9 - Portrait

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Julien rejoignit sa mère au salon. Elle lui tournait le dos, regardant au-dehors par la fenêtre.

— Maman ?

Elle tressaillit et pivota doucement vers lui. Une grande tendresse se lisait sur son visage et il réalisa la manière dont il l'avait interpellée. Il s'étonna de la facilité avec laquelle il avait utilisé ce terme pour la première fois de sa vie. Il n'aurait pu l'appeler autrement. Bien qu'elle soit pour lui une inconnue, le mot s'imposait comme une évidence.

— Tu peux rester un peu ? s'inquiéta-t-elle.

— Il vient me chercher.

Elle détourna la tête quelques instants avant de revenir à lui avec un sourire.

— Cela nous laisse au moins deux heures. Profitons-en.

Elle prit place sur le canapé, et lui désigna le coussin à côté d'elle, où il s'empressa de s'asseoir. Elle commença immédiatement.

— Pour que tu comprennes, il faut que je te parle de ton grand-père. C'était un peintre, assez connu et aussi un amateur d'art. Il avait une magnifique collection. J'ai grandi dans une sorte de musée.

Julien hocha la tête, pour montrer qu'il suivait.

— Il s'appelait Hans Olsommer. Tu en as déjà entendu parler ?

— Oui, on a étudié un de ses tableaux en arts plastiques l'année dernière.

— Lequel ?

— Un avec une femme qui porte un béret rouge.

Elle se leva et alla à la bibliothèque. Elle revint avec un livre d'art, dont le titre était le nom de son grand-père. Elle le feuilleta avant de le poser devant lui.

— Celui-là ?

— Oui.

— Je vois que tu as déjà fait connaissance avec ta grand-mère, sourit-elle.

Le regard émerveillé qu'il lui envoya la remplit de joie.

— Si j'avais su, commenta-t-il, j'aurais mieux écouté ce qu'en disait la prof.

Il réalisa ce qu'il venait d'avouer et prit un air contrit qui fit rire sa mère.

Elle reprit vite son sérieux et continua :

— Ma mère est morte quand j'avais dix ans. C'est ma grande sœur Cosima, qui a trois ans de plus que moi, qui a pris sa place. Elle m'a prise en charge, préparait les repas, s'occupait de la maison. Mon père était très affectueux avec nous, mais c'était un artiste qui vivait un peu dans un autre monde. Je suppose que j'ai eu une enfance assez spéciale.

Elle eut un regard nostalgique vers le livre de peinture et poursuivit tristement :

— Tout s'est écroulé en une nuit.


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Allez, courage, on arrive presque à la révélation.

Est-ce que ce rythme de lecture vous convient ? Je pourrais éventuellement doubler les chapitres pour avoir deux points de vue qui se répondent. Qu'en pensez-vous ?

Merci à vous qui me suivez !

Peine incompressibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant