Tu paries ?

Chapitre 19

En fait, ça faisait du bien de le reconnaître. J'ai le béguin pour Cal.

Je le vis parler au proviseur en faisant de grands gestes. Brian ne pipait mot. Soudain, le proviseur releva la tête dans notre direction.

— Jon, viens ici s'il te plaît.

Mon frère me regarda et je hochai la tête. Il s'approcha du trio.

— Nous allons aller discuter dans mon bureau, continua-t-il. Suivez-moi.

Ils partirent tous en direction dudit bureau. Le proviseur avançait devant, Jon à sa gauche et Brian à sa droite. Cal se tenait derrière. Lorsqu'ils arrivèrent à ma hauteur, Brian me lança un regard noir. Mais je m'en fichais. Je cherchais celui de Cal. Il me regardait avec léger sourire, comme fatigué. Une ecchymose avait commencé à bleuir sa mâchoire, là où Brian l'avait frappé. Merci, articulai-je silencieusement. Il haussa les épaules et suivit les autres. Sa soudaine modestie me tua. Plantée dans le couloir, je les suivis du regard jusqu'à ce qu'ils disparaissent de mon champ de vision.

Je me dirigeai vers ma salle de classe comme un automate. Tout le monde parlait de ce qui venait de se produire dans le couloir. George, Alice, Erik et Julie formaient un petit groupe près de ma table. Alice m'aperçut la première.

— Ellis ! Je t'ai vu rester dans le couloir avec ton frère. L'histoire avec Cal le concerne hein ? J'ai fait le lien avec ce que tu nous as raconté.

Je hochai la tête et leur expliquai tout. Le moment où j'avais découvert la vérité vendredi. Celui où je n'avais pas pu le cacher à Cal. La décision que nous avions prise, mon frère et moi, de dénoncer Brian. Pendant que je parlais, je vis le visage d'Erik passer par plusieurs émotions : la surprise, la colère, la compréhension puis de nouveau la colère. Il savait mieux que quiconque ce qu'avait enduré mon frère. Je leur appris également que Brian, Cal et Jon se trouvaient en ce moment dans le bureau du proviseur. Malheureusement, l'arrivée de notre professeur interrompit notre conversation.

A la pause de la matinée, je voulus partir chercher mon frère. Et je devais parler à Cal. Mais mon frère m'avait devancée et m'attendait devant ma salle de classe.

— Jon ! m'écriai-je. J'allais venir te voir justement ! Comment ça s'est passé ?

Il me prit par le bras et nous isola du reste de ma classe.

— Eh bien, on est rentrés dans son bureau et le proviseur a demandé à Cal de poursuivre ses explications. Cal a dit que Brian m'avait fait subir un bizutage beaucoup trop violent et forcé. Il a aussi dit que je n'étais pas le premier, que votre pote Erik avait lui aussi subi ça... Ils ne l'avaient jamais dénoncé à l'époque parce qu'ils ne pensaient pas qu'il recommencerait et comme ils étaient plus jeunes tu vois, ils ne voulaient pas d'emmerdes. Enfin bref, le proviseur s'est ensuite retourné vers moi pour me demander d'appuyer ce que racontait Cal. Brian ne disait rien, maître de lui. Ce connard ! Alors j'ai affirmé. J'ai dit toute la vérité. Je m'en fous de ce qu'il pourra me faire. Le directeur m'a ensuite demandé de sortir et comme je ne savais pas si je devais retourner en cours, j'ai attendu dans le couloir. Cal est sorti du bureau quelques minutes après moi. Il m'a expliqué que Brian et lui étaient tous les deux renvoyés pour la journée pour s'être battus. Brian est resté dans le bureau pendant que le proviseur contactait ses parents.

— OK, dis-je, tentant d'assimiler toutes les informations. OK, c'est bien. Ça ne s'est pas passé comme prévu mais le résultat est le même. Je pense que papa appellera et sera mis au courant.

Je regardai mon frère, lui souris et l'enlaçai. J'espérais que cette histoire serait vite finie.

— On s'attend ce soir pour rentrer n'est-ce pas ? m'assurai-je.