Chapitre 48 : L'Alaska.

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Il y a des années.  Cade, huit ans.

Cade se réveille en sursaut lorsqu'un sac en plastique l'étouffe. Il ne respire plus, il n'y arrives plus. C'est impossible, tout l'air a disparu et le sac poubelle l'empêche de reprendre son souffle. Plus il inspire, plus le plastique colle à ses narines.

Cade ne comprends pas, il dormait profondément et il a été assailli. Quelqu'un est entrain de chercher à le tuer, il se dit. On le tue.

Alors il se débat dans tous les sens. Son père lui a déjà appris à se défendre dans ce cas de figure. Il lui manque seulement du temps et surtout de l'air. Aussi, pour ne pas s'étouffer davantage avec le plastique, Cade bloque lui-même sa respiration en sentant ses poumons brûler à l'agonie.
Des mains viennent à présent entourer son cou et elles serrent très fort. À tel point qu'en à peine quelques secondes, il commence à avoir le tournis.

Selon le positionnement des doigts sur son cou, il sait que son agresseur est au dessus de lui. L'inclinaison de ses doigts ne serait pas aussi précise autrement.

Alors, Cade mets en pratique ce qu'on lui a appris plus tôt. Il passe ses mains de chaque côté du cou de son agresseur. Il a heureusement visé juste en sachant qu'il était au dessus de lui. Une simple erreur de jugement aurait pu lui être fatale, il le sait. Ses deux pieds se croisent à l'arrière de la tête de son agresseur et il met toute sa force pour serrer ses genoux autour de l'homme. 

- Pour un gosse de huit ans, tu as de la force, grogne la voix d'un homme qui ne lui est pas familière.

- Je sais, il parvient à articuler en sentant les mains de l'homme se desserrer au fur et à mesure de sa gorge.

Cade compresse la trachée de l'homme avec ses genoux et au moment où l'homme recule parce qu'il ne supporte plus la douleur, Cade en profite pour lui envoyer un coup de pied au visage.
Heureusement, Cade a été entraîné à se battre en étant privé du sens de la vue. On lui bandait souvent les yeux, lorsqu'il était enfant. De ce fait, il a exercé chacun de ses autres sens.

Que ce soit le toucher, l'odorat ou l'ouïe.

L'assaillant grogne en reculant définitivement sous la force de son cou. Il allait réellement le tuer si Cade n'avait pas agi.
Si Cade compte bien, cela fait sept fois qu'il s'est fait agressé en l'espace de deux mois. Sept fois qu'il a vu la mort entre ses doigts. Sept fois qu'il a été forcé d'agir contre sa volonté. Sept fois qu'il a dû se défendre pour sa propre vie parce que personne ne l'aurait aidé autrement.

Cade est seul ici, en Alaska, il a été envoyé pendant quatre mois pour être formé, selon les paroles de son père mais il a deviné que c'est justement son père qui envoie tous ces gens pour le tester. Il sait que son père lui envoie des hommes pour le tuer, il sait que son père leur ordonne de n'avoir aucune pitié.

Pendant ces deux mois, il ne s'est jamais senti aussi seul. Il n'a jamais autant haï sa vie. Il vit seul et surtout, il doit se débrouiller par ses propres moyens. Alors quand on l'attaque comme ce soir, il se défend en espérant que ce sera la dernière fois.

Cade parvient à enlever le sac de ses yeux en esquivant de justesse le coup de couteau que lui porte son assailant. Il sait qu'il va encore une fois devoir tuer. Il sait que c'est justement à cause de son père qu'il va devoir commettre un nouveau meurtre. C'est justement pour ça que son père le teste, pour voir s'il est assez fort.

L'homme lui envoie un coup de poing assez fort pour lui mettre les larmes aux yeux. L'intérieur de sa tête bourdonne atrocement et sa vue devient floue.

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