Épisode 4 - Prologue

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Hot Creek, Idaho.

Le pick-up, un Dodge Ram de 1995, se gare sur le parking de l'unique dinner de Hot Creek. La petite ville est d'une construction classique : une route principale le traverse, bordée par tous les centres d'intérêt de la ville : station-service, drugstore, bar-hôtel, église baptiste, bureau du sheriff, lycée et le traditionnel dinner.

John Hunter sort sa boîte de pastilles à la menthe de la poche extérieure de sa veste de costume et en prend une. Il est seul dans le véhicule.

— Oui, dit-il à l'attention de personne en particulier, nous sommes arrivés.

Il attend quelques instants, la tête tournée vers le siège passager, avant de reprendre :

— Je ne suis pas d'accord, Alex : je pense que cette ville est charmante, bien qu'un peu à l'écart. Et je te rappelle que nous n'avons pas choisi la destination en fonction de nos goûts pour les vacances. Allons-y, je ne veux rien entendre de plus.

Il sort du véhicule. Blanc, de petite stature, les cheveux courts, il doit bien avoir quarante ans. Il porte, sous un épais manteau noir, un costume marron et une cravate fantaisie violette.

Il jette un coup d'œil aux alentours : plusieurs autres véhicules sont garés sur le petit parking, dont une voiture de garde-forestier, ce qui ne le surprend pas étant donné que la ville est au beau milieu de la forêt. L'animation est au plus bas, mais John doute qu'il se passe grand-chose ici de manière générale. Peut-être quand il y a une parade ou un quelconque festival, comme c'est souvent le cas dans les endroits isolés, avec un fort esprit de communauté.

Alors qu'il se dirige vers l'entrée du dinner, son regard s'arrête sur une affiche de personne disparue, scotchée à un poteau téléphonique. Claire, une jeune femme de 18 ans, portée disparue il y a quelques semaines.

— Tu as raison, je ne pense pas qu'elle soit encore vivante.

Il entre dans le restaurant, une petite clochette signalant sa présence. Le dinner est classique : une dizaine de tables, encadrées par des banquettes en faux cuir, ainsi que des tabourets de comptoir.

Il enlève son manteau, qu'il accroche au porte-manteau, à côté de la porte. Quatre hommes sont assis à une table, vers le fond, près des toilettes. Deux jeunes hommes occupent une table près de la fenêtre, tandis qu'un couple d'âge moyen déjeune un peu plus loin.

— Ce n'est pas encore ici que nous passerons discrètement... commente-t-il.

En effet, tous se sont retournés quand il est rentré, ce qui lui rappelle certains westerns de sa jeunesse. Il faut dire qu'on vient difficilement à Hot Creek par accident. La ville est excentrée et aucune grande route ne passe à proximité.

Il en faut plus pour décourager John, qui va s'asseoir au comptoir. La serveuse, une jeune fille qui doit à peine sortir du lycée, hésite un instant, avant de lui donner la carte. Le carton est abimé.

Il parcourt la liste des plats classiques d'un dinner, avant de demander à Jodie, si l'on en croit la petite plaque qu'elle porte sur son uniforme noir et rose pâle :

— Excusez-moi, qu'est-ce que vous avez comme plat végétarien ?

— Végétarien ?

Elle réfléchit un instant, sincèrement surprise par la demande qui ne doit pas souvent lui être fait.

— Je ne sais pas, Monsieur. On a peut-être du poisson.

— Oh, non merci, je considère également les poissons comme des animaux. Pour tout dire, je ne consomme rien qui ait pour source la souffrance animale. Ce n'est pas une question de religion ou de croyance, mais bien de valeur personnelle. Je suis aujourd'hui incapable de manger de la viande. Ne le prenez en aucun cas contre votre établissement et votre menu. Je suis vraiment désolé si cela pose problème.

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