Chapitre 22

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Nous étions jeudi matin, jour de sortie. J'avais passé les deux jours précédents à préparer mon défi. Je ne savais pas si je renvoyais à Cal une image de nana toujours bien apprêtée, mais si c'était le cas, ça ne le serait plus. Ma tenue du jour était absolument grotesque. J'allais être ridicule, mais je m'en fichais comme de la couleur des chaussettes de mon frère.

Cette tenue n'était pas trop exubérante, on se douterait que ce serait un déguisement sinon. Non, ce que j'avais recherché, c'était l'aspect réel, authentique. Quand on me verrait, on devrait penser que je m'habillais comme ça tous les jours. En tout cas, pour les personnes qui ne me connaissaient pas.

J'avais dans mon armoire une veste d'un vieux costume que j'avais porté lors d'un dernier jour d'école à Simsé. Je n'avais jamais voulu la jeter car elle était l'une de mes créations sur laquelle j'avais passé le plus de temps. Gros aspect sentimental. En partie à cause des longs poils synthétiques blancs qui tenaient à l'horizontal. Elle avait des manches longues mais sur le devant, elle s'arrêtait en dessous des seins. Et elle se fermait grâce à une fermeture Éclair. Le tout formait une boule blanche que l'on pourrait qualifier de « moumoute ». Bref, c'était parfait. Je mettais en dessous un t-shirt blanc avec une multitude de cœurs roses. J'enfilais un vieux legging rose qui me servait habituellement de pyjama, puis je terminais par mes tennis blanches. J'avais choisi d'assortir les couleurs : cela montrait que j'avais étudié cette tenue. Et si je l'avais étudiée, c'est que je pensais être « à la mode ». Je me regardais dans le miroir : une véritable barbe à papa ambulante. Kitsch à souhait.

Lorsque je sortis de ma chambre et débarquai dans la cuisine, toute la famille eut la mâchoire qui toucha presque le sol. Jon explosa de rire.

— Ellis, c'est quoi cette tenue ? demanda ma mère, abasourdie.

Jon était littéralement au bord des larmes.

— C'est pour... son... pari ! hoqueta-t-il.

— Ah oui ? fit mon père en arquant un sourcil intrigué.

— Oui. Cal, le garçon avec qui je fais le pari, a insinué que j'étais attachée à mon aspect. Je vais donc lui prouver que je suis tout à fait capable de me fringuer comme ça, répondis-je en désignant ma tenue.

— On en entend beaucoup parler de ce Cal, continua ma mère sur un ton qui sous-entendait tout. Il te plaît ?

Un rire nerveux me prit soudainement. Une réaction tout à fait naturelle qui cacha mon embarras.

— Maman, on peut en parler plus tard ?

D'ordinaire, je disais tout à ma mère. Je lui avais même dit que je ne n'hésiterais pas à lui parler si un garçon me plaisait. Elle n'avait jamais été insistante donc c'était plutôt facile de discuter avec elle et en plus, elle était de bon conseil.

Malgré tout, je n'avais pas particulièrement envie de m'épancher sur ce qu'il se passait entre Cal et moi. Ça me gênait. Je pris donc mes affaires et quittai l'appartement en direction du lycée. Je voulais arriver tôt.

J'arrivai la première parmi mes amis. Les autres élèves me dévisageaient mais je vis à leurs regards amusés qu'ils avaient compris la farce. Alice, Julie et Hannah, plus ponctuelles que les garçons, arrivèrent peu après. Elles froncèrent les sourcils en me voyant avant d'éclater de rire.

— Mais qu'est-ce que tu as foutu ?! s'exclama Alice.

— Tu aimes ma nouvelle tenue ? demandai-je en tournant sur moi-même.

— On dirait que tu es tombée dans une piscine de colorant rose, rigola Hannah.

— Moi je dirais que tu t'es plutôt convertie en fan de boy's band, avança Julie. C'est pour ton pari je suppose ?

Tu paries ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant