Première approche

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PDV Clarke

Mon premier jour c'était très bien passé à l'exception du moment où Lexa m'a jeté un regard glacial. Puis ensuite, une semaine complète s'est écoulée. Rien de particulier n'était survenu. Danielle pleurnichait comme toujours le soir en pansant à son ex-copain, Estelle mangeait deux portions de plus que tout le monde à l'heure du souper, ma mère et George s'aimaient plus que tout, et Lexa menait tout le monde sans rien faire. Depuis quelques jours, j'avais remarqué la distance qu'elle entretenait avec les autres, ses journées d'absences qui devenaient de plus en plus fréquentes, et des certaines fois où je la retrouvais perdue dans ses pensées. Cathou et moi étions devenues plus proche qu'avec quiconque. Nous avions même déjà dormi l'une chez l'autre. Mon plan tenait toujours.

J'allais l'approcher, mais quand? Je ne savais pas. Cette fille était un vrai fantôme. Soit elle était là, ou soit qu'elle n'était pas là.

Cette journée là, elle était présente et ne parlait pas vraiment. Je me suis approchée, et deux mecs en passant devant elle lui lancèrent:

- Pute!

- Va te faire foutre connasse!

Elle n'avait pas réagi. Elle avait gardé la tête basse et se contentait d'écouter, enfin, si elle écoutait. Elle méritait tout ce que les autres lui disaient. Je lui ai jeté un dernier coup d'œil et je suis partie à mon cours. À mon grand désespoir, elle était dans ma classe. Je devais la supporter toute la journée, excepté en troisième période. On était pas dans la même classe d'anglais. En entrant dans la classe de monde contemporain, je la vis au fond de la classe à regarder son téléphone portable. Personne ne s'était assis à côté d'elle. C'était ma chance! Je me suis dirigée vers elle.

- Cette chaise est prise? demandais-je.

Elle secoua la tête négativement et replongea son regard sur son cellulaire. 

Je pris place et sortis mes cahiers et mon cartable de mon sac. Lexa fut sortie de sa bulle quand le prof commença en criant dans la classe.

- Bon matin à tous! Je suis particulièrement heureux aujourd'hui. Donc, j'ai décidé que pour votre travail de recherche, vous pourriez vous mettre en équipe de deux.

Tout le monde lançait des regards à leurs amis. J'ai vite constaté que je n'avais aucun coéquipier. Je me suis tournée vers Lexa qui regardait les autres se mettre en équipe.

- Ça te dit que l'on se mette ensemble pour le projet? lui demandais-je en prenant un faux air gêné.

Elle me sourit sincèrement et hocha la tête. 

Je lui souris et sortis mon ordinateur portable et l'ouvris pour démarrer les recherches.

- Ça te dis de prendre la Révolution française? me dit-elle. ( Je sais que l'on voit la Révolution française en deuxième secondaire et non en cinquième, mais j'avais pas trop d'idée pour leur projet.)

- Oui pourquoi pas.

Nous nous mîmes au travail rapidement. Contrairement à ce que je croyais, elle avait de bonnes démarches de travail, et ne perdait pas de temps. 

- Éclipse de deux jours -

J'étais chez Cathou et on jouait à la Wii U. On s'amusait pas mal ensemble. Quand on nous réunissait, on devenait incontrôlables. J'avais eu l'idée de parler de mon plan à Cathou et elle était heureuse que je prenne la défense de tous ceux qui avaient soufferts. Elle m'avait même aidé à le planifier. 

Lexa et moi avions terminé le travail de monde contemporain et nous étions restées en contacte. Elle avait appris à m'apprécier et m'apprécier en tant qu'amie. Pour ma part, je ne la considérais en rien comme une amie. Mais pour le bien de mon plan, je n'ai pas laissé mes sentiments paraître. 

J'étais assise dans le divan de cuir de la chambre de Cathou. Elle était assise à ma droite et nous écoutions un film en riant comme des connes. Son père est débarqué dans sa chambre pour nous demander de nous taire le temps que ses deux petits frères se réveillent de leur sieste.

PDV Lexa

 J'étais revenue de chez les Grays chez qui j'avais effectué du gardiennage. Ma mère n'était pas revenue du travail, et Wess non plus. ( Wess est le nouveau copain de sa mère). Mon père était parti en mission tout juste quelques jours après sa démission. Il ne restait plus que moi et mes frères. Lincoln est le plus vieux de la famille. Il avait 19 ans et Yohan en avait 13. Lincoln était parti de la maison dès qu'il a eu 18 ans. Yohan était présent, mais n'interagissait pas vraiment avec les autres. Dès qu'il le pouvait, il partait chez ses amis. Personne de ma famille n'était heureux. Nous restions car nous y étions obligés. Si nous pouvions partir quand nous voulions, nous l'aurions tous déjà fait. Cette ambiance qui régnait à la maison persistait depuis la mort des jumeaux, il y a presque neuf ans. Ma mère les avait laissé à peine une minute sans surveillance, et ça avait été suffisant pour que je puisse essayer de leur donner le biberon. Ils s'étaient étouffés dans leur propre lait. Depuis, ma mère ne m'apprécie plus. Au fond de moi je sais qu'elle ne m'a pas pardonnée. Mon père l'a fait, c'est avec lui dont j'ai été le plus proche. Mais dans ce temps là, j'étais qu'une gamine. Je ne savais pas que ce que je faisais était mal. Je pensais bien faire. Toute ma famille m'avait pardonnée, mes frères, mon père, mes tantes, mes oncles, mes grand-parents, mes cousins cousines, mais pas ma mère. Elle me tient toujours pour responsable. Je me suis créé une carapace que personne ne peut percer. Je me donnais des airs de dure à cuire, mais au fond, j'étais plus faible que ceux que je harcelais. Plus le temps passait, plus on me détestait, plus on me détestait, plus je me refermait, et plus je me refermait, plus les portes qui s'offraient à moi claquaient et se verrouillaient .

Mais depuis l'arrivée de Clarke, j'avais l'impression que j'avais trouvé la personne parfaite. J'avais l'impression que nous nous rapprochions de plus en plus et qu'elle pourrait devenir une véritable amie à qui j'aurais pu tout dire. Elle devenait comme une lumière de plus en plus forte pour m'aider à trouver mon chemin dans le noir total. J'avais donc décidé de l'inviter à un petit barbecue familial auquel je ne voulais pas participer seule. 

J'avais composé son numéro et je pouvais entendre la sonnerie. D'un coup celle-ci cessa laissant place à la voix de Clarke.

- Lexa? dit-elle en premier.

- Salut Clarke, je voulais savoir si tu voulais m'accompagner à un barbecue demain soir? Je sais que ça fait pas vraiment longtemps qu'on s'est rencontrées mais je ne pourrai jamais le vivre seule et...

- Oui okay. dit-elle en me coupant.

- Oui?

- Oui ça me ferait plaisir.

- D'acc, alors on se voit demain soir. dis-je d'un air joyeux.

Je raccrochai et entrai dans la salle de bain du sous-sol. Je sortis d'un des nombreux tiroirs une lame de rasoir. Je fis couler l'eau dans le lavabo et me fis une entaille sur mon avant-bras, puis une deuxième, puis une troisième. ça me faisait mal, serte, mais je n'y prêtai plus attention quand je remettais ma vie entière en perspective.

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