TROISIEME PARTIE / Chapitre 50 : Un pas en arrière

5 0 0
                                    


Kayle


Deux mois, deux semaines, quatre jours. 


C'était le temps qui s'était écoulé depuis l'incident.


 Depuis qu'ils avaient perdu la fille de vue.


 Qu'ils avaient fui malgré tout.


Il se rappelait de cet instant tout comme s'il venait d'advenir, dans ses moindres détails, du moment où la fille avait disparu dans les bois, sans un regard en arrière, tandis que ses poursuivants se dépêtraient des ronces qui les avaient soudainement retenu. Seulement, cette distraction s'était révélée veine puisque les trois poursuivants, à peine déconcertés par cette manifestation inattendue, n'avaient eu  besoin que de quelques secondes pour s'en défaire, se précipitant sans attendre à la poursuite de l'enfant. Et lui s'était retrouvé impuissant, les bras chargés du garçon évanoui. 


Suite au conflit qui s'était déchainé brusquement mais brièvement, les deux partis avaient conclu à une brève trêve, lors de laquelle les blessés furent emmenés par leurs alliés. Le Chariot en avait profité pour s'esquiver, fuyant sans demander son reste, ayant chargé l'un des leurs d'emmener Kayle et Cassidien avec lui.


Le jeune homme ne l'avait d'abord pas entendu de cette oreille, refusant de laisser cet avantage aux bandits qui couraient toujours après la fille. Dès que l'inconnu se fut approché de lui, Kayle lui avait déposé l'enfant inconscient dans les bras, s'étant ensuite jeté à grandes enjambées vers les bois, priant pour avoir le temps de porter secours la fille. Toutefois, c'est à peine arrivé aux niveaux des broussailles épaisses qu'une voix grave avait stoppé son élan, du ton de celle qui n'exigerait aucun affront.


" Kayle! Arrête toi là" Lui avait ordonné Mel'Dirthae." Reviens ici cet instant.


Décontenancé par l'autorité brute qui se dégageait d'elle, le jeune homme avait pivoté dans sa direction, tout en gardant de vue la forêt dans son champs de vision. La femme, tout juste ressortie d'une lutte sans merci mais irrésolue avec le meneur des bandits, présentait une allure des plus déplorable, ses habits déchirés par endroits et du sang s'écoulant de ses blessures, bien légères néanmoins comparées à celle qu'elle avait infligée elle-même à ses adversaires. Indépendamment de cela, son visage ne portait nulle trace de l'abattement qu'il se serait attendu de sa part, conservant l'air noble qui la caractérisait tant.


- Qu'est ce que tu veux?" L'avait-il interrogé, irrité d'être ainsi gêné dans sa course. Ne voyait-elle pas qu'il n'y avait aucun temps à perdre?


- Il n'y a rien à faire." L'avait-t-elle informée en retour." Pour l'instant, il ne lui arrivera rien, je peux te l'assurer, mais je ne peux en dire autant pour toi si tu te jettes là dedans sans réfléchir.


- Comment ça, il ne lui arrivera rien?" Avaient encore questionné le jeune homme.


- Va avec le Chariot." Avait ordonné l'illusionniste, ignorant sa demande." C'est ce que tu es venu faire. Ne te mets pas dans mes pattes petit homme, je n'aurais pas plus de pitié pour toi que pour l'un de ces vauriens.

Contes de Jullians : La fille sans visageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant