Course contre la montre

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Je finis par saisir le téléphone et composer le numéro.
Simon se racle la gorge.
-Je vais te chercher du thé. Celui qu'ils servent à la cafet' est meilleur que celui proposé dans les chambres.

Les étoiles dansent toujours devant mes yeux quand je compose les premiers chiffres du numéro, je réfléchis quelques secondes et me ravise. Je ferme les yeux quelques secondes. Je ne peux pas l'appeler, non, non, non ! Je rouvre les yeux et me donne du courage pour recommencer à composer le numéro mais c'est lui qui m'appelle, j'hésite même à décrocher.
-A...Allô?
La voix fulminante de Thomas à l'autre bout du fil me donne mal à la tête.
-Qu'est-ce que tu fous? Tu veux te faire repérer ou quoi?! Toute tes protections ont été désactivées! Tu es un gros point rouge sur le GPS des démons et des anges! Lapsis, remet tes boucliers.
C'est d'une voix extrêmement faible que je lui répond que je ne peux pas. Il y a un silence de l'autre côté du téléphone tandis que ma respiration saccadée, elle, ne fait que devenir de plus en plus bruyante.
-Donne moi ta position.
Dit-il d'une voix qui se veut confiante mais qui trahis une certaine inquiétude.
-Putnam, Texas, USA
-Un hôtel miteux je suppose? Enfin bref je te trouverais facilement à partir de ça.

Et il raccroche. Je décide de fermer les yeux, je n'ai pas le temps de m'endormir que j'entends les vieilles bottes de ranger de Thomas se déposer sur le sol de la chambre.
-Tu as fait vite.
Je réussi à dire tant bien que mal.
Thomas a perdu tout le sens condescendant qu'il avait au téléphone, il s'approche de moi, l'air inquiet.
-Qu'est-ce qu'il t'arrive?
-Je sais pas.
Je souffle.
Il s'assied sur le bord de mon lit et me passe la main sur le front.
-Par l'Enfer Lapsis! Tu es brûlante.
-Je perds mes forces..
Il me caresse les cheveux et le visage.
-Je vais prendre soin de toi, ne t'inquiète pas.
Mes yeux se ferme d'eux-même. Je suis réveillée cinq minutes plus tard par un bruit de verre brisé. En bon soldat, je me redresse dans mon lit, mauvaise idée; la tête cogne et j'ai le cœur au bord des lèvres. Je vois Simon sur le pas de la porte, il venait de lâcher le plateau avec la théière.
-Qu'est-ce que vous faites ici?
Crie-t-il à Thomas.
-Je suis venue la voir.
Répond calmement l'intéressé.
Simon se tourne vers moi.
-C'était ton lieutenant que tu devais appeler pas ce voyou de démon!
J'ouvre la bouche pour parler, mais Thomas est plus rapide que moi.
-C'est ce qu'elle a fait. Je suis son patron.
Simon nous regarde à tour de rôle avec des yeux ronds, Thomas décide pour en rajouter une couche.
-Et j'ai couché avec elle, en effet.
Simon ne sait que dire et ça me met mal à l'aise. Il finit par lâcher.
-Elle a tué un innocent à cause de vous !
-Simon !
Le ton que j'ai employé me paru plus désespéré que sûr et dur...
-Recouche toi.
Me fait Thomas en me posant une main sur l'épaule.
Tout mon corps me dit de l'écouter tandis que mon cerveau ne veut pas. J'articule quelques
-Non, non, non. Avant d'abandonner le combat.

Dans la tête de Thomas

Je soupire un bon coup voyant la grimace sur le visage de Lapsis se radoucir quelques peu. Maintenant je peux focaliser toute mon attention sur l'humain. Je le toise. Bordel, mais qu'est-ce que Lapsis avait pu lui trouver ? Il décide de briser le silence.
-Qu'est-ce qu'elle a ?
Dit-il méfiant en s'approchant.
-Elle s'affaiblit.
Dis-je en passant une main sur le front de l'ange.
-Pourquoi ?
Demanda-t-il.
-Passer trop de temps sur terre nous affaiblis, nous, les créatures du ciel et des Enfers. Surtout ceux qui entre en contact avec des humains.
Je ne peux m'empêcher de cracher cette dernière phrase. Il est piqué au vif.
-Ah ouais? Donc si elle est comme ça c'est de la faute? Bien que j'ai observé qu'elle perdait petit à petit ses pouvoirs, elle n'a jamais été aussi faible que depuis qu'elle est rentrée de chez vous.
Ma main droite se crispe tandis que la gauche, dans les cheveux de Lapsis, continue son lissage.
J'inspire, j'expire.
-Alors selon vous, c'est de ma faute ? Dis-je calmement.
-Non.
Me répond-t-il un soupir dans la voix.
-C'est notre faute à tout les deux. Nous l'avons conduite à ça tout les deux.
Il a raison et je le sais, mais je ne veux pas avouer avoir fait du mal à Lapsis, même sans m'en rendre compte.
-Je vais l'emmener à un spécialiste pour arranger les choses.
Dis-je pour détourner le sujet.
-Mais, j'ai besoin d'elle pour aller au Paradis. On avait un accord!
S'énerve-t-il.
Je rétorque.
-Vous avez besoin d'un ange et non d'un cadavre d'ange. Il faut que je la fasse examiner. C'est mon devoir de la protéger.
L'humain grommelle.
-Jusqu'à présent elle a beaucoup risqué sa vie sans que vous ne fassiez rien.
Mon sang ne fait qu un tour, je lui hurle dessus.
-Je l'ai gardé en sécurité pendant plus de 10 000 ans avant qu'elle ne décide de se lancer auprès d'une cause perdue sur terre.
-Vous lui avez donné le droit.
Rétorque-t-il, imperturbable.
Je me contrôle pour éviter de le tuer instantanément.
-Je l'emmène voir un spécialiste. C'est non négociable. Je la ramènerai pour le reste de votre marché après.

Lapsis, ange de l'enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant