XX. Désillusion romantique

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Hostile, dangereux, dépourvu d'atmosphère et de toute matière ou particule; tous ces adjectifs n'étaient pas suffisants pour décrire l'espace dans lequel se trouvait Blanche. Premièrement, les sensations liées au vide spatiale, provoquèrent une sensation de légèreté et de déconnection  avec le monde qui l'entoure. En l'absence d'atmosphère pour retenir la chaleur, la chaleur corporelle serait rapidement dissipée, laissant ainsi, son corps geler. Un silence complet, sans atmosphère pour conduire le son, Blanche se sentit entièrement isolée. Le manque d'oxygène, encore et toujours présent, conduisant à des difficultés respiratoires mais également à une expansion de gaz dans son corps provoqué par la pression soudaine et extrême du vide. 

Ce descriptif reprend les différents symptômes d'une personne jetée dans l'espace sans protection, sans combinaison spatiale. Cependant Blanche était bien sur terre, à pression atmosphérique, dans son petit appartement parisien, accompagnée de Matthias, le colocataire de sa meilleure amie. Serait-il la cause du vide créé dans son salon du sixième étage? Sans gravité pour les retenir, voir Carlos flotter dans les airs ne l'étonnerait guère. 

Une heure était passée déjà, entre le moment où Matthias lui avait posé la question à un million d'euros et leur quatrième verre de l'après-midi. Blanche avait nié en bloc, évidemment, quelle question stupide, avait-elle répondu. Rien ne la poussait à partir et pour répondre plus techniquement à la question, la vie nous poussait à partir. Dès notre naissance, le chronomètre était lancé, chaque rire, chaque pleure, chaque baiser, chaque rencontre, la somme des interactions au cours d'une vie restait un nombre fini.  

Matthias, de son côté, n'insista pas sur le sujet. Il savait que Blanche n'était pas honnête dans sa réponse mais un mensonge pouvait en dire plus qu'une vérité. Alors à la place, il se joignit aux activités que la brune avait entreprit en début d'après-midi, à savoir, boire, assis sur le plancher de l'appartement. Et malgré les remarques sur sa consommation d'alcool, l'action -pourtant inchangé- parût plus convivial à faire à deux. Blanche décida enfin de se lever, après plusieurs heures assises jambe croisées sur le bois non poli.

" Tu as faim? demanda-t-elle, j'ai pas grand chose mais je peux essayer de créer quelque chose à partir du peu que j'ai dans le frigo."

"Tu ne manges jamais chez toi?" Matthias la suivit dans la cuisine, la bouteille de rouge à la main.

" Si, je n'ai juste pas eu le temps ces derniers temps. Voyons voir ce que j'ai..."

Son invité s'accroupit au niveau des placards sous l'évier, à la recherche de ce qui pourrait constituer leur futur repas.

" De la farine et de la levure, c'est déjà pas mal.  Tu as de l'huile d'olive?" 

"Pour qui tu me prends? Bien sûr que j'en ai! Juste à côté des taques à cuisson. Tu as une idée en tête?" 

"Une pizza maison? T'en penses quoi? Je vois que tu as de la sauce tomate et du fromage râpé au frais, ça peut le faire."

"Ca peut le faire oui." répéta la brune, un sourire envahissant l'entièreté de son visage.

C'est donc avec de la musique  en fond - The neighbourhood , pour pas changer- que nos deux personnages se mirent à la tâche. Ensemble, ils n'avaient qu'une mission commune, bien qu'elle ne soit qu'au nombre de un, rien n'était déjà gagné. Blanche n'avait jamais fait de pâte à pizza maison et Matthias avait déjà un bon gramme dans le sang. Elle lui proposa de continuer à la pétrir pour les deux dernières minutes, l'action de ses poings sur la pâte lui fit penser aux pattes Carlos sur le canapé, sans les ongles et les poils. 

"Je pense que la pâte est trop collante, faudrait y rajouter de la farine." suggéra Matthias.

" Tu sais le faire? J'ai les mains sales là." 

Passer le capOn viuen les histories. Descobreix ara