Chapitre 1 - Premiers pas

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Un bruissement de feuilles me tire de mes réflexions et un petit lapin sort soudainement d'un bosquet. Je souris lorsque ses oreilles remuent en m'apercevant. Cette boule de poil est vraiment trop mignonne... Quand je pense que les humains en mange!

-Coucou, toi, je murmure à l'intention du petit animal.

Son nez frémit et il fit un petit bond vers moi. Voilà que je me mets à parler à un rongeur... Le lapin se relève et déguerpit quelques secondes plus tard. Je fronce les sourcils devant tant d'injustice de sa part.

-Que fait une si belle jeune femme dans une clairière, seule?

Je me remets rapidement sur mes deux pieds, sur la défensive. L'inconnu éclate de rire devant ma réaction. J'aperçois des crocs et son visage angélique me paraît soudain comme un lointain souvenir.

-Ça va, je ne te veux aucun mal, humaine. J'ai déjà mangé. Je voulais juste savoir ce que tu faisais là. Oh, je suis désolé de t'avoir prise par surprise...

Je recule, toujours méfiante du vampire. Il hausse les épaules et se passe une main dans ses cheveux aussi blonds que les blés des champs situés derrière lui.

-Je suis Mickaël, vampire du clan de la Lune, situé pas loin d'ici. Si t'as besoin de quoi que ce soit, fais y un tour, on te recevra comme une invitée d'honneur, dit-il simplement en dévoilant ses longues dents pointues qui me fichent la trouille. Tu participes à la rentrée de demain non ? Ton parfum me dit que t'es nouvelle.

J'acquiesce silencieusement de la tête, incapable de parler à cette homme qui semble tout droit sorti des histoires d'horreurs pour enfants. Mon parfum ? Beurk...

Et pourtant, dès le lendemain, je ne verrais que des gens comme lui.

Il soupire, s'apercevant finalement qu'il n'entendrait pas le son de ma voix. Il se contente de me faire un rapide signe de la main et se retourne pour se faufiler tel un serpent dans les feuillages. Je le perds rapidement de vue et attends que le monde se taise pour pouvoir me rallonger. Mon cœur bat la chamade, cela fait un mois que personne ne m'a abordée et j'avais été incapable de prononcer le moindre mot. Je ne suis pas timide, j'aurais pu lui mettre mon poing dans son joli minois si je m'étais sentie en danger mais, j'ai craint sa réaction. Les vampires ne me semblent pas terrifiant mais juste un peu bornés, séducteurs et légèrement morbides.

Les loups-garous, selon Taylor, étaient bien plus vifs et féroces que ces copies humaines. J'ai tellement hâte d'en apprendre plus sur l'univers qui m'entoure pour pouvoir le protéger et le chérir comme les 7 autres mages qui, comme moi, sont dans l'obligation d'accomplir ces mêmes devoirs. Je suis tellement contente à l'idée de les rencontrer que je me perds dans le fil de mes pensées, absorbée par l'énergie positive qui m'envahit. Je veux apprendre, découvrir et partager mon savoir, c'est mon premier objectif.

C'est dans cette sérénité que je m'endors une nouvelle fois, envahie par les odeurs du bois et les chants des oiseaux, sans penser au lendemain.

*

-Biiiiiiip !!

Mes yeux s'ouvrent dans un seul mouvement et je me relève comme une furie, prête à casser cet horrible appareil. Lorsque je balance le radio-réveil contre le mur, le bruit cesse dans un fracas infernal et je retrouve de nouveau le calme de mon appartement avec un soupir de soulagement. Je suis seule mais j'aime n'entendre que le bruit de mes pas, être dans mes pensées sans avoir à être dérangée par quelqu'un. Je m'allonge sur mon lit douillet et pose mes bras derrière ma tête pour la soutenir. J'inspire profondément et laisse mes larmes couler pour Taylor une derrière fois. Malgré le fait que j'apprécie la solitude, son rire, son calme et sa patience me manquent cruellement. J'adore quand il chantonnait le matin en faisant le café ou encore quand il rigolait sur l'état de mon visage au réveil. J'essuie mes pleurs, je ne serais pas triste pour lui car son souvenir est trop beau pour être gâché, et me remets debout aussi sec, prête à affronter la journée qui s'annonce. Je trottine dans le salon et me prépare mon petit déjeuner, bol de céréales, café et biscottes comprises, avant d'allumer les informations, installée sur mon petit tabouret tournant près du bar. Des guerres, des morts dans les différents clans, des conflits humains-vampires..., voilà ce qu'est devenue la Terre.

Je soupire en entendant la journaliste énumérer la dizaine de loups-garous et de suceurs de sang qui se sont encore une fois entre-tués et décide d'éteindre pour de bon cette tirade à rendre malade. Je termine la vaisselle et rentre dans la salle de bain pour me doucher. Après avoir passé une dizaine de minutes sous le jet d'eau, je m'habille. J'enfile une chemise et un jean skinny avant de me brosser les dents, de me maquiller légèrement et de me coiffer en un coup de brosse. Après m'avoir regardée dans le miroir et estimé que j'étais enfin prête pour sortir, je cours en direction de la porte d'entrée, tout en vérifiant que je suis à l'heure. Ouf, mon bus n'arrive que dans dix minutes... Je mets mes chaussures, passe une écharpe autour de mon cou par précaution, et referme la porte à clef en sortant de chez moi.

Je dévale les marches quatre à quatre, pressée de retrouver l'air pur et le climat tiède de cette fin d'été. Je salue le gardien du quartier et traverse la rue pour atteindre l'arrêt de bus le plus proche. Pour l'instant, ma rentrée au lycée me semble encore lointaine et j'en suis ravie car je compte profiter de ces derniers moments de paix.

Sur le trottoir, je me crois comme dans un rêve en découvrant toute cette activité autour de moi : un homme court en respirant bruyamment dû à l'effort fourni, une dame parle fort au téléphone et un couple s'embrasse à l'entrée d'un bâtiment. Je me sens comme une humaine sous ecstasy.

Mes pouvoirs semblent s'être envolés pendant une brève seconde ainsi que mon destin pré-déterminé. Je sens le vent souffler dans mes cheveux alors que j'observe les oiseaux voler haut dans le ciel. L'odeur nauséabonde de la ville et les cris plaintifs d'un petit garçon me ramènent soudain à la réalité, m'extirpant de ce second monde qui m'est familier et étranger à la fois. J'ai toujours voulu observer la ville de cette façon, comme une jeune femme qui vit tranquillement sa dernière année de lycéenne.

Je suis comme toutes les autres filles, je suis normale...

Je pousse un cri de joie, sans me méfier des regards des gens dans la rue. Moi, une mage, vient de vivre ses premiers instants en temps que lycéenne en pleine rentrée. Un premier pas sur notre libération a enfin été posé.

Un sourire rayonnant plaqué sur mon visage, je me laisse bercer par Girls Wanna Have Fun de Cindy Lauper en attendant le bus.

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10/03/16

La division du MondeWhere stories live. Discover now