102 - Imbroglio

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La fête foraine marqua un tournant dans leur relation. Quand ils étaient séparés, non seulement Tamara et François continuèrent à s'envoyer des SMS, mais ils s'appelaient pour se raconter leur journée ou échanger des plaisanteries. Ils se tenaient par la main quand ils étaient ensemble et échangeaient aussi de chastes baisers pour se dire bonjour ou au revoir.

Ils abordèrent également des sujets de conversation qu'ils avaient jusque là soigneusement évités. Ce fut François qui donna le coup d'envoi en demandant un jour à brûle-pourpoint :

— Quand on était ensemble, tu n'as jamais pensé à arrêter tes cambriolages ?

— Si bien entendu ! assura Tamara.

Il eut l'air surpris par sa réponse :

— Alors, pourquoi tu ne l'as pas fait ? questionna-t-il.

Au ton de sa voix, elle sentit que c'était une question très importante, qu'il avait dû se poser de nombreuse fois. Elle tenta d'exposer sa confusion de l'époque de la manière la plus claire possible.

— Avant de te rencontrer, récupérer la collection de mon père était ce qui comptait le plus pour moi. Pour le venger bien sûr, mais aussi pour donner une leçon à la société qui aurait dû nous protéger et nous écouter quand nous avons dénoncé le crime. Je n'avais pas fait d'études, j'avais des petits boulots sans intérêt, je n'avais personne dans ma vie à part ma sœur qui était obsédée par la disparition de mon père. Pendant deux ans, j'ai construit ma vie autour de ça et seulement ça. Quand tu es arrivé, cela m'a ouvert d'autres horizons, mais je n'en ai pas tiré les conséquences.

— Mais comment comptais-tu sortir de cet imbroglio ? Tu n'avais pas peur de te trahir ?

— Je ne comptait pas continuer éternellement. J'espérais avoir réuni suffisamment de pièces de la collection pour contenter Cosima avant que ton enquête aboutisse. Je me disais que tu pourrais demander à changer de ville, et je que pourrais laisser tout ça derrière moi. Je sais, répondit-elle à son geste de dénégation, je sais c'était totalement irréaliste. Rien ne pouvait réellement contenter ma sœur et je ne pouvais pas te mentir éternellement sans que tu t'en rendes compte. Mais que voulais-tu que je fasses ? Que je laisse tomber ma sœur qui était ma seule famille ? Que je me range et que je continue à te mentir pour que tu ne te doutes jamais de rien ? J'étais coincée, alors, pour tenir le coups, je me racontais des bobards.

— Tu aurais pu ne pas sortir avec moi, remarqua François.

— Tu crois que j'ai fait exprès de me retrouver dans cette situation ? protesta Tamara Je t'ai approché pour avoir des renseignements sur ton enquête, et je me suis retrouvée dingue de toi avant d'avoir compris ce qui m'arrivait !

Peine incompressibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant