Déception

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         La douleur plus présente que jamais, Martin Roberts n’a pas pu s’adresser à la presse ; avec ses proches, ils se sont juste contentés de se frayer un chemin parmi la foule de journalistes jusqu'à leur véhicule. Dans la voiture, il reste assis pendant longtemps alors que les autres regagnent la maison. Sa colère encore vive, il fond en larmes ; des larmes de frustration et d’incapacité, il aurait aimé punir le vieux gothique sadique. Il reste dans cet état pendant des semaines, seule la compagnie de son défunt petit ami le console, donnant à Bradford la preuve dont son cousin a tant besoin pour confronter le milliardaire.

Lorsque Bradford entreprend de révéler la vérité à son petit ami, il se heurte à un mur comme d’habitude. L’inspecteur se garde de montrer la vidéo à Martin. Sous le regard nonchalant de Jay, un peu agacé au balcon, l’inspecteur s’engouffre dans sa voiture et démarre en trombe. Ses sirènes en feu, il se rend au centre-ville de la petite commune qui s’anime lentement sous le ciel grisâtre. Il gare devant un café-bar-restaurant dont s’échappe l’odeur du café frais, envoûtant le trottoir. Il s'avance vers la place au fond de la salle près de son cousin qui attendait déjà sur place, impatient de voir la vidéo. Bradford, très adulé, arrive à la table après de longues civilités. Il se débarrasse de sa veste avant de poser le téléphone devant Andersen qui regarde la vidéo minutieusement. Il est tout aussi triste pour Martin, loin de prendre du plaisir comme il l’avait imaginé. Il regarde le cœur serré, et finit par retourner le téléphone :

_Il faut trouver la cause et lui faire accepter l’aide, sinon nous ne pourrons rien sans sa coopération. Tout repose sur lui. J’ai trouvé un moyen de ne pas le brusquer et de l’éloigner peu à peu de cette pratique, dit Andersen un peu triste.

_J’espère que ça marchera, mon pauvre Martin…

_Tu es un bon flic et aussi un très bon ami, Martin a de la chance de t’avoir, un jour, il s’en rendra compte et te remerciera crois-moi. Le réconforte Andersen.

_C’est mon job de protéger les gens, pas seulement contre les criminels, mais aussi contre eux-mêmes. Et toi aussi, tu peux dire que c’est pour le sexe que tu l’aides, mais au fond, tu sais que non, tu aimes aussi ton job. Je pense que tu devrais laisser la gestion de l’hôpital à un professionnel et te concentrer sur ta carrière de psychologue. Tu pourras aider beaucoup de monde. Andersen fit un gros câlin à son cousin tout ému. Au fait, il faut qu’on réunisse nos mères, y a une vérité qu’elle nous cache, j’ai été à l’état-civil, elles ont eu une sœur plus âgée dont elles n’ont jamais parlé et Charline qui débarque avec une copie du livre de recettes de familiale…

_Et ton instinct de Colombo te dit que Charline serait la fille de cette sœur ? Devine Andersen, son cappuccino à la main.

_Oui, j’ai ce pressentiment…Charline doit être liée d’une manière ou d’une autre à notre famille. Confirme l’inspecteur en prenant une bouchée de son burger.

_Pourquoi dans ce cas personne n’en parle de cette sœur ? Ni les grands-parents jusqu'à leur mort, ni les cousins et cousines de la famille, aucune photo d’elle…c’est très louche tout ça…si tu veux mon avis, il y a une vérité pas agréable derrière tout ça qu'il vaut mieux éviter de déterrer. Andersen s'attaque aux frites de son cousin.

_Regarde, Bradford sort l’extrait de leur tante, cette femme est née en cinquante-neuf, ma mère en soixante-deux et la tienne en soixante-cinq, il sort les copies de leurs parents, elles ont le même père et la même mère alors je peux écarter la thèse de l’enfant adultérin ou même la mort, car il n’y a aucun acte de décès pour elle… j’ai aussi une copie de l’extrait de Charline, par contre sa mère n’est pas la sœur en question…

_Peut-être qu’elle a été adoptée par la tante ? Tu y as pensé ? Dit Andersen une autre frite à la main.

_C’est bizarre tout ça…pourtant je refuse d'abandonner.

_On n’en saura pas plus, car nos mères, qui refusent de vieillir, sont en croisière, cependant, je vais tenter de les informer et de voir ce qu’elles disent. Sinon, tu pourrais simplement rendre visite à quelqu’un qui connaît aussi bien la famille qu’elle… ton père, peut-être qu’il sait un truc.

_T’es pas sérieux ? Questionne sérieusement Bradford en retirant ses frites de la portée de son cousin.

_Brady…faudra que tu lui pardonnes bien un jour, il est en prison depuis vingt ans et paie pour son crime. Andersen lui montre la photo de son propre père, il me manque, j’aurais aimé qu’il soit encore là alors profite pendant que ton père est encore là, arrête de faire le fier. Frites ! Réclame Andersen.

_Tiens Andy, goinfre-toi, de toute manière, tu m'as coupé l’appétit. Et saches que jamais je n'irai voir ce criminel. Il jette son regard sur la rue à travers la baie vitrée du restaurant.

_Tant pis, ça en fait plus pour moi. Andersen hausse les épaules.

Martin se réveille par une journée très sombre annonçant une pluie abondante. Devant sa fenêtre, il regarde le temps étrange et n’arrive pas à se décider sur sa routine. Finalement, il décide d’aller courir. Suivant le même trajet habituel, la pluie se déclare alors qu’il se dirigeait vers la tombe. L’eau sur sa peau nettoie la sueur et les toxines rejetées par sa peau. Il finit trempé sur la tombe, la tête à l’envers, les mains aux hanches, respirant par la bouche ouverte. Comme piqué au vif, il se met à se déshabiller en frottant son membre lorsque Bradford débarque de nulle part :

_L’intimité, tu connais, putain…

_Tu as besoin d’aide, il faut que tu nous laisses t’aider. Arrête de faire la sourde d’oreille, s’il te plaît…

_Non ! Je ne veux plus rien entendre…dégage ! Martin s’emporte violemment.

_Je refuse, je n’irai nulle part, il faut que tu te ressaisisses… Martin envoie un coup-de-poing en direction de Bradley qui esquive aussitôt et lui retourne le bras dans le dos en l’immobilisant, il le neutralise. Martin fond en larme impuissant après s’être défoulé de toutes ses forces, l’inspecteur le prend dans ses bras et le rassure. Alors que la pluie bat son plein, Bradford raccompagne Martin dans sa chambre tout bousculé, après l’avoir aidé à se débarbouiller, il le met au lit et attend au grand séjour avec Charline et Jay, l’arrivée d'Andersen qui a tenu à venir malgré la forte pluie.



                                                    À suivre ...

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Jusqu'à ce que la mort nous unisseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant