Chapitre 1

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Une bonne odeur vint me tirer des bras de Morphée. Cette bonne vieille et familière odeur de brioche grillée. Je serais bien restée encore quelques minutes à profiter de la chaleur de mon matelas, quitte à me rendormir, mais mon ventre gargouilla.

Il ne fallait jamais lutter contre un appétit d'ogre, ô grand jamais.

Je m'étirai et sortis du lit en frissonnant. Une banalité à la mi-août. Heureusement, cela n'allait pas durer et quand le soleil atteindrait son zénith, il cognerait sur notre crâne aussi fort qu'un poing en pleine face. Le quotidien de Dame Nature avait été profondément bouleversé : nous subissions de grosses variations de températures en une seule journée. En attendant, je m'emmitouflai dans un vêtement chaud pour éviter d'attraper froid.

En me dirigeant vers ma porte, je me heurtai à un objet au sol. Mon regard se posa automatiquement sur une forme cubique. Je devais absolument finir de déballer ces fichus cartons que j'avais laissé traîner depuis maintenant deux semaines. J'avais déjà pris quelques repères mais je me sentais encore un peu perdue dans cette grande ville. Cependant, je savais que le nouveau travail de mes parents leur plaisait énormément donc pour rien au monde j'aurais choisi de rentrer. Même si j'y avais pensé plusieurs fois.

Je sortis dans le salon et arrivai dans la cuisine où ma mère découpait des légumes.

— Bonjour, me sourit-elle.

— Bonjour, marmonnai-je vaguement, la bouche encore pâteuse.

J'allai l'embrasser sur la joue puis je m'assis lourdement sur une chaise. Je n'étais pas encore tout à fait réveillée.

— Bien dormi ?

Depuis que nous avions emménagé, le sommeil ne venait pas souvent à moi. La ville était grande, les immeubles très hauts, du coup je me sentais un peu oppressée. C'était assez ironique car tout était spacieux ici, mais j'avais l'impression d'avoir la taille d'un grain de sable.

Malgré tout, je m'habituais tout doucement et cette nuit en était un exemple : je ne m'étais pas réveillée une seule fois.

— Comme un bébé. Tu as fait de la brioche ? demandai-je innocemment.

Ma mère rit dans sa barbe avant de désigner le plan de travail de la cuisine, où se trouvait le Saint Graal. Je découpai deux tranches et retournai m'asseoir. Je tournai la tête pour observer la ville à travers la fenêtre tandis que je mâchonnais. Je pourrais dire que je m'étais habituée depuis deux semaines mais non, la vue me coupait toujours autant le souffle.

Il y a environ deux cents ans, la surpopulation et le manque progressif des ressources naturelles avaient entraîné tous les pays du monde entier dans une décision folle. Il ne s'agissait plus de limiter les dégâts, mais de tout repartir de zéro. En une phrase ? Des milliers de scientifiques s'arrachant les cheveux pour trouver une solution qui satisferait tout le monde. Est-ce que toute la population les avait acclamés, quand enfin, ils s'étaient mis d'accord ? Bien sûr que non. Il avait fallu des mois avant que la colère redescende et que le monde voit l'importance d'un tel changement.

Mon regard balaya la ville et plus précisément ce qui la composait : plusieurs centaines d'immeubles à l'architecture majestueuse et ergonomique. Et les maisons dans tout ça ? La plupart avaient été rasées, principalement dans les grandes villes.

C'était cette fameuse solution qui avait tant déplu aux gens. Après tout, on leur avait annoncé la destruction imminente de tout ce qu'ils chérissaient pour ensuite leur dire qu'ils vivraient les uns au-dessus des autres. Mais ils avaient été très loin de s'attendre à ce résultat...

Tu paries ?Where stories live. Discover now