Chapitre 14

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Le soir, je rentrai chez moi en quatrième vitesse pour me changer. Je demandai à mon frère de se préparer également. J'enfilai une robe noire toute simple resserrée à la taille et des sandales argentées plates. Je m'attachai les cheveux en un chignon et me maquillai légèrement. Je ne voulais pas en faire des tonnes. Je pris mon sac à main et ma veste en jean et retournai dans le salon où mon frère débarqua, habillé avec ses vêtements de la journée. Je note une nouvelle fois ton effort, mon frère. Il me fit un petit sourire. Tellement petit qu'un malvoyant ne l'aurait pas aperçu.

— Ça va ? lui demandai-je.

Question bête. Évidemment que ça n'allait pas, mais ce n'était pas ce qu'il me répondit.

— Oui, pourquoi ça n'irait pas ?

Ses yeux se dirigeaient partout sauf vers les miens.

— Tu sais, commençai-je, s'il y a un truc qui te tracasse et que tu ne veux pas en parler aux parents, je suis là hein...

— Pourquoi tu me dis ça ? me demanda-t-il, soudain soupçonneux.

Je poussai un soupir. Plus borné tu meurs.

— Tu n'es clairement pas comme d'habitude.

D'un coup, il se crispa de colère. Aïe.

— Et tu n'as pas pensé une seule seconde que ça pourrait venir de toi ? siffla-t-il.

Sa réponse me retourna l'estomac. Je ne m'attendais pas à ça. Je veux dire, à part insister pour savoir ce qu'il avait... Je restai muette. Qu'est-ce que j'avais pu faire qui puisse le mettre dans cet état ?

— Je vais chez Thomas, on se verra certainement au bar. A plus.

Et il partit sans me demander mon reste. J'étais bouche bée. Comme une idiote de première classe, je ne bougeais pas. Mon père arriva et me sortit de la bulle dans laquelle j'étais enfermée.

— Tu ne sortais pas ce soir ?

Réveille-toi de cette léthargie ma vieille et reprend du poil de la bête.

— Si si, j'y allais justement.

Mon père fronça les sourcils. Il semblait remarquer la non-présence de Jon.

— Et ton frère ?

J'arborai un sourire sans joie pour ne pas le mettre sur la piste du gros problème que Jon voulait cacher.

— Parti chez un ami. On se retrouve au bar.

— Tu gardes un œil sur lui hein ?

Ah ça tu peux me croire papounet ! Je vais le garder à l'œil c'est certain !

— Oui papa, ne t'inquiète pas, le rassurai-je. A demain... ou à tout à l'heure si vous n'êtes pas couchés.

— Bonne soirée !

Je sortis de mon immeuble, enfourchai mon vélo et pédalai en direction de la résidence d'Alice. Le tout comme un véritable zombie. Le visage de mon frère était imprimé sur ma rétine. Jamais je ne l'avais entendu me parler comme ça. Une boule de frustration et de tristesse se coinça dans ma gorge. Je secouai la tête pour la faire disparaître et me concentrai sur la route qui menait chez Alice. Je devais la retrouver là-bas avant d'aller au bar car elle habitait juste à côté. Je tournai un peu en rond avant de trouver son immeuble. Enfin, je reconnus l'enseigne du magasin qu'elle m'avait indiqué pour repérer sa résidence. Lorsque je montais au quinzième étage, ça allait déjà mieux mais j'avais pris une décision en cours de route. Mon frère allait me parler et cette fois-ci, aucune dérobade. Je m'approchai de l'appartement et sonnai à la porte. Alice vint m'ouvrir.

Tu paries ?Where stories live. Discover now