V(J) : Chapitre 12 :

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                         Noir, il faisait noir. Le jeune homme avançait dans un couloir sombre dont seule l'extrémité laissait apercevoir un faible halo de lumière. Une main glissant le long du mur de pierre, il marchait sans comprendre pourquoi ni comment il était arrivé ici. Ni même pourquoi il avançait. Mais quelque chose l'y poussait alors il avançait, posant doucement ses pieds sur le sol humide et glacial de ce corridor dont la sortie semblait s'éloigner de lui à chaque pas qu'il faisait. Dans cet univers reclus du monde, ses seuls compagnons étaient les bruits de ses pas et de ces gouttes d'eau qui tombaient à intervalles précises dans les flaques qui s'étaient créées suite à leur accumulation. Rien de plus. Il était seul. Très seul. Et la fin de son calvaire était si loin de lui pourtant il continuait. Un... Deux... Trois... Cent... Cent-un... Mille quatre-vingt deux... Mille quatre-vingt trois... Ses pieds nus s'abîmaient sur ce sol de pierres noyées dans les regrets de tout ceux qui étaient passés par là auparavant, ses doigts s'éraflaient contre les murs abîmés par le désespoir de ceux qui avaient vécu cet enfer de solitude. Mais la sortie ne s'éloignait plus. Une lueur d'espoir vint réchauffer son cœur alors que ses foulées devenaient plus amples et plus rapides. Il se mit à courir. Courir après la vie, courir après la liberté.

                            Enfin, le stagiaire arriva dehors. Posant sa main sur ses yeux pour se protéger de la lumière aveuglante d'un soleil présent dans un ciel sans nuages, il souriait. Respirant à pleins poumons, il souriait. Il était sorti. Une euphorie sans nom ni précédent s'était emparée de lui alors qu'il hurlait à s'en briser les cordes vocales. Il était libre. Se laissant tomber au sol, il poussa un soupir de soulagement. L'herbe sous ses pieds était douce et chaude. Des larmes de joie perlèrent dans ses yeux et coulèrent le long de ses joues avant qu'il n'ose ouvrir les yeux. Observant le paysage autour de lui, il fut assez surpris. Sous ses yeux s'étendaient les lieux de son enfance. Des champs à perte de vue, un chemin longeant une rivière qui produisait cette agréable mélodie, un sentier de terre battue creusé entre les champs et se dirigeant jusqu'au village. En se relevant, il se remit à marcher. Une fois de plus, il ne savait pas pourquoi mais il se dirigeait vers ce hameau où il avait passé la plus grande partie de sa vie. Il devait y aller. Encore blessés, ses pieds le portèrent jusqu'à ce lieu qui était resté ancré dans sa mémoire. À l'entrée du village, il s'arrêta. Cette ambiance qu'il avait pensée à jamais disparue était de retour. Des enfants jouaient, d'autres écoutaient les aventures idéalisées d'un vieillard assis au bord d'une fontaine, des hommes et des femmes dans la fleur de l'âge pratiquaient les activités nécessaires pour la bonne économie du hameau, des parents s'occupaient de leurs progénitures, des animaux se promenaient dans le village sans soucis d'appartenance. Ici, tout avait toujours été à tous.

                         Comme si le temps s'était accéléré, la nuit tomba. Les enfants rejoignirent tous leurs parents, les habitants partirent tous chez eux et s'y enfermèrent, les lumières s'allumaient et l'heure du couvre-feu arriva. Un homme arriva jusqu'à Jungkook et le regarda de haut en bas.

- Qu'est-ce que vous faites là ? Rentrez chez vous.

                        Surpris, le jeune policier fixa celui qui s'était adressé à lui et tenta de parler, les mots ne voulant pas quitter sa gorge. Après maints essais, il réussit à s'exprimer :

- Il y a longtemps que je n'habite plus ici.

- Alors venez chez moi. Vous n'allez pas retourner sur les sentiers à cette heure là.

                         Suivant donc cet homme qui allait être son hôte, le plus jeune avança à travers le village et arriva devant une demeure. Celle qui avait été la sienne durant son enfance. En y entrant, il découvrit une famille heureuse : le père qui l'avait ramené ici, le fils qui semblait soulagé de retrouver son « papa », la mère qui réprimandait son enfant en souriant avant d'embrasser son mari. Tout lui semblait si irréel. Pourtant il savait que tout ceci était vrai. Il savait que tout ceci avait été vrai. Le père était le sien, la mère était la sienne et l'enfant n'était personne d'autre que lui. Pourquoi lui avait-t-on donné l'opportunité de retrouver ses parents qui étaient morts devant lui lors d'une triste nuit d'été ? Assis à table, il restait muet alors qu'autour de lui sa propre famille s'agitait avec cette joie de vivre qui leur était propre. Lui avait perdu la sienne. Il faisait tache dans cette maison qui était pourtant la sienne.

Why ? Just why ? [ VKook ]Where stories live. Discover now