Chapitre 82: Au gré du vent

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Shelia


" C'est incroyable, n'est-ce pas?" Jubilait Latı́ , de manière qu'on aurait été convaincu qu'elle était celle qui faisait la découverte des manifestations spryrgituelles du sablier.


Nouvellement anxieuse, la rouquine ne parvenait à détacher son regard de l'objet, quand bien même elle ne percevait désormais plus rien de sa part.


- Je ne peux pas le prendre." S'affirma-t-elle avec conviction, tendant de ses deux mains l'objet à la fille." Tu dois cacher ça, et ne jamais le ressortir!


A sa stupéfaction, la fillette émit un petit gloussement amusé.


- Mais enfin, c'est trop tard pour ça!" Réfuta-t-elle sur le ton de celle qui clamait l'évidence. " Allons, c'est à toi maintenant. A moins que tu ne préfères le remettre à La Capitaine?


Elle avait raison. Le laisser sur place, c'était le laisser entre les mains des pirates.


- Peut-être en le cachant ailleurs..." Insista la rouquine malgré tout, se refusant toute responsabilité à l'égard du sablier. " Si je le gardais sur moi, ...


Ce serait risquer de le perdre à la moindre rencontre infortune avec des bandits, ou elle ne savait quel individu qui s'évertuait à la suivre à la trace - acheva-t-elle par la pensée.


- C'est la raison pour laquelle on doit partir maintenant." Annonça Latı́. " De un, parce ton évasion ne va pas tarder à causer un peu d'animation. Et de deux... On va essayer de te trouver des alliés avec qui tu ferais bien de t'entendre.


- On?" Bafouilla Shelia." Des alliés?


- Ben oui, on, c'est nous, toi et moi!" Déclara la fille en redressant vers l'arrière, tout en relevant fièrement le menton." J'ai rempli mon rôle, et tu sais, je suis fatiguée de ne voir le monde qu'au travers de mes rêves. Je veux aussi le toucher, le sentir, le vivre pleinement!


En y repensant, c'était logique. Comment ne pouvait-on pas se sentir seul et curieux du monde, quand on avait vécu toute sa vie sur une île où l'on avait pour seule compagnie des êtres invisibles et des figures de bois? La rouquine hocha la tête, convaincue.


- Mais comment faire?" S'intrigua-t-elle." Sans le navire, on ne peut pas traverser la mer. A moins que tu ais une embarcation dont nous pourrions user?" Interrogea-t-elle à son tour.


- J'ai mieux que ça. " S'égailla Latı́." J'ai un ami."


Disant cela, la fillette se saisit de la main de Shelia, qu'elle entraîna vers l'extérieur. Là, le ciel s'était teinté de magnifiques lueurs roses orangées, signifiant le levé imminant du soleil. C'était étrange pour la rouquine qui, de son point de vue, n'avait échangé que le temps de quelques minutes avec son interlocutrice.


C'était préoccupant, car, au dépit du spectacle onirique que cette vue offrait, c'était aussi un signe de mauvaise augure pour les deux demoiselles: les pirates devaient s'être éveillés depuis un moment déjà, et elle ne doutait pas que son absence s'était fait remarquer.

Contes de Jullians : La fille sans visageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant