Chapitre 64 : Le terrier

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Ayant chevauchée à toute allure, appelant à toute la persévérance dont elle se pouvait encore faire preuve, vînt un moment où là rouquine réalisa qu'elle ne pouvait plus continuer ainsi. Espérant s'être assez éloignée de ses éventuels poursuivants, elle commanda au cheval de s'écarter dans les champs, s'y enfonçant de sorte à perdre la route de vue et s'autorisant dès lors à descendre da sa monture, ou plutôt à s'effondrer à terre sans pouvoir se retenir. Ainsi dissimulée parmi les champs de blés dressés vers le ciel, il ne serait aisé de la retrouver, quand bien même on l'y aurait poursuivi.


Ses muscles, inexpérimentés à chevaucher si longtemps et à une telle intensité, ou ne serait-ce simplement qu'à chevaucher, lui faisait souffrir le martyre, de ses cuisses à sa nuque tout en longeant chaque millimètre de son dos. C'était sans compter sur son poignet, qu'elle avait excessivement mobilisé malgré son état, qu'elle ne parvenait désormais plus à bouger. C'était un miracle qu'il ne lui ai fait défaut plus tôt.


 A bout de souffle, épuisée tant mentalement que physiquement, à peine eut-elle effleuré le sol qu'elle sentie ses émotions la submerger, telle une vague  déchaînée qui emporta les quelques forces qui pouvaient bien lui rester. Elle fondit immédiatement en larme, ne prenant pas la peine de se relever, relâchant sa colère, sa peur, ses angoisses et ses peines en torrent salés. Qu'importait qui pouvait bien l'entendre, il lui fallait bien extérioriser tout cela avant qu'une voix maléfique ne lui commande à nouveau d'exterminer son entourage. Son corps ne répondait de toute façon plus à sa volonté.


Bien des minutes s'écoulèrent durant lesquelles la fille éprouva quelques difficultés à se calmer, recroquevillée sur elle-même, ayant la sensation d'essorer une éponge dont le contenu se régénérait sans cesse. Et lorsque  finalement elle vînt à tomber à cours de larmes à verser, vide enfin de toute émotion, elle se laissa chuter en arrière, tête la première dans l'herbe, glissant dans un état de mi-sommeil mi-conscience.


Alors, surprenamment, elle se mit à se remémorer un évènement que cela lui rappelait, cet échange particulier qu'elle avait une fois eu avec Ewan lors duquel elle s'était éplorée de façon similaire. Aussi bien que pour les autres villageois, elle n'avait jamais pu savoir si ce dernier s'était sorti ou non de l'attaque des bandits. La rouquine s'interrogeait toujours sur les raisons qui avaient amenées le garçon à s'exposer à sa place, comme s'il ne craignait nullement ce qui pouvait lui advenir à lui-même. Ne l'avait-elle pas trahît en quelque sorte lorsqu'elle s'était rendue quelques instants plus tard aux bandits? Malgré la culpabilité de la fille et sa crainte des ressentiments du jeune homme, il ne lui était possible que d'espérer de tout son cœur qu'il allait bien, ne réalisant qu'à présent combien leurs discussions sans queue ni tête lui manquaient.


" Eh ho!" 


La rouquine sursauta, tendant l'oreille à ce qui lui sembla une voix d'homme, de provenance assez lointaine. Paniquant, elle se releva brusquement, ou du moins s'y essaya, au malheur de ses jambes qui l'abandonnèrent à cet effort trop intense et soudain. Dans son état actuel, il lui serait bien difficile de faire face à qui cela pouvait bien s'agir, comprit-elle tout en maudissant ses états d'âmes qui l'avaient ainsi fait remarquer. Devait-elle se faire attraper de sitôt, lorsqu'elle venait enfin de se libérer de ses geôliers? Se refusant à cela, elle se fit le plus petite possible, attentive à son entourage tout en croisant les doigts pour que l'inconnu demeure loin de sa position.

Contes de Jullians : La fille sans visageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant