Chapitre 14

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Berlin

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Berlin.

Je suis confortablement installé dans la berline, que conduit Jaden, le regard perdu par la vitre, où les paysages de la capitale allemande défilent, ravivant à chacune de mes visites des souvenirs d'enfance, ou d'adolescence en compagnie de ma maman.

Elle tenait absolument à me faire découvrir le monde, que mon esprit ne s'arrête pas aux frontières mexicaines.

— La culture est une arme contre les imbéciles mi corazon. Tu t'en rendras compte plus tard. C'était sa phrase favorite.

Sauf que contre l'arme qui l'a tuée, les mots ne l'ont pas sauvé.

J'ai continué de me cultiver, mais j'ai aussi ajouté mes poings.

J'enferme ce souvenir trop douloureux au fond de ma boite crânienne pour me concentrer sur d'autres plus gaies.

Ana avait une âme d'artiste, libre, sans contrainte... jusqu'à ce que mon père et elle tombent éperdument amoureux l'un de l'autre et qu'elle soit obligée de le suivre dans ce pays qu'elle ne connaissait pas. Mais qu'elle a appris à aimer. Tout comme ses habitants. Et il le lui rendait bien.

Je suis donc devenu un véritable globe-trotter, avec sac à dos et garde du corps quand je voyageais seul, et les bagages Vuitton remplaçaient mon Eastpak quand j'étais avec maman.

Quand elle m'a emmené la première fois à Berlin pendant des vacances d'été, je me souviens lui avoir dit qu'un jour j'y habiterai. Elle a ri en me précisant qu'elle m'aiderait à m'y installer. Mais elle et moi savions que mon père avait d'autres projets en ce qui me concerne... Là aussi, je tire le frein à main pour bloquer tous ces souvenirs.

Le côté dynamique et décontracté de la ville m'a de suite séduit, moi qui vivait dans un pays où les traditions vous étouffent. Les contrastes entre les édifices historiques et l'architecture contemporaine, entre les traditions et la modernité me donnaient l'espoir que moi aussi un jour, je pourrais allier les deux et le prouver à mon père.

Si je n'y ai pas posé mes bagages quand j'ai quitté le Mexique, c'est parce que quand je suis allé en visite à New-York, le rêve américain m'a mis une grande claque en découvrant cette ville qui ne dort jamais et où tout est possible paraît il. Mais j'ai voulu, en hommage à ce que j'avais promis à ma mère, y ouvrir mon deuxième club.

J'ai racheté une ancienne banque dans le quartier Neukölin. Le club s'étend sur deux étages, l'intérieur n'a rien à voir avec celui de New-York. Il est dans la plus pure tradition underground, le métal se mélange avec du mobilier en velours ou des fauteuils design en aluminium. Le Five berlinois est devenu en quelques mois, le club le plus sélect de la ville et le plus important. Comme celui de Gotham un dresscode et une cotisation annuelle est obligatoire pour pouvoir y pénétrer. Chaque demande est étudiée par mon service de sécurité et validée par mes soins.

— Nous sommes arrivés Sebastiàn, me surprend Jaden.

J'étais tellement plongé dans mes souvenirs, que je n'ai pas fait attention que la berline de luxe est garée devant l'entrée du palace dans lequel je séjourne à chacune de mes visites.

Save Your TearsWhere stories live. Discover now