Vol de nuit

" La nuit, l'ennui nuit." Frisoni

La soirée était très avancée, il devait être dans les alentours de minuit, peut-être plus. La lune se faisait si menue que l'obscurité l'emportait majoritairement sur la petite ville endormie. Apparemment, le maire de la ville ne connaissait pas la notion de lampadaires puisqu'il n'y en avait pratiquement pas. Cela dit, Kléa n'allait pas s'en plaindre. Le manque de présence de Mr.le maire lui permettait de se fondre dans l'obscurité et de passer totalement inaperçue. Évidemment, sa tenue composée uniquement de la couleur de la nuit noire, assortie à ses cheveux de la même teinte l'aidait un peu. On était au début de l'été, et les températures clémentes lui avaient permis de se vêtir uniquement d'un slim et d'un débardeur. Elle était ainsi libre de tous mouvements et c'était plutôt utile pour ce qu'elle s'apprêtait à faire. La jeune femme se fondait dans les ombres avec une agilité remarquable. Être agile avait toujours fait partit des atouts de Kléa, depuis qu'elle était enfant.

Kléa se figea brusquement. Elle venait de trouver ce qu'elle cherchait. Une fenêtre entrouverte. Une opportunité. Car le passe temps de cette demoiselle était le cambriolage. Enfin, il s'agissait là d'un bien grand mot pour ce qu'elle faisait en réalité. La réalité était qu'elle s'introduisait simplement dans une maison pour voler un objet, n'importe lequel. S'il n'avait aucune valeur pécuniaire et une immense valeur sentimentale, alors c'était encore mieux. Elle pratiquait cette activité dans le seul but de s'amuser, de se divertir. Ça la faisait extrêmement rire, même lorsqu'elle se faisait prendre. Le fait d'être plus agile que la moyenne lui permettait de se faufiler de partout, mais pas d'accomplir des miracles. Et pourtant, se faire prendre et se faire embarquer au poste ne la dérangeait pas plus que cela. Il faut dire qu'avoir de beaux yeux verts emplis de malice et un sourire rayonnant l'aidait pas mal. La petite brunette était connue par les services de police de la ville, mais puisqu'elle rendait les objets volés lorsqu'on le lui obligeait, ils finissaient toujours par la relâcher avec un « avertissement ». Si les autorités savaient qui elle était, en ville, elle se faisait assez discrète et personne ne se doutait qu'elle pratiquait des activités légèrement non légales. Quelques personnes remarquaient que des objets manquaient chez eux mais ils n'appelaient que rarement la police vu que les objets en question ne possédaient aucune valeur.

Kléa se dirigea vers la fenêtre ouverte sans se soucier de ce qui l'entourait. Elle savait qu'il n'y avait personne dehors à cette heure-ci et puis de toute façon, elle s'en foutait pas mal. Quand on souffrait du goût du risque, quand on vivait d'adrénaline, peu importait les dangers. Elle se faufila dans la maison en un clin d'œil. Une fois à l'intérieur, elle se demanda vaguement si quelqu'un se trouvait également dans la maison. N'ayant aucun sens ultra-développés, elle l'ignorait et décida que ça n'avait pas d'importance. S'il y avait quelqu'un, elle le découvrirait bien assez vite. Elle ne savait absolument pas qui vivait ici mais elle commença à se balader dans la maison comme s'il s'agissait de la sienne. Le fait d'être dans le noir ne facilitait pas forcément les choses mais elle se voyait mal allumer la lumière. Il ne fallait tout de même pas pousser. Kléa s'éloigna de plus en plus de la fenêtre. Elle s'apprêtait à entrer dans une autre pièce lorsqu'elle entendit un bruit derrière elle. Elle se retourna en sursautant et fixa la fenêtre. Malgré l'obscurité elle put voir que la fenêtre était fermée alors qu'elle l'avait laissé ouverte exprès. Cependant, ce n'était pas ça le plus inquiétant. Devant la fenêtre close, elle distinguait ce qui semblait être une forme humaine.