One Piece - New World

Chapitre 16

Tout était sombre autour de moi. J'étais comme enveloppée dans des ténèbres épaisses qui m'étouffaient petit à petit, qui avalaient lentement ma conscience. Mon corps entier brûlait. J'avais l'impression que mes os fondaient et que mon âme elle même se dissolvait. Que m'arrivait-il ? Des images assaillirent mon esprit.

Des souvenirs que je croyais avoir occulté surgirent subitement de ma mémoire. Je me souvins de mon enfance. J'étais constamment seule, dans cet endroit entouré de nuages blancs, assise sur l'herbe du jardin de ce palais gigantesque. Si je sortais et m'approchais du village que le manoir surplombait, les habitants s'écartaient de moi et me lançaient des regards méprisants, pleins de dégoût. Si je prenais le risque de m'aventurer trop loin sans garde du corps, les enfants se jetaient sur moi et me tabassaient à coup de pieds. Ils me traitaient de monstre, d'erreur génétique, de démon. D'où provenait ce souvenir affreux ? Je ne m'en rappelais pas... Mais la sensation de solitude, de peur, de haine qui m'envahissaient était si vive que j'avais l'impression de revivre ces instants.

Pourtant, dans ces méandres de solitude et de détresse, il y avait une personne. Ce petit garçon aux cheveux blonds et au sourire d'ange qui venait parfois me voir. Lorsque ses parents avaient à faire au palais, il les accompagnaient et venait me voir avec son frère dans le jardin. Ce dernier restait toujours à l'écart et je ne me souviens d'ailleurs pas de son visage. Mais le blondinet, lui, s'asseyait près de moi et me parlait longuement ; nous riions, nous jouions, nous nous inventions toutes sortes d'histoires. Je lui demandais souvent pourquoi il venait, pourquoi il ne m'évitait pas comme les autres, pourquoi il ne m'insultait pas. A chaque fois, il semblait ne pas comprendre ma question. Il souriait et disait avec un air ingénu : "Pourquoi devrais-je te haïr ?" En mon fort intérieur, je répondais : "Parce que je suis l'ennemie des dieux, tout en étant l'un des leurs." Qu'est-ce que cela voulait dire ? Je n'arrivais plus à m'en souvenir, d'ailleurs est-ce qu'un jour je l'avais su ? C'est seulement ce qu'on me répétait à longueur de journées au palais. Peut-être, à cette époque, ne savais-je même pas ce que cela voulait dire.

Puis, le souvenir devint plus sombre. Ma poitrine me brûla intensément. Le garçon n'était plus là, il avait disparu, sans que personne ne puisse me dire ce qu'il lui était arrivé. Je m'étais retrouvée toute seule, encore plus seule.

Je retrouvais mes esprits. J'étais toujours dans ce monde plongé dans les ténèbres. On aurait dit que le pouvoir du fruit m'avait dévoré. Une larme perla sur ma joue. J'avais la désagréable sensation d'avoir fait un très long mauvais rêve, dont le goût amer était toujours sur le bout de ma langue. Je reçus un violent choc. Ma tête me martela. Je me souvenais. Je me rappelais de ma vie d'avant, avant d'avoir été recueilli par mes parents adoptifs, avant d'avoir échouée sur la plage. Cet endroit blanc où j'avais vécu, c'était un lieu appelé Marijoa. Je haïssais tout là-bas, et tous me haïssaient. Comment m'étais-je enfuie, et comment j'avais atterri sur une plage déserte, je n'en avais aucune idée. Mais c'était étrange... Marijoa... J'avais entendu ce nom quelque part. Soudain, un éclair traversa mon esprit. C'était impossible ! Je me rappelais clairement avoir lu ce nom dans l'un des livres de la bibliothèque de Barbe-Blanche ! Cela signifiait donc que Marijoa se trouvait dans le monde de One Piece ? Mais... comment ? Cela voulait-il dire que... je venais de ce monde-ci ? Je n'en revenais pas... Ce n'était pas croyable ! Pourtant, je me rappelais parfaitement l'avoir lu. Marijoa était la capitale du gouvernement mondial. Là où siégeaient les Tenryubito, les descendants des 20 familles qui avaient fondé le gouvernement.  J'avais du mal à le digérer.

Le souvenir était encore trop vague. Je n'arrivais pas à rassembler toutes les pièces du puzzle. Mais, il était certain à présent que j'avais vécu à Marijoa, et que d'une façon où d'une autre, je m'en étais échappée pour finalement me retrouver sur Terre.