Chapitre 28

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- Tu as changé de voiture ?

- Oui Aaliyah ça se voit.

- Comment t'as fait pour la payer t'as un nouveau boulot ? 

-Aaliyah ça fait deux minutes qu'on est ensemble et tu me casse déjà les pieds.

Je me suis tue directement. Mais ça ne me plait de ne pas savoir comment il fait pour payer tout ce qu'il doit, sa voiture la maison, est. Quel travail pourrait lui rapporter mais sans qu'il ait envie de m'en parler. Sa berline noire était toute propre pas aucune égratignure. Bizarre il conduit comme un pied d'habitude. Quelques minutes après on avait démarrer. 

- T'as des nouvelles de papa ? 

- Qui sur la terre en a besoin Aaliyah ? On se porte mieux sans ses nouvelles. Aaliyah depuis quand tu es devenue aussi dépendante de quelqu'un j't'tai pas appris ça. 

Ouais c'est toujours lui, il n'a pas changé il s'énerve toujours autant quand on parle de papa. Il semble très irrité donc il met de la musique et nous ne nous adressons pas la parole le reste du trajet. Dans mes souvenirs il était plus bavard quand même. J'ai l'impression que quelque chose le tracasse et quand il s'agit de mon frère je ne me trompe jamais. Je vais devoir enquêter durant ces deux jours. Quand nous sommes enfin arrivés je cours jusqu'a la maison pour ne pas avoir à porter mon sac.  J'entends Aedan qui rumine

- Et ton sac grosse vache ?!

Je ne lui prête pas attention et ouvre la porte de ma clef ( oui j'ai quand même la clef de mon ancien chez moi ) je monte à l'étage et me dirige vers ma chambre. Elle n'a pas changé, toujours aussi étroite, et qui renferme d'innombrables souvenirs. Je sors de ma chambre  et me dirige vers celle d'Aedan. Tiens je vais pouvoir fouiller, peut être que je trouverais quelque chose de compromettant. Je l'ouvre discrètement, et cherche en dessous de son lit dans ses placards, rien. Il ne semble pas avoir envie que je trouve des indices sur son foutu boulot de merde. Pourtant quand on était petit je trouvais absolument tout ce qu'il essayait de caché aux parents sa première mauvaise note, hahah c'était drôle ça, j'm'end souviens  c'était en littérature. Il n'a jamais été à l'aise avec cette matière. 

Bon vu que ma recherche évidente d'indice s'est soldée par un échec je décide d'abandonner et de retourner à ma chambre; quand quelque chose attire mon regard. UN LIVRE ? J'éclate littéralement de rire. Aedan lit ? La blague  je décide de le prendre pour voir de quel livre il s'agit.  "Antigone". C'est pas possible mon frère ne peut pas lire ce genre de chef-d'oeuvre de la littérature française* en plus, je suis même étonné qu'il lise autre chose que le dos de son paquet de céréales. Ce livre me rappelle tellement de souvenirs, la mort inéluctable de tous les personnages m'avait tellement émue, surtout celle d'Hémon qui n'a pas su se résoudre à la mort de son amour de toujours. Prise d'un élan de nostalgie je décide de feuilleter la pièce, quand une feuille de papier tombe du livre, je la ramasse. Des numéros de téléphone, plein, sur le recto comme sur le verso de la feuille. Mais il n'y avait aucun noms seulement des lettres qui correspondait à des numéros. Je balaye du regard la feuille quand soudainement un numéro me semble familier, celui de la lettre T. Je prends mon téléphone pour essayer de composer le numéro mais je sens une présence derrière moi. Aedan.

- Tu as oublié le chemin qui menait vers ta chambre ?  

Son visage est tordu de colère. Bordel de merde je vais passer un sale quart d'heure. Il m'as vue. Il va me tuer. Je décide de jouer la carte du calme absolu.

- Non, j'étais curieuse de voir à quoi ressemblait ta chambre quand je suis tombée sur un livre et je me suis mise à le lire c'est tout. 

Il semble soulagé, j'avais raison. Il me cache quelque chose et cette feuille en fait bien parti. Quand il est arrivé j'étais dos à lui il n'a pas du voir que j'avais vu sa petite feuille de numéro. 

-Ah bon ? Alors ça suffit t'as assez lu. Vas te préparer on va sortir faire les courses pour manger ce soir. Allez plus vite que ça. 

Je laisse le livre par terre et cache la feuille à la page où je m'étais arrêtée de lire et me précipite dans ma chambre. C'était moins une, il aurait pu me tuer pour si peu. Connaissant son caractère violent. Je mets juste des Ugg et descends les escalier et hurle le nom de mon cher frère pour qu'il grouille ses fesses. Il descend tel un mannequin, avec sa casquette à l'envers ce qui me fait rire. Mon frère a toujours été très courtisé par les filles. Je pense que ce sont ses yeux qui les font craquer, il a un oeil vert et l'autre atteint d'hétérochromie**; il est à moitié marron et à moitié vert. Ce n'est pas commun mais je m'y suis habituée. Nous sommes tellement différents, moi et mes yeux noisettes banals.

- On y va boulette ? 

- Ta gueule. 

On va vers la voiture et il met de la musique : The Weeknd. Party Monster. Et on s'excite sur la chanson en chantant toutes les paroles osées et carrément trop drôle de la chanson. Nous nous écrions ensemble

- I'M GOOD, I'M GOOD, I'M GREAT. KNOW IT'S BEEN A WHILE, NOW I'M MIXING UP THE DRANK...

C'est cette ambiance que j'adore, quand on est insouciants et comme si on était encore des enfants. C'est pour ça que je voulais venir me ressourcer ici. Il n'y a qu'ici que je retrouve le peu de famille qu'il me reste. 

-ANGELINA, LIPS LIKE ANGELINA, LIKE SELENA,  ASS SHAPED LIKE SELENA...

J'en peux plus de crier comme ça je cherche une bouteille d'eau, j'ouvre la boite à gants quand Aedan la referme aussitôt, et violemment. 

- C'est quoi ton soucis Aedan, j'ai soif putain pourquoi tu fais chier depuis tout à l'heure ? 

- Arrete de toucher à tout et il n'ya pas de bouteille d'eau là dedans tu boiras au supermarché.

- Quoi t'as un truc à me cacher encore ? 

Oups j'ai trop parler encore. Je peux le voir  à la manière dont il me regarde. 

-De quoi tu parles Aaliyah ? 

-Rien. 

Il ne me regarde plus et continue à conduire, je crois meme que j'ai un don pour casser l'ambiance. 

Nous arrivons au magasin et je mets toutes sortes de cochonneries dans mon panier et en ce qu'il concerne le panier de mon frère il fait TOTALEMENT PAREIL. Quand nous arrivons à la caisse en meme temps nous éclatons de rire tellement nos paniers sont pleins. Nous payons et mettons les courses dans la voiture. 

-Aaliyah ? 

-Ouep

-Faut que je te dise un truc...





* l'adaptation d'Anouilh et non celle de Sophocle

** Hétérochromie : correspond à une différence de couleur des deux yeux ou bien à une variation de couleur à l'intérieur de l'iris lui-même.Dans le langage courant, on parle d'yeux vairons pour désigner l'hétérochromie.


  

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