Face Cachée

Chapitre 3

Alors que nous nous installons, la prof commence à faire son discours de chaque rentrée. Elle nous parle surtout du BAC à la fin de l'année. Comme si on n'était pas au courant et déjà hyper stressés! Cette prof je l'ai déjà eue en seconde et je l'apprécie bien, contrairement à Manu qui lui la déteste, je n'ai jamais compris pourquoi.

- Bonjour tout le monde. Je suis Madame Perbère. Cerbère pensais-je, comme aime bien l'appeler Manu. Je suis votre prof principale et votre prof d'SVT pour cette année...

Bon je vais vous passer son petit monologue ennuyant à point.
Sauf un passage qui m'a réveillé:

- Alors, dans 2 mois, vous aurez un exposé scientifique à passer devant un de mes collègues. Vous serez en binôme avec votre voisin de paillasse. Soyez sérieux car cela aura un gros coefficient sur votre moyenne trimestrielle.

Je regarde à côté de moi pour savoir ce que pense mon voisin. Leo me regarde avec un sourire. Bon bah ça va, il a l'air content que l'on soit ensemble! De tout façon il aurait été obligé, donc le problème aurait vite été réglé.

La prof reprend la parole:
- Nous allons passer à l'appel, je vous dirais votre prénom, nom, sexe, date de naissance, et si vous êtes internes, demi-pensionnaire ou externes. S'il y a un problème dites le moi tout de suite, d'accord?

Les noms défilent et j'arrive à en retenir la moitié.

- Emanuel Fanzi, masculin, 03/12/98, demi-pensionnaire.

- C'est exactement cela madame! s'exclame le concerné avec beaucoup d'exagération: il commence déjà à faire le pitre. Dans le regard de la prof on imagine facilement ses pensées: encore lui.

- Au moins cette année vous n'êtes pas avec votre frère.

- Oui mais je suis avec mon cousin, proclame-t-il en se tournant vers Leo.

Elle a complètement snobé sa remarque et continue son appel.

- Leonardo Fanzi, masculin, 01/09/97, demi-pensionnaire.

- Oui, répond-il tout simplement.

Et enfin, arrive mon tour:

- Malya Robin, féminin, 22/05/98, demi-pensionnaire. J'acquiesce lorsqu'elle a fini.

Maintenant je n'écoute plus que d'une oreille ce que dit madame Perbère. Je me tourne vers mon voisin et l'observe discrètement. J'ai plusieurs questions qui me viennent.

- Oui ?

Merde je me suis fait repérer, mission annulée, je répète, mission annulée.

- Euh... Oui... euh... Je voulais savoir, tu habites où alors? Ça fait longtemps que tu es arrivé en France?

Il me regarde avec un sourire. Et je me rends compte que ce que je viens de faire ne se fait pas du tout.

- Désolé, je ne veux pas paraître dérangeante, dis-je avec le rouge qui me monte aux joues.

- Ça ne me dérange en rien, ne t'inquiète pas, chuchote-t-il pour ne pas se faire prendre par la prof. Je suis arrivé il y a environ 1 mois, et je loge chez les gars.

C'est sûrement pour cela que je ne l'avais pas encore rencontré.

- Chez Manu et Diego ?

Au même moment, Manu se retourne et nous fait un clin d'œil. S'il a entendu depuis sa place, ça veut dire que la prof peut facilement nous entendre aussi. Finalement, je me tais jusqu'à la fin de la matinée.

Le midi, on s'est retrouvés tous les 5, direction le self.
Pendant que l'on mangeait, avec Ines on expliqué à Leo le plan du lycée. Quel bâtiment correspond à quelle matière. Vu que l'on est en S on sera beaucoup dans le bâtiment n°1, celui des sciences.
Heureusement que l'on s'en est occupé, car sinon avec les explications des jumeaux il se serait même perdu pour aller au secrétariat, qui se situe proche de l'entrée nord.
Après cela on a parlé des profs que l'on allait supporter tout le long de l'année, et des soirées que l'on a faites ensemble durant l'été. On rigolait bien, j'étais heureuse mais quelque chose me perturbait. Quand j'ai tourné la tête, je suis tombée sur des yeux bleu-gris qui me regardaient. J'avais l'impression qu'ils me transperçaient, jusqu'à vouloir voir mon âme. J'ai eu du mal à quitter ses yeux du regard. Quand enfin on s'est décidés à partir du self, on a débarrassé nos plateaux sur le tapis roulant menant à la plonge. Une fois sortis, on s'est dirigés vers un banc situé au soleil.

La journée se termine, je me dirige vers le parking des bus, je mets mes écouteurs quand je vois que le mien n'est toujours pas arrivé. D'un coup, je sens une main sur mon épaule, je sursaute, regarde derrière moi et enlève mes écouteurs. C'est simplement Leo.

- Désolé, je ne voulais pas te faire peur, me dit-il, gêné. Je voulais juste te dire que je suis content que l'on soit ensemble pour le travail d'svt.

Je lui souris et lui réponds que moi aussi. Il me salue et va rejoindre la voiture du père des jumeaux, qui sont déjà à l'intérieur. Je crois même qu'il sont en train de se battre pour je ne sais quoi encore. Je vois leur père qui désespère, lorsqu'il me voit il me fait un signe de main pour me saluer de loin.
Mon bus arrive enfin. Ce qui est bien c'est qu'il n'est jamais rempli donc je m'installe seule. J'écoute ma musique et regarde le paysage défiler devant mes yeux, mais une autre image apparait. Celle de Leo.

Quand enfin j'arrive chez moi, j'ouvre ma porte et quelque chose me saute dessus ...