"Dès qu'on approche un être humain, on touche à l'inconnu." Estaunié

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Kléa se foutait complètement de cette montre. Qu'est-ce qu'elle pourrait bien en faire ? Rien. Elle s'amusait simplement avec cet homme qui était à la fois un inconnu et n'en était plus tellement un. Elle prenait un malin plaisir à le martyriser, et chose étonnante, il tombait dans le panneau à chaque fois. C'est pourquoi elle recommençait. En le défiant comme elle venait de le faire, elle pensait qu'il se montrerait lâche et ne s'approcherait pas d'elle. Son message était assez sous-entendu, il fallait l'avouer. Il ne s'agissait pas seulement de venir récupérer l'objet, mais de venir récupérer l'objet en le cherchant sur elle. Après, il comprenait ce qu'il voulait comprendre. En tout cas, elle fut surprise qu'il ne se dégonfle pas.

Il se planta devant elle avec détermination et sans prévenir, glissa ses mains sur le haut des cuisses de Kléa, juste au niveau de ses poches de jean. Il les tâta rapidement, pour vérifier que rien ne s'y trouvait. Kléa le laissa faire. Elle était partagée entre stupéfaction, amusement et perplexité. Était-elle réellement en train de laisser un inconnu promener ses mains partout sur elle, à la recherche d'une montre perdue ? Il faut croire que oui. L'homme passa ses mains sur les poches arrières de son jean, ce qui les plaçaient juste au niveau de ses fesses.

- Hé ! protesta faiblement la jolie brune.

- Tu m'as dis de chercher, je réponds à tes exigences, répondit-il en esquissant un léger sourire.

Kléa leva les yeux au ciel tandis qu'il retirait ses mains des poches arrières. Cette étrange situation ne la dérangeait pas. Au contraire, elle parvenait à trouver de l'amusement dans cette petite mise en scène. Elle était anormale, mais ça, elle le savait depuis toujours. Elle ignorait tout, absolument tout de cet homme, et pourtant elle agissait avec lui de manière totalement naturelle, comme si elle le connaissait depuis des lustres et avait une confiance aveugle en lui. Ce n'était bien sûr pas le cas, mais tout de même, elle lui permettait des choses qu'une personne saine d'esprit n'aurait pas permises. Ayant déjà cherché dans toutes ses poches, Kléa ne voyait pas d'endroit dans lequel il pouvait chercher. Pourtant, il aventurait déjà ses mains sur le haut de son chemisier et déboutonnait lentement le premier bouton. La jeune femme releva ses yeux verts sur le visage de l'homme.

- Ça va je te dérange pas trop ? Tu penses que j'ai caché ta précieuse montre dans un troisième sein en plastique ?

À la grande surprise de Kléa, l'homme éclata de rire. C'était une première. Il était jusqu'à maintenant si froid, fermé, et se voulant effrayant, qu'elle avait fini par se demander s'il savait sourire ou rire. Visiblement oui et tant mieux parce que son sourire s'avérait être ravageur. Il plongea son regard dans le sien, et elle soutint ce regard, pas le moins du monde intimidée.

- Peut-être. Je ne me suis pas assez méfié de toi la première fois, je préfère prendre mes précautions maintenant, dit-il calmement.

Il continua de déboutonner très lentement plusieurs boutons de son chemisier, et elle continua de le laisser faire. Aucun des deux n'avaient rompu le contact visuel. Ils ne remarquaient pas les passants autour d'eux qui les dévisageaient les yeux ronds. Arrivé à mi-chemin du vêtement, il cessa de la dévêtir. Son soutien-gorge en dentelle blanche était tout juste assez visible pour voir que rien n'était caché ici. Il avait fait attention de ne pas la toucher à un seul instant, si bien que la seule chose que Kléa avait pu sentir était l'effleurement du tissu de son chemisier sur sa peau. Cela rendait la situation moins intime. Qu'il la touche aurait peut-être été un peu trop pernicieux.

Vol de nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant