XXI. Merci maman

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1,6 tonnes d'amas de terre froid et implacable, mélangeant claustrophobie et l'acceptation de sa défaite, l'acceptation de la séparation physique avec le monde extérieur. C'est exactement où aimerait se trouver notre protagoniste plutôt qu'à table chez ses parents.

Sa soeur Maya était encore dans sa chambre tandis que son frère passait la soirée chez des amis, il n'y avait donc que Blanche et son père à table; la mère encore dans la cuisine.

Blanche se demandait si la fumée venait de la nourriture fraîchement placée sur la table en chêne de la salle à manger ou de son cerveau cherchant tant bien que mal un sujet de conversation avant que ceux inévitables sortent de la bouche de ses parents.

"Alors le travail? Comment t'en sors-tu?" la voix grave de son père venait de donner le ton à sa soirée, elle sera donc typique, barbante et monotone.

"Bien, cela se passe bien."

"Bien? Tu as sûrement plein de choses à nous raconter!" cria Jada, tout juste sortie de la cuisine avec le dernier plat encore fumant en main.

" J'ai pas grand chose à raconter, je suis nouvelle donc tout ce que je fais c'est d'assister mon manager pour être honnête."

Sa mère l'observa, longtemps, sans aucune lumière ni once de fierté dans son regard. Elle plaça soudainement ses mains autour de la gorge de Blanche, avant de la serrer de toutes ses forces jusqu'à ce que la peau pâle de sa fille vire au violet, jusqu'à ce que ses veines sur le front éclatent une à une et que ses globes oculaires menacent de sortir de leur orbite. Blanche n'avait plus aucune chance de retrouver son souffle, coupé à jamais et même si Jada n'avait pas réellement placé ses mains autour de son cou et qu'elle n'avait, finalement, pas bougé d'un pouce depuis sa question, l'effet de son regard sans aucune validation avait le même effet d'asphyxie sur sa fille.

"Ton frère a beaucoup fait pour la maison, il a décidé de reprendre le crédit qu'on avait contracté et j'ai même droit à ses chèques repas pour faire les courses de la semaine, quel soulagement de l'avoir! Je te jure, je ne sais pas ce qu'on ferait sans lui."

Ou simplement une autre manière de demander à Blanche, ce que ses parents pourraient bien faire d'elle. Il n'y avait guère besoin de sous titre ou d'une bulle au dessus de la tête de sa mère, elle savait très bien, cette même femme lui avait donné naissance, à elle et la plupart de ses traumatismes.

Impatiente devant l'inactivité de sa fille, Jada reprit de plus belle.

"Bon et sinon, tu as un copain? Un futur mari? Tu sais que tu as l'âge de te marier maintenant, nous attendons des petits enfants tout de même."

Devait elle leur parler de James? De Matthias? Un mari certainement pas mais des conquêtes, oui elle en a eu ces derniers temps mais elle n'était pas certaine que la réponse enchanterait ses parents. Elle n'était cependant pas sûre qu'elle serait pire que la négative.

"Non maman, toujours rien. Je n'ai pas eu le temps avec le déménagement et le nouveau travail tu sais, ça prend du temps."

" Quel temps cela prend? Tu as un studio et tu n'occupes pas de poste important."

Quelque soit la réponse, Jada avait toujours de quoi rétorquer.

Maya les rejoignit au moment du dessert, elle n'avait pas faim mais il y a toujours de la place pour un bon dessert libanais, disait elle toujours. Blanche ne pu résister une seconde de plus et alla titiller le peu d'éthique que sa mère possédait.

"Je suis entrain de tourner une série de vidéos pour ma boîte, une campagne de prévention au suicide. Une idée d'un de mes supérieurs."

"Qu'est-ce que cela a avoir avec les livres?" demanda le père.

Passer le capWhere stories live. Discover now