Prologue

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Les animaux que j'admirais le plus étaient les oiseaux car ils étaient libres comme l'air, ils n'étaient pas obligés d'avoir les pieds sur terre et ils ne connaissaient pas les frontières. J'avais souvent désiré devenir comme eux...

   Lorsque j'avais tendance à sombrer dans l'ennui en cours, je relevais l'une des manches de mon pull pour y inscrire un rapace à l'encre bleue tout droit sortie de mon stylo. Énormément d'individus me questionnaient face à ce petit motif qui recouvrait la surface de mon poignet. Et quand je leur donnais une explication, soit ils me dévisageaient soit ils me prenaient pour cette vulgaire fille descendant tout droit d'une autre planète. En fait, seuls mon bon entourage ne me considéraient pas telle quelle.

    Cela faisait depuis le début de la semaine que je tentais de m'appliquer sur un projet concernant mon orientation scolaire, mais en vain... Les idées avaient du mal à parcourir mon esprit.

Ma mère m'interpela depuis le vestibule reliant plusieurs pièces de la maison, en parti ma chambre. Je laissai échapper un grognement d'agacement avant de refermer mon calepin d'un mouvement brutal pour rejoindre cet appel. J'espérais pour ma génitrice que ce dérangement était valable sinon j'allais de nouveau revenir sur le point de départ. Une fois que la concentration disparaissait, c'était toute une autre histoire pour la faire resurgir. Lorsque j'entrai dans l'antichambre, mon moment de dépit se transformera en instant de bonheur. Je ne m'y attendais pas du tout et pour faire part de ma joie à mon invité, je lui souris de toutes mes dents, l'entraînant ainsi dans ma chambre.

- Mais tu es folle de débarquer chez moi à l'improviste, ma parole !

Je fermai la porte derrière nous avant de m'étaler sur le matelas. Elle se joignit à moi en posant son postérieur d'une manière beaucoup plus délicate que la mienne. Ceci ne lui ressemblait pas, elle avait l'air... Tracassée ?

- Tu n'as pas l'air d'en être ravie... ?

Je me redressai pour la regarder d'une profonde incompréhension et lui assurais que j'étais belle et bien heureuse de sa venue imprévue. Ma façon de la saluer ne l'avait pas convaincue, apparemment. Elle me fixa à son tour et je me perdis dans son regard brun. Mes yeux faisaient des allers-retours entre les siens et sa fine bouche tandis que je me pinçais de désir charnel. Plus je me concentrais sur les détails de son visage, plus je m'en rapprochais à tel point que nos lèvres finirent par se sceller. A travers ce baiser rempli de passion, je crus l'entendre ronronner un mot d'amour, provoquant une sourire de mon côté. Je ne voulais plus la lâcher, cependant notre souffle en décida autrement.

- Thaïs, il faut que je te parle...

Alors que je m'apprêtais à reprendre là où nous nous étions arrêtées, ces quelques mots me laissèrent inerte, voire carrément stupéfaite. Mon mauvais pressentiment semblait s'être éveillé dès que je découvris sa vision briller de larmes menaçant de couler à tout instant.

- Je... Comment dire... Je t'aime Thaïs, mais..., une perle d'eau salée roula le long de sa joue. Un peu sceptique, je me contentai de l'essuyer. Mais je pense qu'on ne peut plus continuer...

Sa voix céda au moment où mes mains délaissèrent ses pommettes. J'étais sous le choc en entendant ces derniers termes. Pourquoi ? Pourquoi me faisait-elle cela ? En me voyant comme paralysée sous cette révélation dure, elle décida de poursuivre son récit.

- Je suis terriblement désolée, tu ne peux pas savoir à quel point... Mes parents ont décidé de déménager à Manhattan pour une histoire de mutation...

Tandis que j'étais encore dans mes pensées égarées, me forçant pour ne pas éclater en sanglots, cette dernière se leva pour me rejoindre. Je n'avais même pas fait attention que j'avais atterri à l'autre bout de la pièce. Elle enroula ses bras autour de ma silhouette, la respiration saccadée. En me rendant compte de ce qu'elle faisait, je la repoussai, une vague de haine se réveillant.

- Sur un coup de tête ? Pourquoi dis-tu que tu m'aimes si tout cela doit cesser ?! Pourquoi cette simple histoire de déménagement briserait notre couple ?!

Je ne voulais et pouvais pas y croire. Cette explication m'avait anéantie, même carrément tuée. Elle partait comme ça, tel un criminel ne voulant pas assumer son homicide. Ma voix me lâcha à son tour. Je supposais que ce discours rimait à du pipot sinon rien de cela ne se serait produit. Ça semblait dramatique, mais mensonger. Je la connaissais plus qu'elle ne pouvait le croire.

- Tu tiens réellement à le savoir ?

- Oui !

Mes yeux cherchèrent à comprendre la situation. J'étais déçue, mais je l'aimais toujours et ça me fendait le cœur que cet amour allait s'éteindre au bout d'un an de relation.

- Parce que mon père a tout découvert ! Il a fouillé dans mes affaires et en a retiré une photo. Il m'a fait jurer de te plaquer avant de quitter la ville !

En l'entendant m'avouer ça, c'était comme si elle reprenait une grosse bouffée d'oxygène après avoir nagé une longue lignée à la nage. Je positionnai ma main contre ma bouche, tellement que cette annonce était violente. Je ne voulais pas exploser devant elle, ça serait beaucoup trop simple et je ne voulais pas devenir cette cible qu'on visait tel un jeu d'enfant.

- Tire-toi.

Les larmes commencèrent par me monter aux yeux alors je baissai la tête en direction de mes pieds. Mon corps tout entier était secoué par rapport à cette terrible nouvelle.

- Thaïs...

- Non, Alba. Par pitié, n'essaie même pas de profiter de la situation : tire-toi avec ton connard de père ! Oublie-moi...

Ma voix s'affaissa, pourtant elle obéit à ma demande en refermant la porte derrière elle. Je ne comprenais plus rien. Vraiment que dalle. On ne peut plus continuer... Cette phrase tournait en boucle dans mon crâne, néanmoins j'avais tout de même réussi à me relever pour le dîner en ayant bien méditer et revisiter les photos que j'avais prises avec Alba se trouvant dans mon téléphone portable. Une fois, ma mère m'avait mise en garde sur le fait que dans la vie il y avait toujours des épreuves. Celle-ci faisait parti des douloureuses, certes. Cependant, il y avait toujours une solution pour la surmonter. J'espérais seulement que cette souffrance se retournerait contre Alba.

Aimer une seconde foisOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz