"La confiance n'exclut pas le contrôle." Lénine

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Avan avait compris qu'elle n'était pas de bonne humeur avant même qu'elle ne se retourne et qu'elle ne lui réponde. Toute la journée, il avait hésité entre la rejoindre ou lui laisser de l'espace. Il savait à quel point Kléa n'aimait pas la compagnie et à quel point elle appréciait se débrouiller seule. Mais il avait vu le matin même qu'elle était blessée... Il ignorait pourquoi et ça le mettait hors de lui. Il avait tenté de tirer les vers du nez de Cameron mais le lycanthrope était tellement bouleversé qu'il n'avait pas décroché un peu et s'était enfuit presque tout de suite après Kléa. Il détestait savoir son humaine triste. Il ne savait pas ce qu'il s'était passé entre eux deux mais elle avait vraiment eu l'air secouée. Il la connaissait depuis peu, c'est vrai,mais il ne l'avait jamais vu comme ça. Elle qui se foutait toujours de tout et bien visiblement, elle ne se foutait pas de Cameron. La fureur l'enveloppait dès qu'il pensait à Cameron et à sa voleuse. Parce que peut-être qu'ils avaient été ensemble... Et imaginer cela le mettait hors de lui. Il chassa ses sombres pensées de son esprit et reporta son attention sur Kléa, qui s'éloignait de lui. Il la suivit, comme il l'avait suivit depuis le début de sa nuit.

- Mais c'est qu'elle mordrait ! s'exclama-t-il.

Kléa ne répondit rien et il en fut surpris. Elle avait choisit de l'ignorer. Très bien, il pouvait faire avec. Il ne comprenait pas pourquoi elle réagissait ainsi. Il n'avait rien fait pour attiser sa colère et pourtant, elle paraissait ne pas vouloir de sa présence. Peut-être qu'elle était juste énervée et qu'il ne devait pas le prendre pour lui ? Ou peut-être avait-il fait quelque chose qui l'avait contrarié sans s'en apercevoir ? Comme Kléa se murait toujours dans le silence, il se planta devant elle et lui barra le chemin.

- Qu'est-ce que tu as ?

- Rien qui ne te regarde. Barre-toi de mon chemin.

- Je vais le faire. Dès que tu m'auras dit ce qui ne va pas.

Avan sentit qu'il poussait la jeune femme un peu trop loin. Il savait qu'elle n'était pas du genre à se confier ou à faire confiance et il l'énervait plus qu'il ne la calmait en agissant ainsi. Elle croisa les bras et plongea son regard dans le sien.

- Très bien. J'ai toute la nuit devant moi.

Avan n'avait pas l'impression qu'elle était en colère. Elle était juste de mauvaise humeur. Au lieu de l'envoyer balader, elle se contentait de se résigner. Son manque de réaction prouvait que la carapace qu'elle avait reconstruite autour d'elle était bien plus impressionnante que la précédente. La manière dont elle contrôlait ses émotions était incroyable. Elle parvenait à se convaincre qu'elle ne ressentait rien, mais c'était faux, elle était juste dans le déni. Avan le voyait parce que lui-même avait fait cela pendant plusieurs années lorsqu'il était jeune vampire, et ça ne lui avait amené rien de bon. Kléa ne devait pas faire de même. Elle devait ressentir, vivre, plutôt que de rester une coquille éternellement vide et morte.

- Ça me fait penser... En parlant de nuit... Je te rappelle que je dispose de toi comme j'en ai envie dès qu'il fait nuit, dit Avan. Or, si je me fie à l'obscurité autour de nous, je crois bien qu'il fait nuit...

Kléa le foudroya du regard, mais ne tenta pas de s'en aller. Il ignorait encore beaucoup de choses sur elle. Avec ce qu'il venait de dire, il tentait quelque chose. Il voulait savoir si elle était le genre de femme qui respectait ses engagements, aussi fous soient-ils, ou si, au contraire, elle était le genre de femme qui parlait sans réfléchir et n'assumait pas après.

- Tu perds du temps à me rappeler ce stupide accord au lieu de le mettre en œuvre, lança-t-elle.

Bien. Elle tenait ses engagements. C'était appréciable. Il ne put s'empêcher de sourire face au caractère peu facile de sa voleuse. Sa joie fut de courte durée puisqu'elle enchaîna :

Vol de nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant