Chapitre 15

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Il avait dit un seul mot. Mais ce seul mot me mit dans une rage noire. Ce gros débile avait touché à mon petit frère ? Il allait voir ce qu'il allait voir cet enfoiré. Mais qu'est-ce qu'il lui avait fait ? Une vapeur de colère devait me sortir par les oreilles car mon frère soupira.

— Voilà pourquoi je ne voulais rien te dire...

— Qu'est-ce qu'il t'a fait ? le coupai-je.

— Il m'a dit que c'était une sorte de tradition pour tous les nouveaux. Il m'a forcé à me battre contre lui à deux reprises. Bien sûr, j'avais aucune chance contre lui. En plus, il a bien fait attention à ne toucher que des endroits non visibles. Ensuite, il a entendu mon histoire de paris, et m'a dit de lui ramener tout le fric gagné sinon il s'en prendrait à toi...

Je me rappelai alors les regards méprisants de Brian et Amberly. Je comprenais maintenant. Ils jouissaient de me voir dans l'ignorance. Sauf que maintenant je savais. Putain. J'aurais dû tilter beaucoup plus tôt. Comment n'avais-je pu faire aucun lien ? J'avais cru qu'ils s'en prendraient à moi mais jamais à un gamin plus jeune qu'eux. Tout me paraissait tellement évident maintenant et je me sentais comme la dernière des imbéciles. Une chose était sûre en revanche : ils n'allaient pas s'en tirer aussi facilement.

— On ne peut plus les laisser faire...

— Non ! s'écria mon frère, en ouvrant grand les yeux et en m'attrapant fermement. S'il apprend que je te l'ai dit, il s'en prendra à toi aussi !

— Jon ! Non mais tu entends ce que tu dis ? On va aller le balancer au proviseur ! Tu veux qu'il continue ?

— C'est un pervers Ellis ! Ses potes y participent pour s'amuser un peu mais lui il prend un malin plaisir à « bizuter ». Ce n'est pas ce que j'appelle du bizutage... J'ai peur de sa réaction si on le dénonce... Ça va passer Ellis, je te le jure.

— Sans déconner, on se croirait dans un film, lâchai-je en riant nerveusement.

Je réfléchis quelques instants. Si on ne disait rien, mon frère s'en prendrait encore plein la tronche et peut-être moi avec. Si on décidait d'en parler à l'administration, il y avait certes un risque pour que Brian soit encore plus en rogne mais au moins, il serait surveillé et surtout tout le monde serait au courant. Non mais qui avait ce genre de hobby à dix-sept ans ? « Salut, j'adore confectionner des tricots pour les animaux, c'est trop mignon, tu ne trouves pas ? »
« Moi, j'adore martyriser les gens, c'est vraiment trop drôle ah ah ah ! » Ah ah ah. J'avais pris ma décision.

— Je crois que ça vaut le coup malgré tout... Demain, tu en parles aux parents et lundi matin on va dans le bureau du proviseur et tu lui racontes tout. Il convoquera certainement Brian pour lui demander des explications. Peut-être qu'ils appelleront les flics, j'en sais rien mais au moins, tout le monde sera au courant de ce qu'il fait. Et qui sait ? Peut-être a-t-il martyrisé d'autres élèves et qu'ils n'ont jamais osé en parler. Ils pourraient enfin le dénoncer sans avoir peur de le faire seuls...

— Je ne sais pas Ellis, ça me fait flipper...

— Je sais, dis-je en essuyant une larme, la mienne cette fois-ci. Mais moi, je ne veux plus te voir comme ça.

Je le pris dans mes bras. Il me serra fort et le silence retomba, lourd des confidences de mon frère. Puis au bout d'un moment il acquiesça.

— OK. On fait ça.

Je soupirai de soulagement. Je hochai la tête pour lui montrer à quel point c'était la bonne décision. Il afficha un sourire. Il semblait soulagé également.

Tu paries ?Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora