son enfance.

...

...

...

- Allô ?

- Oui ? Pardon je suis juste troublé par la nouvelle.

- Ah j'imagine. Donc avant que je n'entende plus Laure j'allais lui demander de passer nous voir son père et moi pour la première semaine des vacances. Elle va être heureuse de retrouver son papa !

J'en suis pas si sûr... Je jette un coup d'œil à la personne conscernée qui n'a toujours pas bougé.

- Je dois vous laisser Madame, passez une bonne journée.

- Merci à toi aussi !

Je raccroche et attrape Laure par le bras pour que l'on s'isole. On se pose au bord du lac, je réussis à l'assoir à côté de moi, toujours aussi paralysée. Je regarde derrière pour voir si ce curieux de Max ne tend pas son oreille mais rien en vu, je repose mon regard sur elle. On pourrait avoir l'impression qu'elle a vu un fantôme tellement son regard s'est éteint, plus une seule étincelle qui l'anime.

- Laure ?

Comme si elle avait besoin que l'on appuie sur l'interrupteur pour rallumer cette flamme.

- Laure ? je répète.

Ses yeux se voilent de larmes...comme si sa flamme ne s'allumerait plus jamais. Le regard droit devant elle, une larme coule sur sa joue ainsi suivie de tant d'autres. Elle est brisée.

- Laure...

L'ampoule explose. Elle se lève soudain et me regarde avec haine en criant :

- MON SALOT DE PÈRE QUI M'A VIOLÉ EST REVENU ! TU TE RENDS COMPTE ?!

- Je sais... je soupire.

- Il... Il revient vers ma mère ! Ma mère ne le connaît pas ! El-elle... J-je... articule-t-elle entre deux sanglots.

Je me lève et l'attrape par l'épaule pour qu'elle arrête de trembler mais elle me rejette violemment.

- Ma vie ne se résume donc qu'à ça ?! À me faire abuser toute ma vie ?!! J'en ai marre ! Je veux être libre ! Tu comprends ?! Être putain de libre ! Je veux ne pas me soucier de demain, vivre ma vie au présent sans repenser au passé et au futur, je ne veux plus pleurer et enlever cette peur qui règne depuis toujours en moi ! On me consumme ! Je n'en peux plus !