Si tu n'as pas de solution, concentre toi sur les issues possibles. Toujours établir un état des lieux, en toute circonstance Astrid.

Jaden serait fier de moi. J'en ai repéré trois.

Quand Sophie se plante devant moi, un immense sourire aux lèvres qui n'annonce rien de bon, et me cachant par la même occasion les deux men in black.

Voilà autre chose !

— Tout est arrangé, on se tire.

Je remonte pas dans un avion maintenant, pourtant je me contente de lui demander :

— Où ? est le seul mot qui franchit ma bouche.

— Tu verras.

— Ah non ! tu ne vas pas recommencer avec tes mystères, j'exige que me donne l'endroit où l'on doit aller, sinon je...

Sophie lève les yeux au plafond avant de me répondre :

— Dans une villas sur les hauteurs de la ville, d'après ce que j'ai compris.

— Comment ça... une villas ? Et comment ça d'après ce que...

— Bon ! on y va As ! souffle-t-elle, le chauffeur nous attend, et je n'en sais pas plus, Jaden a été assez évasif sur le coup.

— Et ça ne l'a pas étonné que la réservation n'ait pas été validée ?

— Ecoute As, je ne lui ai pas posé la question, le plus important est qu'il nous trouve un endroit de secours où passer nos vacances, et c'est ce qu'il a fait.

Si mon amie vit dans le monde des licornes à paillettes, ce n'est pas mon cas. Ce n'est pas une anguille qu'il y a sous roche, c'est carrément une baleine.

Malgré tout, j'emboite le pas de Sophie.

C'est le même chauffeur que celui qui nous a récupéré à l'aéroport, qui va nous conduire à cette fameuse villas. Quand il quitte l'hôtel, j'ai le réflexe de regarder derrière moi si les deux inconnus nous suivent, mais je ne les vois pas. Fausse alerte. Soulagée, mes yeux contemplent le paysage et s'émerveillent du spectacle.

Après un temps qui m'a paru assez long, le conducteur s'engage sur une chemin caillouteux en pente, après avoir ouvert un portail en fer noir, à l'aide d'une télécommande, qui ne laisse rien apercevoir de ce qui se trouve derrière, ni les murs en pierres sèches hauts de trois mètres.

— On dirait le repère d'un mafioso, ne puis-je m'empêcher de penser à voix haute.

Sophie renifle en ricanant sans prononcer un mot. Je lui lance un regard noir. Qu'elle ignore superbement.

Dès qu'il stoppe le véhicule, j'ouvre la portière sans attendre pour sortir, j'ai besoin de respirer, et mon cœur manque un battement devant le décor de carte postale qui s'offre à moi. 

La mer à perte de vue. Le jardin en restanque, où des figuiers, des oliviers, des citronniers, et des lavandes agrémentent ce petit coin de paradis, alors que des bougainvilliers courent le long d'une tonnelle en fer forgé abritant une terrasse en bois, et longe un couloir de nage à débordement donnant l'illusion de se jeter dans la mer. Je devine un escalier taillé dans la roche qui mène à une crique privée. Je n'ai pas de mots, c'est magnifique. Une impression de bien-être m'envahit. De plénitude. Je ne suis jamais venue ici, je ne sais pas à qui elle appartient.

Je pense que si, je fais taire cette petite voix qui asticote ma patience.

Je m'y sens déjà bien.

— Alors ? toujours ronchonne ?

Je me tourne vers ma meilleure amie afin de la prendre dans mes bras.

Save Your TearsWhere stories live. Discover now