Chapitre 33 - Antidote et Alliance (partie 1)

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Dans le chapitre précédent :

« Comment as-tu fait pour arriver jusqu'à Alexandre ? demandai-je curieuse.

– X... Après que tu te sois évanouie, X m'a caché derrière des roches de la grotte. Alexandre est parti avec toi tandis que les gardes ont pointé leurs armes en direction des centaures. Vot-Ton mari les a suivis docilement pour éviter que tu ne sois attaqué. De là, je suis sorti et ai couru sur la piste que X plaçait. Il m'avait dit de suivre les cailloux et c'est ce que j'ai fait jusqu'à me retrouver ici. »

Je souris avant de l'aider à se relever. Le petit Poucet était bien arrivé, mais il aurait été mieux qu'il arrive plus tôt. Les centaures avaient bu le breuvage et un être était mort. Eugène s'excusa en voyant mon regard sur le corps ensanglanté de l'homme écrasé sous les coups de sabot.

« J'ai envoyé un message vers ton château. Du renfort devrait arriver bientôt. Nous trouverons un moyen Ambre. »

Je continuai de fixer avec tristesse les centaures. Ils étaient tous éveillés et regardaient droit devant eux. Je me plaçai devant Adonis qui était sous forme humaine en espérant qu'il me reconnaisse. Ma caresse sur sa joue ne lui fit rien. Son nom chuchoté avec désespoir ne lui fit rien. Mon front contre son coeur battant ne lui fit rien.

J'espérai qu'on trouverait un moyen de les ramener à leur état normal.

***

Je lâchai un grognement de mécontentement quand les roues de la carriole se prirent dans un grand trou. Le transport était chaotique, mais au moins nous avancions. Je resserrai mes bras autour du petit Léandre endormi contre moi. Nous l'avions retrouvé dans une des prisons où j'avais été. Ma mâchoire se contracta quand je repensais à l'état dans lequel il était. On aurait dit un mendiant dans ses vêtements déchirés et la terre sur sa peau. Son visage ne recélait que de la peur et tristesse.

Il s'était précipité vers moi quand j'avais prononcé son nom. J'étais tellement soulagée qu'il aille bien. Alexandre et ses hommes ne l'avaient pas battu, mais l'avaient laissé pourrir dans une cellule avec un peu de nourriture.

Il avait beau être un centaure, ce n'était qu'un enfant. Un petit garçon apeuré.

Le soleil tapait plus qu'à l'habitude dans la plaine. D'après sa position, nous étions dans une matinée douce. Je jetai un regard en arrière. Des cordes de différentes tailles partaient de la carriole jusqu'au torse de chaque centaure ayant reçu de ce poison hypnotisant.

Adonis n'avait pas bougé d'un pouce quand Léandre s'était jeté sur lui. Je pinçai des lèvres pour ne pas pleurer. Nous devions trouver une solution, ils ne pouvaient pas rester dans cet état toute leur vie. Je ne le supporterai pas.

La journée passa lentement. J'avais souvent le regard dans le vide, seul Léandre me faisait revenir sur terre.

« Bordel, crachai-je alors que je rétractais ma main trop près du feu crépitant.

– Maman ?

– Oui, chéri, soufflai-je en me tournant vers le petit bonhomme.

– Pourquoi tu es énervée ? demanda-t-il, la curiosité dans les yeux.

– Je ne suis pas énervée, » répliquai-je d'un ton trop sec avant de me pincer les lèvres.

Il avait raison, j'étais à cran. Avec cette vieille carriole et les chevaux épuisés, nous traînions beaucoup trop à mon goût. Je voulais avancer. Courir. Arriver au château pour trouver un remède. Mais j'étais coincée dans une forêt avec le hululement des hiboux.

« Je suis désolée, je voudrais tellement qu'on avance plus vite pour trouver une solution pour ton père et l'état des autres centaures. »

Je déposai un baiser sur son front tandis qu'il hocha la tête. Un centaure qui était dans le groupe nous ayant secourus s'approcha et me demanda s'il pouvait s'occuper de Léandre. Je lâchai le petit et ce fut assez pour que le centaure sous forme humaine le prenne dans ses bras avec fluidité. Le garçon rit puis l'homme partit vers les siens sans oublier de me remerciement par un hochement de tête bref.

Un bol à la main, Eugène vint à ma rencontre. Il me donna le repas qui consistait en une soupe de feuilles avec des fruits exotiques. D'abord étonnée par la texture pâteuse, je trempai timidement ma langue dans le récipient. Le mélange avait un goût de myrtilles ou de framboises ou même d'un entre-deux. C'était assurément succulent. Je laissai mon palet apprécier la seule nourriture trouvée dans les environs puis but de l'eau fraiche pour m'éclaircir la gorge.

« Nous trouverons une solution, dit Eugène qui s'installa à côté de moi.

– Nous ne savons pas si cet effet est irréversible ou s'il y a un temps avant que cela ne le soit. Je ne veux pas les perdre, murmurai-je en portant mon regard sur Adonis, Onyx, Adélaïde, Thaumas et les autres centaures piégés dans l'immobilité totale.

– Nous trouverons une solution, répéta-t-il, une main sur la mienne.

– Espérons... Les centaures partis prévenir Amédé ne sont toujours pas de retour ?

– Pas de nouvelles depuis notre départ. Mais avec leur vitesse prodigieuse, ils doivent être sur le chemin du retour avec des chevaux et de la nourriture pour nous ravitailler. »

Je le pensais aussi. Ce n'était que quand le soleil fut haut dans le ciel que nous les vîmes. Le soulagement atteint mon visage tout comme un sourire. Des hommes et des femmes sur des chevaux et d'autres centaures vinrent à notre rencontre. Les femmes et enfants humains furent les premiers à recevoir de la nourriture. À dos de cheval, nous mangeâmes tout en trottinant vers le château. Je voulais qu'on rentre avant la fin de la journée.

Assise sur le dos d'un centaure, je fermai les yeux et me concentrai sur les liens que j'entretenais avec ces créatures. Je ressentais chaque présence. Plus d'une centaine c'était certain, mais je n'arrivais pas à qualifier la masse de personnes. Une présence semblait plus brillante que les autres. Tel un esprit je me rapprochai pour me retrouver coincée devant un nuage de fumée incertain. Je ne voyais pas le visage de l'homme en face de moi, mais je soupçonnai Adonis. Il était dans un épais brouillard et je ne pouvais communiquer avec lui par télépathie, mais au moins il était toujours en vie dans mon esprit.

Comme la première fois, je le vis au loin. L'immense château avec des remparts obstruant toute entrée ou sortie.

« Plus vite, » lançai-je au centaure qui m'obéit.

Les centaures hypnotisés suivirent notre cadence, ce qui me rassura. Ils ne semblaient entendre que des ordres précis, mais suivaient avec précision leur chef. Depuis la mort d'Alexandre, c'était Eugène. Je supposais qu'étant donné qu'il avait tué leur précédent leader, c'était donc lui la légitime personne à qui obéir. Et pour l'instant, mon hypothèse se tenait.

Au chaud dans le château, la répartition des tâches se fit instinctivement. Une partie des personnes emmenèrent les blessés, une autre partie conduisit les humains dans des chambres, une autre partie s'occupa de préparer un repas consistant.

Moi même je restai avec les centaures hypnotisés. Eugène leur ordonna de le suivre et comme un homme, les sabots d'Onyx et de ses hommes claquèrent sur le sol marbré tandis que les chausses d'Adonis et ses centaures sous formes humaines firent des pas moins bruyants.

Avec appréhension, je dirigeai Eugène et les centaures vers la tour de la Prêtresse. Elle seule pouvait trouver d'annuler la substance qu'Alexandre leur avait donnée.

Il ne se passe rien dans ce chapitre, c'est affligeant... J'essaie de vous écrire la suite bientôt ! Ce chapitre sera sûrement en trois parties et sachez que l'épilogue est déjà écrit ;)

Les Changeurs de Destins - Le Royaume d'HéliaWhere stories live. Discover now