Barbecue.

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                     Les jours suivants dégagent la sérénité, la paix et l’amour qui règnent dans le manoir de l’amour ; Jay a repris ses études à l'université en prévision de la remise de diplôme qui approche à grands pas. Le jeune homme blond a hâte de démarrer sa nouvelle vie aux côtés de son inspecteur protecteur et aimant, espérant que leur cohabitation se passe bien et leur donne envie de se passer la corde autour du cou.

Charline, quant à elle, a vu sa relation évoluer avec le colosse qui ne cesse de venir la visiter au manoir depuis leur premier rendez-vous galant. Bradford s’occupe comme il peut pour ne pas trop penser à Jay, qui lui manque terriblement. Avec les travaux de rénovation de son appartement pour le mettre aux normes afin de recevoir prochainement Jay, il a de quoi faire. Andersen et Martin ont pris le temps de se connaître véritablement sous tous les angles. Leur relation atypique avec la poupée sexuelle a aussi bien évolué. À chaque pas franchi, Martin a mûri et peu à peu diminué l’attention qu’il porte à sa poupée Ray, pour le plus grand bonheur d’Andersen qui y voit non seulement un signe de guérison, mais aussi le signe d’une vie amoureuse et sexuelle épanouie loin de l’ombre de Ray. Le couple sort beaucoup, traînant entre la villa moderne et somptueuse des Andersen et le manoir de l’amour, juste féerique.

L’après-midi s’annonce formidable, le barbecue chauffe, la viande, les saucisses et le poulet marinés par Charline et Andersen grâce au livre de famille émettent une odeur gourmande à faire saliver la petite bande réunie pour fêter le succès de Jay aux examens ainsi que la création de la fondation Williams, en l’honneur de Ray et Jules Williams pour défendre les intérêts de la communauté queer. Bradford et son amour jouent contre Martin et le colosse au football américain. C’est une partie agréable et surtout initiatique pour Martin, le Londonien. L’atmosphère de l’après-midi change lorsqu’une voiture luxueuse débarque sur l’allée de pavés très propre entre la fontaine et la porte principale du manoir. Les deux dames à l’intérieur, fortement bronzées avec des visages presque identiques, sont accueillies par Esperanza, la gouvernante qui ne se pose pas de question. L’air raffiné et les grosses marques des deux femmes de couleur la rassurent. Ainsi, elle les conduit au bord du lac où le petit groupe cesse tout mouvement en les voyant. Alors que la majorité s’interroge sur l'identité des femmes, Bradford et Andersen se dirigent vers elles, les bras grandement ouverts en scandant le mot le plus merveilleux au monde : Maman.

Installées sur un divan de paille recouvert de mousses détachées, les pieds dans les herbes après s’être débarrassées de leurs talons et lunettes de soleil, les deux femmes à la forte présence et à l’énergie contagieuse font la connaissance des amours de leurs différents fils et neveu avant de s’intéresser à cette autre membre de la famille retrouvée dernièrement dans des circonstances peu reluisantes :

_Cette marinade de barbecue prouve bien que tu es une Nelson, on la sent depuis l’entrée. Aucun doute que Juliette t’a transmis son don pour la cuisine, complimente la mère de Bradford.

_Merci madame Nelson…

_Oh non, petite, appelle-moi Chimène ou Chichi… tout sauf madame, nous sommes en famille voyons, réplique-t-elle énergétiquement.

_Ne fais jamais l’erreur aussi de nous appeler tante, nous sommes encore très jeunes, dit la mère d'Andersen en se levant, viens dans mes bras, ma petite chérie. Elle lui fait un câlin au bord des larmes, Je suis désolée pour tout ce qui t’est arrivé, la perte de ton fils, de tes parents, ta famille… et pour le viol de mon…

_Ne vous inquiétez pas, tout ça, c’est derrière moi maintenant. Je ferai en sorte que d’autres femmes, d’autres enfants et familles ne subissent pas ce que j’ai subi, ce que mon fils a vécu et j’en suis sûr, Dieu rendra justice à mon père ainsi que maman… mes frères. Charline a une boule qui se noue au niveau de sa gorge, sa tante Solange lui tend un mouchoir. Merci, c’est gentil, dit-elle.

Jusqu'à ce que la mort nous unisseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant