Chapitre 5 Une Soirée

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BILLIE

Le campus est constitué de superbes bâtiments en vieilles pierres rouge et blanche dont le style architectural mélange le moderne et l'ancien avec des pelouses d'un vert clair magnifique. Rien à voir avec l'Institut. C'est si gigantesque que je peine à trouver le bâtiment des chambres. On m'a attribué la C dix-neuf. Au troisième étage, des rangées de portes jaunes dissimulent les chambres. Le couloir n'est pas très large et les étudiants qui se croisent doivent se tourner légèrement pour passer.

J'entre doucement la clef dans la serrure et je vois deux lits séparés. Le second lit semble inoccupé.
Un soulagement mais aussi une déception. J'aimerais bien me faire une amie.
Il y a beaucoup trop de rangements pour moi seule. Je n'ai quasiment rien.
J'ouvre mon sac et ma vue se trouble. Ma Célia ... Elle a glissé, dans mon sac, son petit chien en peluche. Je l'attrape et le serre contre moi. Mes larmes coulent de façon incontrôlable, j'ai la gorge nouée. Cette putain de culpabilité me revient comme une baffe dans la gueule.
Je trouve aussi une petite feuille de papier. C'est l'écriture de Célia. Une écriture d'enfant mais même si elle éprouve des difficultés pour parler, elle le fait parfaitement à l'écrit.

Ma Billie,
J'ai de la peine mais je t'aime. Comme tu vas être toute seule et que moi j'ai Éloïse, j'ai demandé à Gus d'aller avec toi. Il te protégera. Fais bien tes devoirs. Et écris-moi.
Reviens vite me voir.

Éloïse a certainement corrigé ses fautes. Je m'attendris à cette pensée.

Sa lettre se termine par un dessin représentant mon châtaignier et moi dessous.
Je l'accroche au mur à l'aide de punaises trouvées sur un vieux tableau en liège qui trône au-dessus d'un minuscule bureau. Les murs sont peints en violet clair. Les lits sont en bois. Quand je m'assieds, je n'entends pas le grincement auquel je m'étais habituée. Le matelas est confortable contrairement aux vieilles paillasses de l'institut qui nous tuaient le dos.
Gus, il s'appelle Gus. Je le pose sur mon lit délicatement et me frotte le visage. Je suis vraiment fatiguée. Je n'ose imaginer si j'avais dû faire tout le chemin à pied. Il faut que j'aille me doucher rapidement car j'ai un cours dans une heure.

J'enfile un tee-shirt ample et un jean qui refuse de tenir. Je prends un foulard en guise de ceinture et enfile une paire de tennis. Mes cheveux longs sont retenus par une pince. Je prends mon bouquin et mon sac à dos.

J'arrive dans cette salle qui me paraît immense. Il y a déjà des étudiants présents. Je suis un peu perdue dans cette foule.
Beaucoup discutent entre eux, moi je suis toute seule et j'ai l'impression désagréable de ne pas être à ma place. York, ce sale con m'avait prévenu.
Je voulais me placer dans le fond mais les places ont très vite été prises je me retrouve un peu plus haut par rapport au milieu.
Personne ne se met à côté de moi. Je dois être trop différente, ça me rend triste mais je suis seule depuis des années alors on s'habitue.

Les derniers arrivent, un grand jeune homme châtain habillé d'une chemise blanche et d'un jean noir entre dans la salle.
C'est lui ... Je le regarde s'installer et prendre trois sièges pour lui tout seul. Ça m'amuse de le voir faire. Il a cette nonchalance déconcertante et cet air troublant.
J'essaie de me concentrer mais ce cours est long. On n'est pas dans le vif du sujet et je suis fatiguée. La voix du professeur résonne dans l'auditoire, le bruit de ses talonnettes aussi. C'est très vite agaçant surtout qu'en parlant il marche en faisant des allers retours incessants.
Je me surprends à regarder ce garçon très souvent. J'ai apprécié son aide et sa gentillesse. Il ne s'est pas moqué de moi quand je lui ai dit que je n'étais jamais montée sur une moto. Sa présence est réconfortante. C'est le seul visage que je connaisse. C'est con quand j'y pense, je ne connais pas ce type plus que ça, pas du tout même.
Il ne me parlera sans doute plus jamais d'ailleurs. Pourtant j'aimerais bien revoir ses yeux.
Il semble perdu dans ses pensées. À quoi pense-t-il ? Le cours interminable s'achève. Je me lève en hâte pour retourner dans ma chambre et enfin me poser.

Pour Les Yeux D'un Ange...Je Suis Là     Partie 1Where stories live. Discover now