Chapitre 84: La contrepartie

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Ocelot. Voilà un nom qui avait pris une certaine importance depuis quelque temps. Celle qu'on surnommait l'irascible colosse, ou encore celle dont on ne devait prononcer le nom. Et c'était la deuxième fois qu'ils lui faisaient face. Autant dire que leurs chances de survie venaient de drastiquement s'épuiser.


On les fit parvenir dans une petite salle, qui étonnement ne reflétait rien de la grandeur des lieux où ils se trouvaient. Une fenêtre démesurée offrait un plan panoramique complet sur la ville, de laquelle nulle attitude suspecte ne pouvait échapper. Pas d'étagères, mais des coffres remplis à ras bord de documents et de babioles intrigantes bordaient les murs. Un tapis occupait la plus grande partie du sol, ornés de motifs géométriques colorés de couleurs chaudes et sombres. Une grande table ronde servait de point centrale, sur laquelle étaient éparpillées différentes cartes, ainsi que des pions polychromes y étant disposés de manière stratégique.


La commandante les y attendait, déjà assise aux côtés d'un Faboren au visage dépourvu de couleur. Il fallait croire qu'aucun membre du groupe n'avait échappé au caractère sadique si caractéristique des habitants de la forteresse.


" Asseyez-vous." Leur intima la femme-qui-ressemblait-davantage-à-un-ours, sur un ton qui ne leur laissait d'autres alternatives que d'obéir sur-le-champ. Tous firent donc comme demandé, joignant instinctivement leur leader, plaçant ainsi une table entre eux et Ocelot. Cassidien se plaça en dernier, refermant ainsi la ligne. " A vous.


- Nous avons beaucoup discuté," débuta Faboren, après avoir acquiescé," Et sommes arrivés à quelques conclusions. D'abord, l'incident n'aurait aucun lien avec Scarlonstrom. Plus étrange, les esclavagistes clament avoir eux-mêmes souffert d'une attaque mystérieuse sur l'un de leurs convois il y a quelques jours. Aucun survivant n'aurait été reporté. Nos suppositions, bien qu'il soit trop tôt pour conclure quoi que ce soit, sont, d'abord, qu'il pourrait s'agir d'un groupe de bandits indépendant, qui s'en prendrait aléatoirement aux individus qu'ils croiseraient, sinon un groupe dont l'intention serait de provoquer des frictions entre nos différentes factions. Dans tous les cas, cela me semble gros, car en dehors de ces deux événements solitaires, rien de similaire n'a été rapporté par les membres du Chariot. Ca, et aussi, finalement parce qu'autre l'étrangeté de la situation, ils n'ont rien en commun.


- Pour résumer, vous êtes venus pour rien." Conclut Ocelot. " Félicitations.


Le compliment resta suspendu en l'air, pesant et froid, semblable à une enclume posée sur leurs épaules. Ils n'avaient donc aucune raison de se trouver à cet endroit. Ni même d'avoir subi ce qu'ils avaient enduré. Ils étaient revenus à zéro, sans la certitude de pouvoir se sortir vivant de la situation dans laquelle ils se trouvaient.


- Nous vous remercions d'avoir répondu à nos interrogations. " Prononça timidement Ahodit, se trouvant incapable de regarder la femme dans les yeux.


- Ne me remerciez pas." Lui adressa sèchement la femme." Vous vous permettez de rentrer chez moi sans invitation, d'accuser mes hommes sans la moindre preuve? J'en ai fait pendre pour moins que ça. Votre naïveté ne manquera pas de vous perdre.


A l'image d'enfants à qui l'on faisait la morale, les membres du Chariot baissèrent la tête, incertains de comment faire face à ces accusations. Ils n'avaient fait que prendre en compte des doutes légitimes après tout, et suivi l'ordre de leur supérieur. Et ils étaient partis en conscience des dangers auxquels ils devaient se retrouver confrontés.

Contes de Jullians : La fille sans visageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant