- Dis plutôt que tu ne voulais pas subir les pleurs incessants de Gara' !

Il sourit faiblement avant de confirmer. Je suivis leur petite conversation comme si j'en étais la spectatrice.

- Autant qu'on y est, pourquoi t'es viré ? Y avait peut-être un moyen de te racheter ?

- Non, aucun. J'ai enfreins le règlement en fumant un joint dans les chiottes lors de la soirée d'intégration. Puis, bien sûr, l'alarme incendie avait sonnée... Et puis vu que j'étais complètement pété, Alba et moi avions couchés ensemble...

Je vis le malaise s'installer dans le regard d'Alba avant de les regarder à tour de rôle. Répugnant ! Mais surtout, étonnant ! Je ne m'attendais pas à ce qu'Alba ait une partie de jambes en l'air avec le Tyler Scott. D'ailleurs, c'était certainement dû à cela que sa réputation s'était un peu dégradée en un laps de temps.

- Au moins, t'avais une femme avec des cheveux ! Gloussa-t-elle avant de frapper de nouveau dans l'épaule de Tyler qui contracta sa mâchoire.

Cette phrase ne passait absolument pas, mais ça devait certainement être l'effet de l'alcool qui la rendait dans cet état et c'était certainement pour cette raison que Tyler ne lui disait rien.

- Et alors ? L'apparence physique a largement moins d'importance que le cœur ! Rappelle-toi, tu étais la première à le dire !

Celle-ci arrêta de glousser comme une dinde aussitôt que ces propos furent prononcés. Je me rendis compte quelques instants après de la gaffe que j'avais commise. Je serrai les dents en baissant la tête.

- Attendez, je ne comprends plus rien : vous vous connaissez, oui ou non ?

Je relevai légèrement la tête sans apercevoir leur figure. Mes yeux furent intrigués par le blouson qu'Alba portait sur le dos. C'était le même blouson que Tyler avait il y a quelques jours ! La veste que j'avais offerte à Alba lors de ses quinze ans .

- Alors, vous m'expliquez ce bordel ?!

Je regardai vite fait Alba qui m'adressait un regard noir puis mes yeux se posèrent sur l'air inquiet de Tyler face à notre silence.

- Autant qu'on te dise la vérité... On...

- On fréquentait la même école !

Je fus assez surprise en découvrant qu'Alba n'assumait pas la relation qu'on avait entretenue ensemble pendant pas loin de deux bonnes années. Celles qui figuraient dans les meilleurs moments de ma petite vie... Je ne voyais absolument pas ce qui l'effrayait. Avait-elle quelque chose à se reprocher ? En avait-elle honte ? Alba n'était plus la Alba de seize ans folle amoureuse de sa petite amie Thaïs. Non, c'était cette Alba de dix-neuf ans qui avait peur de dévoiler son passé et qui voulait à tout prix l'effacer.

Je m'étais promise d'échanger un de mes "secrets" les plus douloureux parce qu'il l'avait fait en premier. Mais avec Alba et la peur de son passé me rendaient la tâche impossible.

Je balançai la tête verticalement afin d'éviter les conflits. Soudainement, j'entendis le bruit sourd d'un moteur de voiture se rapprocher du parking. Le conducteur avait baissé la vitre de l'automobile, laissant s'échapper une petite musique de rock.

- Allez Thaïs, met ta valise dans le coffre et grimpe à bord de mon bébé, faut aller récupérer mon père qui doit se geler les fesses.

Je souris immédiatement en reconnaissant la voix énergétique et encourageante de mon cousin de vingt ans : Steeve. Je sortis un bref "ok" assez haut avant de descendre de ma valise et de l'attraper pour la transporter jusqu'à l'arrière du véhicule. Une fois celle-ci de ranger avec la petite aide de Tyler, je m'approchai de ce dernier pour le serrer contre moi en versant quelques larmes de tristesse. J'avais fait du n'importe quoi en le jetant comme si c'était un vulgaire déchet et voilà que maintenant j'étais en train de chialer dans ses bras.

- Eh, t'inquiète pas... On pourra toujours s'envoyer des mails de temps en temps... Enfin, si tu acceptes de me reparler et me pardonner.

Je me décollai de lui avant de rire doucement.

- Bien sûr que je te pardonne, grand fou !, je me tournai en direction d'Alba qui était toujours plantée sur le trottoir les mains enfoncées dans les poches de sa veste en se balançant d'une jambe sur l'autre, et toi, prend soin de lui en attendant son départ.

Je l'avais pratiquement dit sur le ton de l'agressivité, mais je ne voulais pas qu'elle se doutait que j'allais lui faire de cadeaux. Je serrai une dernière fois mon ami avant de monter dans la voiture sous les grognements impatients de Steeve accompagnés de sa petite raillerie auprès de mon déguisement d'indienne.

Même si on pouvait toujours se contacter par mails, je savais très bien que sans sa présence tout allait changer, désormais. Oui, tout allait définitivement changer.

Aimer une seconde foisWhere stories live. Discover now