Why ? Just why ? [ VKook ]

V(J) : Chapitre 9

              Le jour fatidique arriva. Jungkook allait enfin rencontrer le détective privé dans un autre cadre que leurs rencontres qui étaient plus facilement qualifiables de professionnelles. Mine de rien, il était stressé. Le jeune homme se demandait si cela allait bien se passer, s'il n'allait pas y avoir de problèmes, s'il n'allait pas se ridiculiser comme un imbécile, si V se comporterait correctement ou plutôt normalement même si sa norme semblait bien différente de celle de la société.

             Planté devant son miroir, le jeune stagiaire réajustait sa cravate. Il s'était mis sur son trente-et-un pour sortir chez un glacier comme s'il s'agissait d'un rendez-vous crucial pour le reste de sa vie : les cheveux laqués en arrière de manière très réfléchie et ordonnée – notez que le temps de se coiffer fut égal à plus d'une demi-heure – afin de bien paraître, un complet noir avec une chemise blanche qu'il n'avait porté qu'une seule fois à l'occasion du mariage de son chef de stage qui avait insisté pour que le jeune homme sorte un peu le nez de chez lui et une cravate noire assortie. Tout ça pour faire bonne impression. Enfin, c'est ce qu'il voulait croire et faire croire. Inconsciemment, il s'habillait ainsi plutôt pour le jeune détective. Ses propres yeux sombres plongés dans leur reflet, Jungkook poussa un léger soupir. L'inspecteur avait dit qu'il viendrait le chercher vers dix heures. Il était déjà onze heure, son guide avait déjà une heure de retard. Le jeune policier soupira à nouveau et cessa de contempler son reflet, se dirigeant simplement vers la fenêtre. Depuis cet observatoire de fortune, il regarda la rue sans un mot, décalant délicatement les rideaux pour mieux voir. En bas, il n'y avait personne. Et surtout pas V. Le jeune homme ouvrit finalement la fenêtre et se pencha sur son balconnet. D'ici, il observait les gens arriver puis repartir dans un interminable ballet humain. Sans que le détective ne fasse son apparition sur la scène bitumée. Jungkook resta ainsi une minute, puis deux. Puis un quart d'heure. Puis une demi heure. Puis une heure. Puis deux. Au bout de ces deux longues heures d'attente, une voiture vint se garer devant l'immeuble qu'habitait le jeune policier. Il en sortit une personne que ses yeux reconnurent malgré la distance qui les séparait. Peu de gens avaient les cheveux violet-gris dans la ville après tout. V était arrivé.

               Enfilant sa veste et ses chaussures qui auraient presque eut le temps de prendre la poussière, le stagiaire se demanda tout de même ce qui avait causé le retard du détective. À pied, leurs logements respectifs devaient être à vingt minutes l'un de l'autre tout au plus... Il n'y avait pas de raisons expliquant son retard, le trafic était calme en ce jour de début de printemps. Enfermé dans l'ascenseur, Jungkook restait le plus calme et neutre possible. Il ne voulait pas s'énerver contre V mais ne voulait pas sembler ravi à l'idée de le revoir même si intérieurement il l'était. L'inspecteur avait trop de retard. Le policier avait failli croire que ce dernier lui avait posé un lapin.

               Une fois au rez-de-chaussée, le stagiaire réajusta une dernière fois sa cravate et inspira longuement alors que son coeur semblait exploser de l'intérieur. La porte s'ouvrit devant lui, laissant apparaître le paysage. Et V. Le susnommé lui sauta dans les bras et dit, sur un ton enjoué :

-Kookiiiiiie ! Je suis désolé si tu savais ! Un diplodocus m'a bloqué le passage sur la route mais un tyrannosaure est venu et l'a mangé.

- Bonjour, répondit simplement le plus jeune sur un ton neutre.

- Oui bonjour, lâcha l'inspecteur visiblement refroidit. Bon... On va chez ce glacier ?

- Allons-y.

              Jungkook fut entraîné par V qui le tenait par la manche, souriant malgré la distance que le policier semblait vouloir mettre entre eux. Le plus jeune entra dans le véhicule côté passager tandis que l'inspecteur prenait place au volant. La voiture démarra alors que les deux hommes restaient silencieux. Seul le vrombissement du moteur occupait l'espace sonore.