Chapitre 20

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Pendant toute la semaine, Alex m'emmène courir chaque matin. Je reprends des forces petit à petit, mais je ne me sens pas pour autant de mieux en mieux. Autour de moi je n'entends plus aucun rire et je ne vois plus de joie dans les regards. La vie est morose ici, et les gens restent à l'écart les uns des autres. Des petits groupes distincts se forment, plus personne ne se mélange, quant à moi, tout le monde semble préférer se tenir à l'écart.

À la cantine, les discussions me paraissent bien animées pour un samedi midi. Je remarque rapidement dans les rangs une nouvelle. Elle doit avoir environ 15 ans, blonde, petite et fine avec des grands yeux verts ravis et un sourire radieux. Tout un groupe est attroupé autour d'elle lui posant mille et une questions. Je l'entends leur répondre d'une voix douce leur disant que sa mère l'a envoyée ici dès qu'elle a eu ses pouvoirs.
Certains autour d'elle essaient de l'impressionner en utilisant leurs pouvoirs, mais elle leur dit qu'elle connaît l'existence des dons des éléments depuis qu'elle est petite.

Alex, lorsqu'il s'assoit en face de moi, me fait sursauter. Il mange rapidement à grande bouchée. En moins de 5 minutes il a déjà fini son assiette.

- Dans deux semaines, tu feras partie du conseil restreint, me dit-il avant de s'éclipser.

Je regarde autour de moi pour voir s'il pouvait s'adresser à quelqu'un d'autre, mais non c'est bien à moi qu'il parlait. Cette nouvelle me surprend. Pourquoi moi, alors que je n'ai rien demandé?
Juditte vient s'assoir à côté de moi et m'annonce que demain matin je dois faire l'inventaire du matériel d'entrainement de l'académie.

- Je veux bien le faire, mais tous les matins je vais courir avec Alex.

- Je sais, me répond-elle, mais il y a changement de programme. Alex doit s'occuper de la nouvelle en priorité, son emploi du temps va être très chargé.

Juditte se lève et je me retrouve à nouveau seule.

Quand je rentre dans ma chambre, la nouvelle sort de la sienne et m'interpelle.

- Hey, salut! Je m'appelle Gilly mais on m'appelle par mon nom de famille, Fergus.

- Salut, moi c'est Louise.

- Je viens d'Irlande, mais ma mère est française. Elle a le don de la terre, mais elle a décidé de vivre une vie tranquille. J'ai une grande sœur qui n'a pas de don alors elle est quelque peu déçue mais elle avait d'autre projet pour le futur alors ce n'est pas plus mal.

Son long monologue m'agace. Je ne saurais pas dire pourquoi mais cette fille m'énerve alors que je ne lui ai encore jamais parlé.

- On ne se connait pas, mais les autres m'ont raconté ce qu'il t'ait arrivé avec Lanthane. J'imagine qu'il doit être détestable et que ça devait être dur, me dit-elle compatissant.

- Non, tu ne peux pas imaginer, personne ne peut imaginer ce que j'ai vécu tant qu'il ne l'a pas vécu aussi. Lanthane n'est pas détestable, il est haïssable, c'est un monstre. Et ce que j'ai traversé n'était pas dur, c'était affreux, c'était atroce, c'était un cauchemar éveillé.

Puis je rentre dans ma chambre et je claque la porte.
Quelle première impression j'ai dû lui faire. Je me suis un peu trop emportée.

***


Pendant quelques jours, Alex me donne des programmes d'entrainement que je dois réaliser seule, et parfois il m'invite à m'entrainer avec la nouvelle lorsqu'il s'agit d'exercices physiques et non pas techniques. Sinon, le reste du temps, je le passe à faire mes corvées de vaisselles ou de linges, à rester allongée sur mon lit ou à contempler les vagues à l'horizon.

Louise MayetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant