" Qui se nourrit d'attente risque de mourir de faim. "

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Plusieurs jours avaient passé depuis qu'Avan avait dérobé le pendentif à la petite voleuse. Il ne comprenait pas pourquoi elle n'était pas venue le réclamer. Pourtant, il était convaincu que ce collier avait de l'importance pour elle. Il l'avait décelé dans son regard lorsqu'il lui avait pris. Il ne pouvait pas s'être trompé, alors pourquoi ne venait-elle pas ? Il se trouvait dans une attente constante, à l'affût de sa présence, de son odeur, de son visage. C'était pitoyable. Il oscillait entre énervement et impatience, incompréhension et curiosité. Il gardait constamment le pendentif sur lui, dans sa poche. Cela lui donnait l'impression de transporter une petite partie de cette femme avec lui, comme si elle ne le quittait jamais. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il devenait fou, il ne voyait pas d'autres explications. Il se dégoûtait, se donnait envie de se mettre des claques. Bien sûr, il aurait pu partir à sa recherche mais il ne comptait pas la laisser gagner. Car ça ne pouvait être qu'un jeu tordu auquel l'humaine se livrait pour le torturer et Avan attendrait qu'elle vienne d'elle-même récupérer ce qui lui appartenait. Il n'irait pas lui rendre. Il n'écouterait pas cette petite voix au fond de son esprit, qui lui murmurait incessamment d'aller la rejoindre. Parce qu'elle n'avait aucune importance. La seule chose qu'elle était à ses yeux, était une distraction. Ou encore de la nourriture mais rien de plus.

Seulement, cette nouvelle distraction devenait pour lui une obsession. Il s'ennuyait comme jamais il n'en avait eu l'occasion dans sa vie, et elle était apparue pour le divertir, durant un court moment. Il voulait ressentir cela à nouveau. Plus qu'un souhait, il s'agissait d'un désir, d'un besoin. Il ne comprenait pas comment lui, Avan, avait pu en arriver à ce stade. Jamais il ne s'était laissé dominer par ses pulsions... Enfin si, mais plutôt pour frapper, mordre ou tuer, pas ce genre de pulsions. Il ignorait comment les définir d'ailleurs.

Assis sur son fauteuil, devant la cheminée dans laquelle perduraient quelques braises chaudes, et plongé dans l'obscurité, Avan sortit le collier de sa poche. Il le fit glisser entre ses doigts. Il effleura du bout de son index la fine chaîne en argent sur toute sa longueur avant d'arriver au pendentif en lui-même. Plusieurs petits morceaux d'argent délicats s'entrelaçaient pour former une fleur, qui ressemblait fortement à un camélia. Le bijou était d'une simplicité révoltante et pourtant, il dégageait une élégance et une délicatesse propres à cette jeune femme. Il ignorait tout de l'histoire de cet objet. En le regardant, il comprenait cependant qu'il avait une immense valeur sentimentale pour elle. La question fatidique, permanente, revint s'engouffrer dans son esprit : pourquoi diable ne venait-elle pas le reprendre ?

Il rangea rageusement le bijou dans sa poche et quitta sa maison. Il avait besoin d'occuper son esprit, de le tenir loin de cette sorcière qui l'avait envoûté. L'air frais gifla son visage avec force alors qu'il courrait aussi vite qu'il le pouvait. Les questions sans réponse se dissipèrent. Avan avait toujours eu un faible pour la vitesse. Il aimait tout ce qui engendrait la vitesse. Courir lui offrait la possibilité de se vider la tête, de se détendre. La seule chose qu'il avait à faire était de se concentrer sur ce qui l'entourait. Il n'avait pas besoin de penser pour cela. Juste d'être attentif. Un écureuil innocent passa devant lui. D'un violent coup de pied, Avan lui offrit un aller simple pour le paradis des rongeurs. Certes ce pauvre écureuil n'avait rien demandé à personne, mais il n'avait qu'à pas se trouver sur son chemin. Heureusement qu'aucun humain ne se trouvait dans les parages. Des humains... Un peu de distraction ne peut pas me faire de mal, pensa le vampire, un sourire carnassier étirant ses lèvres.

Vol de nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant