XII. Plaies ouvertes

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Sonia avait décliné la proposition d'Angelo -sans surprise, il était très triste- et décida qu'il était plus sage de rentrer chacun chez soi. Le docteur avait accepté de laisser Sonia partir et il lui rappela qu'elle aurait les résultats de ses analyses par voie postale. Ce n'était pas réellement son problème sur le moment, Sonia avait hâte de rentrer. Blanche l'enlaça une dernière fois fortement en s'excusant, encore une fois, de ne pas avoir répondu à ses appels.

« Arrête de t'excuser je t'en supplie. Rentre bien. » elle fusilla James du regard avant de rejoindre Matthias dans le taxi.

Comme promis, Blanche appela James dès que le médecin était parti chercher les papiers pour signer la décharge de Sonia. Ce dernier ne du pas se faire attendre très longtemps, il n'y avait pas de trafic à quatre heures du matin. Elle salua Horace et Angelo et suivit James jusque la voiture garée plus loin.

Elle lui était extrêmement reconnaissante d'avoir été présent pour elle, cela faisait plusieurs jours qu'ils se tournaient autour et pourtant ils n'avaient toujours pas passé à l'acte. N'importe qui aurait décidé d'arrêter et de passer à autre chose mais James était resté. Ce qui engendra une vague de stress à Blanche, elle ne comprenait pas ce qui se passait entre eux. Pendant ces derniers jours, Blanche montra beaucoup plus de choses que ce qu'elle n'aurait voulu; il avait eu, en l'espace d'une fin de semaine, quasi la totalité des facettes de la personnalité de Blanche. Elle était différente, compliquée, conflictuelle, en bref rien de ce que James avait décrit l'autre soir sur le pont. Elle avait espéré que cela jouerait en sa faveur, qu'il ne lui demande plus d'être le visage de ses podcast mais il a fallu que Sonia en reparle. 

« A quoi tu penses? » James avait brisé le silence pesant dans la voiture, lors du chemin du retour.

« Que je suis contente que tu m'aies demandé de te rappeler pour rentrer. Je ne voulais pas me l'avouer mais à bat la fierté mal placée, je suis contente que tu sois là James. J'en avais besoin. Merci. »

« C'était une sacrée soirée, je ne pouvais pas te laisser. J'espère que Sonia n'est pas trop secouée, quelle affaire. »

« Elle nous a dit qu'elle n'était pas traumatisée car elle part du principe que de toute façon elle ne s'en souvient pas mais elle va sûrement en avoir les séquelles. Des souvenirs soudains, une angoisse inexpliquée, une phobie développée, j'en sais rien mais je m'attends au pire pour pouvoir l'aider au mieux. C'est pas facile des moments pareils, on se demande toujours ce qu'on aurait pu faire pour que cela n'arrive pas. Comme si c'était notre faute, pathétique. »

« Tu parles comme si ça t'étais arrivé. » James ne décolla pas son regard du volant mais son ton trahissait son ressenti, il s'attendait au pire lui aussi.

« Les connards ne sont pas si rare à l'université tu sais. A défaut d'avoir compris mes cours, j'ai compris d'autres choses. La société évolue mais certaines mœurs restent enfin je ne sais pas trop si j'utilise les bons mots mais il y a eu des abrutis avant et il y en a toujours autant maintenant. »

« Tu veux en parler? »

« Non. Profitons du peu d'heures de sommeil qu'il nous reste. »

« On est dimanche, on peut dormir jusque quinze heures, qu'en penses-tu? » James déposa son regard sur le sien avant de se re concentrer sur la route, rapidement,  mais juste assez que pour faire rougir notre protagoniste.

« James, on sera complètement décalés. Comment tu veux que je me réveille lundi? »

« Je pense que tu devrais en parler à Olivier, c'est ton ami maintenant, il comprendra. Prends toi un jour de congé. »

Passer le capOù les histoires vivent. Découvrez maintenant