Chapitre 11 De Trop

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BILLIE

En me réveillant ce matin avec lui qui me tenait la main, toujours protecteur avec moi, j'étais loin de m'imaginer la journée qu'il me ferait vivre.
Il est doux, marrant, patient et si gentil. Sans parler de sa manière de me regarder. Je n'ai jamais eu autant d'égard de la part de quelqu'un.                            J'ai plutôt l'habitude d'être malmenée. Alors quand je suis avec lui, que je le sais près de moi, que je sens son parfum, tous mes sens se mettent en émoi.

Parler de mon passé est douloureux. C'est le premier à qui j'ai parlé de cet épisode de ma vie dans les moindres détails même s'il est encore loin de tout savoir de mon passé. Je l'ai laissé me toucher alors que même les médecins n'ont pas eu ce droit. Cette odeur, je suis sûre qu'il y en avait un, parmi ces salauds.
Je ne sais pas pourquoi mais depuis le début, je lui fais une confiance aveugle. À lui ... Tyler. C'est dans son regard, il y a quelque chose de bienveillant en lui mais c'est comme si, il lui manquait quelque chose, il n'a pas l'air si heureux que ça, bien qu'une petite étincelle se soit mise à briller aujourd'hui.

Nous marchons main dans la main en silence. L'air est doux. Il me tient fermement comme si j'allais disparaître et me regarde souvent. Qu'est-ce qu'il peut bien me trouver sérieux ?
Il est grand, beau avec ses cheveux châtains, courts sur l'arrière mais un peu plus longs sur le dessus et duquel s'échappent quelques mèches qui ont tendances à onduler de chaque côté de son front. Il pourrait avoir toutes les filles qu'il voudrait. Alors pourquoi moi ?
Je ne suis ni jolie, ni bien habillée, maigre comme un clou et donc pas du tout élancée. Je n'ai pas d'amie en dehors de Katy et je traîne un passé plus que morbide.
Je ne suis pas grand-chose en fait ... Les paroles de York me reviennent à l'esprit.                                
« Tu n'es rien ! Tu reviendras ! Comme Éloïse ! »

J'essaye de chasser ses pensées négatives de ma tête, je veux profiter de cette journée.
On se met à bavarder de tout et de rien. De notre avenir après nos études. Je lui parle de mon désir de devenir psychologue pour enfants. Je lui parle de Célia et d'Éloïse, de ma détermination à les sortir de l'institut York.
— L'institut York ? Ça me dit quelque chose.
— C'est tellement miteux que ça me surprendrait vraiment. Qu'est-ce qu'il s'est passé entre le mec de tout à l'heure et toi ?
Il me regarde sévèrement.
— Greg ? Une histoire dont je n'en ai plus rien à battre !
Il est tranchant dans sa réponse. Je n'insiste pas.
— Tu es du genre à te mettre en colère toi ?
Sa question me surprend. Dans quel sens me demande-t-il ça ?
— De quoi ? ... (je roule les yeux dans tous les sens) Je suis perpétuellement en colère tu sais. Même si ça ne se voit pas au premier abord. Je souris.
— Non, non ... Ce n'est pas de ce genre de colère que je te parle ...
— Ah... tu veux dire si tu me fais un café brûlant ? Je ris et je reprends...                                                   
—Euh non ... Ça ne sert à rien... On peut dire les choses sans hurler, gueuler ne refroidira pas le café hein. Donc la réponse est non. Tu ne te feras pas engueuler pour ta chambre en bordel.           
Je lui tire la langue. Il rit en mâchouillant un brin d'herbe chopé sur le bord du chemin, et je sens sa main me serrer un peu plus fort.

 
On décide de s'asseoir un peu. Il s'adosse au tronc d'un arbre et m'attire entre ses jambes.
— Tu es de quel mois ?
— Seize Avril.
— Une petite fleur du printemps alors.
Il pose un baiser sur mon nez.
— Et toi ?
— Dix-huit Mai.
— Toi aussi tu es du printemps. Il sourit.

On ne dit plus rien. On regarde l'horizon. Ma tête appuyée sur son torse, je me sens bien. Protégée et apaisée. Il est là pour moi. Comme s'il lisait dans mes pensées il murmure dans mon oreille...
— Je serai toujours là bébé, en déposant un bisou sur ma joue.
J'attrape ses bras que j'enroule autour de moi. Il me serre contre lui.
D'un geste joueur il se met à me chatouiller. Je ris en me roulant par terre comme un asticot ridicule.
Dans notre jeu, il se retrouve au-dessus de moi et écrase doucement et longuement ses lèvres sur les miennes. Il repousse une mèche de cheveux de mon front. Je me mets à frissonner.
— On rentre ?
— Oui. Je soulève ma tête pour lui donner à mon tour un baiser.                                                                     
Il me regarde et j'adore quand il fait ça. Je me noie dans son regard clair.

Pour Les Yeux D'un Ange...Je Suis Là     Partie 1Where stories live. Discover now