IV. Une bande de débiles

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Son manager l'attendait devant son bureau, un post-it en main.

"Blanche, formidable! Tu es là, l'informaticien t'a créé un identifiant pour notre plateforme, voici ton mot de passe. Si tu as besoin de le changer, voici l'adresse e-mail de Zachary, un des types qui travaille pour le helpdesk de la boîte." Il colla le post-il sur l'écran d'ordinateur de sa subordonnée et s'en alla vaquer à ses occupations. Blanche se demanda ce que faisait Olivier à longueur de journée, à force de déléguer le travail, il ne doit pas rester grand chose.

Elle s'installa à son bureau, arracha le post-it et se connecta en tapant son identifiant et le mot de passe attribué. La notification d'un message retentit

" Bienvenue sur la plateforme Blanche!" C'était Olivier, il n'avait vraiment rien d'autre à faire.

Un autre message suivi, celui de Jessica lui demandant de contacter un client dont elle gérait le dossier, des informations manquaient et c'était son rôle de les lui demander. Elle reprit le carnet utilisé lors de la réunion et nota les demandes de Jessica une à une. Elle retourna à la page où elle avait effacé les traces de son immaturité de tout à l'heure, une énorme flaque d'encre noire sur la page. "J'irai peut-être bien chez Sonia finalement." se dit-elle

Une nouvelle notification apparue, Jessica demandant la même chose que précédemment mais pour un tout autre client. Une nouvelle bulle s'ouvrit, celle de James. Elle cliqua sans hésitation sur le petit un notifiant d'un nouveau message non-lu, son coeur battait à mille à l'heure. Elle posa sa main sur sa poitrine et leva les yeux au ciel, agacée par sa propre réaction au message de James. "Reprends le contrôle, Blanche." C'est avec ses mots de motivation qu'elle se mit à lire le message ouvert depuis déjà une minute. "Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas réussi à te répondre tout à l'heure mais je ne pourrai pas te ramener ce soir. J'accompagne Jessica chercher ses enfants de la garderie." Blanche se senti stupide, idiote d'avoir été envieuse de Jessica, sotte d'avoir été jalouse tout court, pour une personne  rencontrée 24 heures plus tôt.

Blanche ne prit pas la peine de répondre. Elle réouvra son carnet de notes et se mit à contacter les personnes dont certaines informations manquaient à Jessica. A 17 heures, elle demanda à son manager de quitter le travail plus tôt, ce qu'il accepta, au vu de sa productivité de cette deuxième journée. Elle reprit l'ascenseur, scanna son badge une fois au rez-de-chaussée et enfin, quitta l'immeuble. Blanche sorti son téléphone de son sac et ouvrit la bulle de conversation de ses amis. "Je serai là ce soir les potes." Son message reçu trois like, ses trois amis donc. Assise sur le banc de l'arrêt de bus, elle observa la scène se trouvant devant elle. Des voitures venaient des deux sens, tous roulaient modérément, la zone étant de trente. Des arbres juste derrière la route témoignaient de la transition automne-hiver, les seules feuilles restantes étaient brune-orangées. Le temps était glaciale, un temps à vous faire sortir de la fumée de la bouche à chaque expiration. Cela amusait Blanche, elle avait l'impression d'être la fille cool qui fumait sa cigarette en attendant son bus, sauf qu'elle n'avait pas de clope, seulement l'air chaud de sa bouche condensant celle de l'extérieur.

Elle monta dans le bus et rechercha une jardinerie la plus proche de chez elle sur internet. Elle trouva une à 400 mètres de son studio et s'y rendit une fois son arrêt atteint. C'était la première fois que Blanche s'y rendait. A vrai dire, elle n'avait pas encore pris le temps d'aller voir les magasins autour de son nouveau domicile. Avant de trouver son travail actuel, ses journées étaient consacrées à se remettre de la veille. Mais aujourd'hui, elle découvrit une jungle bien plus fournie que celle formée par ses deux plantes non bouturées depuis longtemps. Le magasin était grand, des plantes y étaient accrochées au plafond ainsi que sur les murs, la vendeuse n'avait pas beaucoup de clients cet après-midi, elle salua Blanche et lui proposa son aide. C'est ainsi que notre protagoniste sorti avec une plante grasse, une étiquette où le prénom de Sonia y était écrit, accrochée à sa tige. S'il y a bien une chose que sa mère Jada lui avait appris -à part le fait que son existence était plus un fardeau qu'autre chose-, c'était de ne jamais venir chez des amis les mains vides. Elle repassa par chez elle, sorti une pizza du congélateur, alluma le four et retira ses chaussures. Elle avait le temps de se faire à manger et de se changer avant de rejoindre ses amis.

Passer le capWhere stories live. Discover now