Mon Colocataire

19. Avec Lui

- Au fait j'ai un truc à t'annoncer Laure.
Le ton d'Emma est redevenu sérieux, c'est rare qu'elle soit si sérieuse... Une mauvaise nouvelle ?
- Je t'écoute.
- Franck a quitté ta mère, ils sont en procédure de divorce.

________

PDV Laure

Pauline s'arrête brusquement de manger et je lache subitement ma crèpe dans mon assiette.

- Quoi ?

- Ton beau-père et ta...

- Ouais c'est bon j'ai compris, je la coupe.

Je ne comprends pas, comment s'est arrivé ? Je suis contente qu'il s'est cassé de la maison, ce n'était pas quelqu'un de bien. En tout cas pas assez à mon goût. Par contre ma mère est toute seule maintenant... Je déteste quand elle est toute seule.

- Tu n'as pas de questions par rapport à ça ?

- Si, je veux savoir pourquoi, quel est la cause de la procédure de divorce ?

- Ben je crois qu'il a cru qu'elle l'avait trompé et il s'est énervé. Ce qui a finit en procédure de divorce.

- C'est tout ?

- Ouais.

Je soupire et j'attrape ma crèpe pour continuer de la manger.

- Ça ne te fait rien ? me demande Pauline.

- Non enfin si mais lui c'est pas le type que j'ai aimé le plus au monde tu vois. C'était un salot et un faux-cul. Je suis content qu'ils divorcent mais ma mère va être seule et c'est pas ce que j'aurais préféré pour elle. Elle mérite quelqu'un qui la chérisse comme mon père avant qu'il disparraisse...

- Ton père a disparu ?

- Ouais j'étais très jeune, je ne me souviens pas vraiment de lui. J'ai dû voir une à deux photos où son visage souriait mais c'est tout. Je me souviens juste qu'il était quelqu'un de très gentil avec moi et avec ma mère.

- Et il est mort ?

Mon corps se crispe.

- J-je ne sais...

- OH OUI VAS-Y CONTINUE !

...

...

- C'est une blague là ?! s'écrie Emma.

Non...

- Ils sont en train de baiser la porte ouverte et crient comme des sauvages ! Comment ils me dégoûtent ces gens ! continue-t-elle.

Quand elle est énervée, elle peut tout casser, c'est ouf. D'ailleurs elle se lève et part en direction de la chambre.

- Tu fais quoi ? lui demande Pauline.

- Les remettre à leur place !

Ça va être festif ! J'ai hâte !

On entend Emma leur crier dessus et l'on voit qu'elle prend les vêtements de Clémentine et les jeter sur le palier. Comment c'est violent (MDR) ! Pauline est à moitié choqué et à moitié morte de rire. Moi je vais clairement mourir de rire ! Ensuite Clémentine sort de la chambre à moitié nue, elle a encore sa lingerie remontée sur ses seins. Elle part en courant et claque la porte. Emma revient sur les nerfs tandis que l'on est toujours pété de rire.

- Non mais serieux cette fille à un vrai problème mental !

On rit encore mais l'ambiance se refroidit très vite à l'arriver de Morgan, torse nu, en calçon. J'ai peur d'un seul coup. Il me lance le pire regard et se retourne vers Emma.

- TU FAIS VRAIMENT CHIER TOI !

Elle arque un sourcil et s'approche de lui.

- Tu baisses d'un ton mon Coco.

Elle a osé !

- Tu sais pas à qui tu parles.

- Alors je parle à qui ? lance-t-elle le sourire aux lèvres.

Ok il est deux fois plus énervé. Il me regarde une nouvelle fois et s'approche alors que je me lève et que je recule paniquée. Je ne veux plus qu'il s'approche de moi ce traître. Voyant ma peur croissante, il s'arrête et rigole séchement avant de repartir. En l'espace d'un instant j'ai eu l'impression d'avoir vu des cicatrices sur son torse... J'ai dû rêver. Passons. Je souffle puis nous finissons de manger tranquillement même si Emma n'arrête pas de traiter Clémentine et Morgan.

Nous allons dans la chambre après avoir débarassé et j'agrandis le lit. Il a une fonction d'agrandissement, sur le côté il y a une poignée qui permet d'avoir un lit trois places malgré la taille de la chambre. Je mets un peu de musique, pas trop fort pour pas énerver le grognon d'à côté.

- On continue notre action, chish ou vérité ? propose Pauline.

C'est une bonne idée même si je repense à comment ça a pu mal tourné hier. Mais ouais c'est une bonne idée.

- Yep !

- C'est pas drôle je ne connais pas votre vie ici, s'indigne Emma.

- Ah ouais, ben on a cas...

- On a cas dormir, je suis crevée je t'avoue.

- Ok de toute manière moi auss...

OH PUTAIN DE MERDE.

- NON ou dormez je vais dormir avec Morgan !

Emma fronce les sourcils.

- Quel mouche t'a piqué Laure ?

- Vous allez avoir plus de place à deux et vous ferez de plus en plus connaissance, bonne nuit ! dis-je trop vite.

Je sors en fermant bien la porte derrière moi. Si je suis pas dans la merde là...

Récapitulatif : mes amis vont me trouver louche et je vais devoir dormir avec le gars que je déteste.

Tout ça pour quoi ? Parce que je crie la nuit à cause de mes cauchemars et je crois que le seul qui arrive à me faire taire c'est Morgan. Prend ton courage à deux mains Laure et montre que tu es une fille forte ! Aller ! Je peux le faire.

Je marche doucement mais sûrement vers sa chambre, je fais coulisser la porte et je me retourne pour lui faire face. Pourquoi ça devait être lui mon coloc déjà ? J'avais pas le choix c'est vrai.

Il lève sa tête vers moi choqué de ma venue, on se croise du regard et je le baisse aussitôt pour me coucher à ses côtés. Quand je repousse les draps il ne dit rien et quand je me couche dos à lui il ne dit rien non plus. Mon cœur bat fort, trop fort. Je ferme les yeux et je lui murmure :

- Aide-moi à ne pas crier cette nuit, demain on oubliera tout et on fera comme si de rien était.

Il ne dit toujours rien. C'est horrible.

- Dis quelque chose bon sang ! je râle.

- Ok.

Super... Est-ce que je me sens bien là ?

NON.

Soudain il me prend la main et entrelasse ses doigts aux miens. Il fait quoi au juste ?

- La dernière fois c'est en te tenant la main que tu as arrêté de crier alors ne te pose pas trop de questions stupides sur mon geste, dit-il comme s'il devait se justifier.

Ah... Il m'avait tenu la main ?

Je repense alors au semblant de cicatrices que j'ai vu sur le haut de son corps, est-ce que ma vue m'a joué des tours où ces cicatrices étaient bel et bien présentes ?

À cette question, je m'endors. J'espère parfois ne pas essayer de comprendre ce qui ne peut être compris mais parfois c'est bien trop tard.