Torn - l.t [Terminé]

Part 7 : révélation

Harry ouvre la boîte en carton de la pizza et m'invite à prendre une part. Par politesse, j'en prend une. Mais mon estomac est trop noué pour que je puisse manger normalement.

- Il faut que tu saches que nos pères étaient en cours ensemble, au lycée, commence-t-il. C'était les meilleurs amis du monde, ils se connaissaient depuis l'époque des bacs à sable. Ils se considéraient comme deux frères. Ils ont grandi ensemble, fait leurs cours ensemble. Et quand ton père est sorti avec ta mère, à l'université, mon père a été très jaloux. Pierce passait plus de temps avec sa copine qu'avec son meilleur ami, son frère, et mon père l'a très mal vécu. Alors il a enchaîné les filles, il en changeait chaque semaine, chaque jour, dans l'espoir de se faire remarqué par ton père. Et un jour, Pierce et mon père se sont disputés à cause de ce comportement. Et ils ne se sont plus adressé la parole. Jusqu'à il y a sept ans, quand ils se sont croisés pendant des vacances. Et c'est à ce moment-là qu'ils ont eu le courage de se parler et de s'exprimer chacun ce qu'ils ressentaient.

Il marque une pause, et je sens son regard sur moi, tandis que je fixe une canette.

- Voilà pour leur histoire.

Il attrape un part de pizza et la dévore en quelques secondes.

- Tu peux manger aussi tu sais, me dit-il gentiment.

J'ai toujours la même part dans la main, et l'entame donc pendant que Harry continue son récit.

- Mon père est architecte d'intérieur.

Ah, c'est donc pour ça que la décoration est aussi belle !

- Et ma mère était infirmière dans une école primaire. On vivait très bien avant son départ. Elle est partie juste après le divorce, sans un au-revoir. On est rentré de l'école le soir, il n'y avait plus ses affaires, plus aucune photo d'elle, plus rien. Comme si elle n'avait jamais existée.

Le ton de sa voix a changé. Je relève les yeux, et je peux voir son visage crispé.

- Ça a été dur. Faire sa vie, dans les mêmes lieux, avoir les mêmes habitudes, mais avec une personne essentielle en moins, sans sa mère.

Il s'arrête, et me regarde droit dans les yeux, et son regard est dur :

- Donc je sais ce que tu ressens. Mais considère-toi chanceuse de pouvoir changer d'environnement pour recommencer ta vie.

Je frissonne. C'est la première fois que je le vois comme ça. Son visage est froid, sans expression.
Et je sens mon coeur se fendre en mille morceaux.

Je commençais juste à placer un peu de confiance en lui, et elle vient de se briser d'un seul coup.

Je baisse les yeux, la douleur dans ma poitrine augmentant au fil des secondes. Jusqu'à ce que j'entende dans un souffle :

- Excuse-moi...

Je relève la tête, et son visage exprime une toute autre expression : de la douleur.

- Je n'aurais pas du te parler comme ça, c'est encore tout récent pour toi, alors que moi, ça fait sept ans.

Il se redresse et prend une grande inspiration.

- C'est juste que j'aurais voulu aussi avoir cette chance de tout recommencer. Et toi tu l'as. Alors profites-en.

Il termine sa phrase avec un sourire. J'essaie de le lui rendre, mais mon coeur à fait les montagnes russes, et je ne sais pas s'il supporte bien le choc.