Chapitre 44: Avant la guerre

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Mme Dahily demeura très calme et investie à son écoute, hochant la tête de temps à autres, sans jamais dévier son regard de son interlocutrice. Elle recueillit chaque information avec beaucoup d'attention, prenant soin de garder son calme, tout du long.


Il était étrange pour la fille de dévoiler de cette manière toutes ces informations qu'elle avait gardé pour elle jusqu'à présent, grimaçant parfois lorsqu'elle redoutait la réaction de la femme à ses dires. Ce ne fut guère une partie de plaisir et bien qu'elle savait cela nécessaire, elle ne pouvait s'empêcher d'appréhender chaque nouvelle déclaration qu'elle se devait de faire.


Lorsqu'elle acheva ses révélations, la rouquine se pinça les lèvres, priant avec ferveur d'avoir pris la décision la plus adéquate. Il était certain que son choix aurait des conséquences, à savoir lesquelles en découleraient véritablement. Ou à l'inverse, était-il possible que son action s'avère veine? Car il était tout aussi probable qu'elle ne soit prise au sérieux. Après tout, Mme Dahily avait toutes les raisons du monde de douter de ses affirmations.


Préparée à recevoir les remontrances appropriées, elle observa Mme Dahily se lever calmement, lui dévoilant, à sa surprise, le sourire compréhensif et rassurant dont elle avait le secret, ses yeux s'obscurcissant malgré tout d'une émotion indescriptible. La femme s'essaya alors à parler, entrouvrant la bouche à deux reprises, se reprenant à chaque fois sans parvenir à exprimer ce qui lui pesait sur le cœur. Finalement, elle secoua la tête, déclarant forfait, se contentant de tendre ses bras vers la jeune fille, l'enlaçant dans une étreinte ferme et chaleureuse.


La rouquine la lui rendit, prise au dépourvu et confuse quant à l'attitude qu'elle se devait de démontrer en retour.


" Tu es très, très forte" affirma Mme Dahily après coup, la gorge nouée." D'avoir dû vivre et garder tout ça.


- Ca va..." Se défendit la fille, troublée." Je suis désolée d'avoir attendu si longtemps.


- Tu as tes raisons." La réconforta son interlocutrice." Je te remercie de t'être confiée, nous en discuterons de manière appropriée avec tout le monde. Ne prend pas de décision hâtive, surtout." Ajouta-t-elle pour se rassurer." Nous en avons déjà vu des belles par le passé, ce n'était qu'une question de temps avant que nous fassions de nouveau fasse à la réalité. Il est de notre devoir de protéger ce qui est nôtre, comme il en est du tient de prendre soin de toi.


Je suppose." Accorda la rouquine, peu convaincue.


Elle craignait d'avoir manqué de conviction, d'avoir sous estimé le danger qui les guettait. Comment deviner ce qui pouvait leur advenir, quand la venue des bandits en question était incertaine? Mel'Dirthae pouvait-elle rejoindre le village à temps? Serait-elle en mesure de stopper Samuel et ses compagnons, sachant qu'elle avait déjà échoué une fois? Trop de questions se bousculaient et pourtant, la seule solution qu'elle pouvait envisager pour le moment était d'attendre et d'observer le déroulement des évènements, impuissante une fois encore.


....


Tout comme l'avait promis Mme Dahily, une réunion se tînt bientôt entre les villageois, où seuls les plus jeunes n'étaient pas invités, dans le but de débattre de l'arrivée supposée des bandits sur leur territoire. Pour ceux qui n'avaient connu que la tranquillité une décennie durant, sans le moindre contact avec le monde chaotique au delà des bois, la perspective de faire la rencontre de ces opposants hostiles devaient les terrifier atrocement. En effet, la nouvelle ne manqua de de provoquer nombreux échanges tumultueux.

Contes de Jullians : La fille sans visageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant