Partie 41

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19:03. 

- ... 

- J'ai fini... 

Elle souffle un coup tout en baissant son visage vers ses mains. Elle m'a raconté une partie de l'histoire mais pas ce que je voulais réellement savoir. Je doute encore de ce qu'elle vient de me dire. Qui me dit que ce n'est pas elle qui les a tué et qui souhaite faire passer ça sur le dos d'une femme maintenant morte et enterrée et sur le dos de la tante de Qassim. Je souhaite des preuves. Des preuves qui peuvent me montrer qu'elle raconte la vérité et qu'elle ne me ment pas ! Je continue de la fixer toujours avec haine. Elle relève doucement son visage comme si elle avait honte et peur à la fois. Nos regards s'entremêlent encore une fois mais cette fois-ci, elle ne me lâche pas et sans aucune honte, comme si elle avait confiance en elle et pouvait tout assumer, elle respire assez fort en faisant un petit mouvement de la bouche un peu 'hautain' que certaines femmes du Maghreb font lorsqu'elles se croient plus fortes que les autres. Elle est très mal placée pour se prendre pour une reine . 

- C'est tout ? 

- C'est tout ! 

Ma haine s'accentue au fond de moi. Son air hautain et assumé commence à m'énerver mais je dois rester calme et zen pour ne créer aucun problème. 

- Après ? 

- Après ? 

- Après cette phrase ? 

Elle tourne son visage vers la droite et reste fixer le sol. Elle réfléchie. Je commence à me dire qu'elle réfléchie un peu trop. Quand nous sommes déterminés à faire quelque chose nous n'avons pas honte et nous disons tout d'un coup sans nous arrêter ou bien faire de pauses. Là, elle fait tout le contraire alors que sois disant elle assume tout. Une histoire un peu floue et bizarre à mon goût. Venir 20 ans après chez moi pour me dire des choses comme celles-ci c'est vraiment bizarre. Elle tourne sa tête enfin vers moi au bout de 5 minutes de réflexion. Enfin elle s'est décidée. Elle croise ses doigts et pose ses deux mains entremêlés sur son genou gauche. 

- Tu connais la suite ! 

- Je veux les détails ! 

- Comment ça ? 

- Je veux tout savoir ! Tout de A à Z ! Je suis dans mon droit de tout savoir à ce que je sache ! 

Elle continue de me regarder. Elle arrête très vite son petit jeu de femme hautaine et redevient normale. Elle reste assise mais cette fois-ci, enlève son manteau en me regardant comme pour me demander la permission. Je la regarde et hoche la tête. Elle l'enlève d'un coup mais garde son foulard qu'elle a sur la tête. Elle relève ses yeux vers moi et cette fois, des larmes apparaissent dans ses yeux. 

- 1 semaine après cette phrase il était 3:27 du matin. Je m'en rappèlerai toute ma vie de cette heure ci ! Elle m'avait appelé et m'avait demandé de venir immédiatement chez elle. Je ne comprenais pas et essayais d'avoir des informations par téléphone mais impossible. J'ai donc pris mes chaussures et mis un manteau le plus rapidement possible par dessus ma gandoura (robe pyjama arabe). J'ai marché d'une vitesse où quand j'étais arrivée devant chez elle, j'en étais essoufflée. J'ai sonné et c'est la femme morte qui m'a ouvert la porte. D'un regard interrogateur j'essayais de lui demander qu'est-ce qu'il se passait mais elle me demandait d'entrer en premier car elle même ne savait pas ce qui était entrain de se passer. Nous sommes parties au salon et j'ai trouvé Zeineb debout les bras ouverts et le sourire aux lèvres me criant haut et fort 'hbibaaaaaaa dyeliiiiiiiiiiiii (ma chérie)'. Je trouvais ça bizarre venant de sa part mais je n'avais rien dit et je l'ai prise dans mes bras moi aussi. Nous nous sommes installées et toute excitée elle nous avait dit le plan étape par étape. 

- Quel était le plan ? 

- Yasmine... Je ne suis pas ici pou... 

- Quel était le plan ! 

Elle baisse la tête et ne la relève plus. Au bout de 2 minutes elle fixe le mur d'en face et sans s'arrêter elle me raconte la manière dont mes parents ont été tués. 

- 3 jours après il était 23:47. À ce moment là c'était votre baptême à Younes et toi. Plusieurs femmes du quartier étaient chez vous et les hommes étaient chez ton oncle, le mari de ta tante aujourd'hui mort. Dans tout le quartier nous entendions la musique et pleins de petits montaient et descendaient sans s'arrêter. Qassim avait 6 ans je m'en rappelle encore comme si c'était hier. Il était si mignon et jouait avec les autres petits. J'étais partie avec la femme morte chez vous où les femmes étaient. Nous nous étions rassemblées et nous avions rigolé mais je pense que tu t'en doutes, ce n'était qu'un rire noir venant de ma part... Vers minuit, je ressentais quelque chose au niveau de mon cœur et la femme morte aussi ressentait la même chose. Nous nous sommes regardées et nous avons demandé l'heure. Ta mère tout sourire nous a répondu 'minuit mais partez pas restez svp'. Nous avions souri mais nous savions que Zeineb avait déjà commencé la torture. Le but était que ton père qui était chez les hommes, descende et suive une adresse donnée sur son téléphone. 

- Le numéro vous l'aviez eu d'où ? 

- Un jour avant le baptême, j'avais fouillé dans le téléphone de ta mère en lui faisant croire je ne voulais appeler quelqu'un alors que pas du tout ! 

- ... 

- Ton père était parti et à minuit et demi un message de Zeineb venait d'arriver dans mon téléphone. Elle nous expliquait en un seul mot 'attaché' que le plan avait fonctionné. Tu vas te demander pourquoi 'attaché' ? Tout simplement parce qu'elle l'avait attaché à une chaise avec plusieurs cordes. À ce moment là nous devions partir lui ramener un couteau caché dans sa voiture. Nous avons dit au revoir aux femmes puis nous sommes parties chez Zeineb en lui ramenant le couteau. Nous regardions la scène. Au début nous avions mal au cœur mais au fur et à mesure, plus les phrases de Zeineb résonnaient dans le hangar et plus nous aimions ce qui se passait devant nous que Dieu nous pardonne ! Elle lui disait que maintenant c'était à lui de souffrir avec sa femme, que ça y est c'était fini l'époque où c'était toujours les deux qui avaient toujours tout et que nous les autres de la cité nous devions juste regarder la scène sans jamais rien dire. Elle se vengeait. Ton père la suppliait d'arrêter et surtout de ne pas toucher à vous. La vidéo que je t'ai envoyée c'est ce qui a été filmé parce que nous avions filmé la scène. Vers 2 heures du matin, après 2 heures et demi de torture pour ton père, Zeineb prit le couteau et de 5 coups de couteau plantés au niveau du cœur, elle tua ton père... 

- Et ma mère ? 

- La même mort sauf que c'était chez vous et 3 jours après la mort de ton père. Après l'avoir attachée nous lui avions parlé de comment nous avions tué ton père et qu'il y en avait marre que ce soit toujours eux qui gagnent partout et après... Nous l'avons tuée aussi de la même manière que ton père mais en la frappant... Avant ! 

Le Demandeur et La CourageuseWhere stories live. Discover now