Pour Les Yeux D'un Ange...Je Suis Là Partie 1

Chapitre 46 Pour Toujours

BILLIE

Je me pensais perdue à jamais et il est apparu devant moi. Il ne m'a pas abandonné. Je savais, pourtant, qu'il me chercherait mais cette fois je pensais vraiment qu'il ne me retrouverait jamais. Je n'arrive pas à en parler. J'essaie et je voudrais mais je n'y arrive pas. Il y a eu trop de choses en une seule fois. Je dois me reposer pour ma fille. Je dois tenir pour elle ...pour lui s'il veut encore de moi. Je pensais m'être débarrassée de ce passé merdique mais il a fallu qu'elle revienne.

Tout est de ma faute, elle me l'a dit. Si Tyler ne m'avait pas rencontré, il n'aurait pas eu à souffrir autant. À ingurgiter mes douleurs et vivre avec mes démons. Tout ça je ne lui dirais jamais.

L'eau s'écoule sur mon corps meurtri et souillé. Je reste sous l'eau chaude longtemps, je voudrais pouvoir par une simple douche tout enlever, j'ai beau frotter à m'en arracher les chaires, rien ne s'en va. Je ne pleure pas. Je ne veux plus pleurer. Je dois m'efforcer de reforger cette carapace protectrice qui a maintes fois volé en éclat. J'avale et j'encaisse les coups, c'est comme ça que j'ai appris à fonctionner. Ma fille ne vivra jamais ça. Je ne le permettrai jamais et Tyler non plus. Mais j'ai ce poids, lourd, dans ma tête et dans mon corps tout entier que je dois traîner.

Je sais qu'il se pose des questions... Les questions... Celles qui le hantent et qui lui brûlent les lèvres. J'ai peur et je redoute d'aborder le sujet. Il ne le fera pas non plus mais je sais qu'il attend. Et si je le dégoûte à présent ? Il faut que je le sache. Je dois prendre sur moi, j'essaye de convaincre mon cerveau de se libérer mais la souffrance et la révolte sont trop présentes encore. Comment lui expliquer de vive voix les atrocités que j'ai subi tandis qu'il essayait de tout faire pour nous retrouver. J'arrête l'eau de la douche... J'ai vu son ombre sous la porte. Je sais qu'il allait entrer parce qu'il s'inquiète.

Je ne veux plus qu'il me voit misérable. Je suis détruite et lui aussi. J'espère juste qu'il voudra toujours de moi. Je regarde ma bague. Je m'habille et sèche mes cheveux. Je me maquille un peu. Je veux retrouver le bonheur insouciant que l'on avait, pourquoi on me l'a pris encore une fois ? Je veux le revoir sourire. Il est si beau quand il sourit. Je ne veux pas qu'il vive dans la peur constamment ni qu'il culpabilise alors que ce n'est en rien de sa faute. Je ne veux pas que son amour se transforme en pitié ou qu'il vive avec moi par obligation. Je regarde mon ventre et pose ma main un instant dessus.
Je sors de la salle de bain de notre chambre.

Je ne veux pas le perdre alors je me dirige vers lui qui est assis au bord du lit. Je m'installe sur ses genoux face à lui et je l'embrasse... Les mains autour de son cou. Ses yeux sont tristes à mourir et aussi vides que les miens. Je veux retrouver son regard profond que j'aime tant. Pas celui de la douleur, mais je dois lui laisser le temps d'encaisser à son tour. Il pose sa tête dans mon cou et y dépose un baiser. Je l'aime tellement.
- Moi aussi bébé je t'aime.
- Comment tu as deviné ce que je pensais ?
- Parce que c'est nous.
Je souris... J'essaie d'être forte mais, ce poids, sur mon cœur m'en empêche, je suis détruite à l'intérieur, complètement détruite et c'est irréparable. Je l'embrasse doucement.
- Il faut qu'on s'achète un canapé.
- Hein ?
- Bein oui. Comment je fais pour me mettre dans tes bras sinon. Je lui souris.
- Ce n'est pas un problème. Viens.
Il se lève et s'installe sur notre lit adossé au mur.

Je me précipite vers lui et essaie de m'installer.
- Merde ...ta fille prend de la place.
- Y a de la place pour vous deux.
Il sourit lui aussi et embrasse mon nez. Il referme ses bras sur moi. Il en a besoin tout comme moi.
- Je voulais passer voir Katy et Éloïse cet après-midi. Tu viens avec moi ? Je n'irai pas toute seule.
Je le sens se raidir.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Éloïse est à l'hôpital. Elle a failli perdre son bébé.
- Quoi ? Merde ... Tu déconnes ?
- Elle va bien et le bébé aussi.
Je me relève et je fonce aux chiottes. Je gerbe comme jamais. Il se précipite vers moi. Il retient mes cheveux. Et passe un bras ferme autour de moi.
- Merde, merde et merde !
Je suffoque.
Je tape sur la cuvette des toilettes. Je ne voulais plus pleurer merde ! Ça commence mal.
Il m'attire à lui.
- J'en ai marre ! Tellement marre. C'est vrai, je porte malheur à tous ceux que j'aime ...
- Je suis là bébé. Calme-toi s'il te plaît ma puce. Il a les larmes aux yeux. Il reprend
- Ils vont bien. Respire bébé, respire ok ? Tu ne portes malheur arrête.
J'essaye de déglutir et de ravaler ma peine, je lève les yeux que j'essuie en regardant le plafond.
- Pardon ... Pardon... Ça va aller ...