I. Blanche

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Blanche est une jeune fille de 24 ans, après un parcours tumultueux, elle trouve enfin un travail dans une maison d'édition.

C'était son premier jour aujourd'hui, le temps n'était pas au rendez-vous mais à vrai dire, elle non plus. C'est à peine quand, en courant pour prendre son bus, que Blanche remarqua, au reflet d'une flaque d'eau, que sa tenue n'avait absolument aucun sens. Mais au final, sa vie non plus.

Elle monta dans le bus, scanna son abonnement et s'assit à la première place vide qu'elle trouva.
Elle sorti son téléphone, y mis sa caméra avant et observa ce qu'on pouvait appeler sa mine du matin. Rien n'allait mais au final, elle non plus.
Elle fixa ses yeux verts, son mascara avait coulé.
Il faisait tellement froid que ses yeux pleuraient sans aucune raison. Elle sorti un mouchoir usagé de son sac et se mit à essuyer l'excédent de mascara lui coulant sur les joues. Son eyeliner n'avait pas bougé, elle sourit à l'idée d'avoir enfin fait un achat rentable. Elle passa ensuite à sa coiffure, une main dedans essayant de défaire les noeuds qu'un sommeil profond, juste après une douche, avait créé.

La veille, Blanche avait passé pas loin de deux heures dans la douche.

« Si je sors je devrai aller dormir et si je vais dormir, on sera le lendemain. » Le stress d'un nouveau travail, de nouveaux collègues et d'une nouvelle routine la prenait par les tripes. Mais peut-être que c'était pour le mieux, du moins, c'est qu'elle espérait.

Elle se décida enfin à sortir de la douche qui l'avait épuisé, elle s'endormit directement, encore dans sa serviette et les cheveux mouillés.
9h20, elle entendit enfin son réveil. Elle commençait à dix heures. Elle prit les premiers vêtements qui traînaient dans sa chambre et sorti à la hâte, sans petit déjeuner.
Pourquoi n'avait-elle pas entendu son réveil plus tôt?
Comme pourquoi n'avait elle pas entendu l'appel de son arrêt plus tôt? Blanche sorti de ses pensées lorsqu'elle se rendit compte que son arrêt était passé et qu'elle était toujours dans le bus. Elle se leva, supplia le chauffeur de la laisser sortir, par chance, le feu était rouge et il ouvrit la porte avant lui faisait comprendre qu'elle devait sortir vite. Blanche passa un coup sur l'écran du bus, 9h55. Courir ce n'était pas son fort, encore moins en talons mais elle n'avait plus le choix c'était son premier jour.

10h01, elle scanna son badge et déboula dans un ascenseur qui s'était ouvert pour laisser sortir les gens de l'entretien, ayant fini leur journée. Elle plaqua son dos contre un des murs de l'ascenseur, fixa le plafond et reprit sa respiration. La porte de l'ascenseur s'ouvrît au deuxième, un homme y entra. Vêtu d'un costume marron, une mallette à la main, son téléphone de l'autre. Sa conversation avait l'air fort intense puisqu'il ne remarqua pas Blanche toujours essoufflée de sa course de tout à l'heure.

Elle le fixa, il avait l'air jeune, sûrement la trentaine, fraîchement rasé et des cheveux bruns plaqués en arrière par une sorte de gel qu'il n'avait pas bien estompé. Il comprit que quelqu'un le fixa et leva le regard de son téléphone. Blanche comprit avec un peu de retard, qu'elle n'était plus entrain de fixer quelqu'un ayant la tête baissée mais bien rivé sur elle.
Prise de panique, elle essayât de construire une phrase justifiant son regard insistant de tout à l'heure.
« Vous avez un peu de gel sur la nuque. »
Super Blanche, tu aurais pu te présenter au moins. Se dit-elle en se mordant la lèvre inférieure.
« Là? »
Demanda l'homme en se retournant histoire de montrer sa nuque à la jeune fille.
Elle passa sa main dessus pour enlever la pâte blanche. « C'est bon. »
Il sourit et baissa ses yeux vers son badge.
« Merci Blanche, joli prénom d'ailleurs » Ses yeux verts fixaient les siens et l'ascenseur parut interminable.

La porte s'ouvrit, enfin.

Elle attendit qu'il sorti avant de partir à gauche lorsqu'il avait tourné à droite juste avant.
« Au fait, je m'appelle James. » Dit-il avant de s'éclipser dans son aile de l'étage.

« Merci je sais lire » se dit-elle car elle avait également lu son badge dans l'ascenseur.

Le reste de la journée fût banale, une présentation générale devant ses nouveaux collègues, plusieurs commandes de cafés car, étant nouvelle, elle était considérée comme une stagiaire.

18h00, Blanche avait finit sa journée. Elle éteignit son ordinateur, rangea le dossier sur lequel elle travailla toute la journée, entre les services demandés par ses collègues plus âgés.
Elle s'avança dans le couloir menant à l'ascenseur et y re croisa James.
Elle sourit en le voyant, pensant qu'elle pouvait le considérer comme son premier ami dans l'entreprise.

« Longue journée? » demanda-t'il.

« A peine » répondit Blanche en souriant.

Le chemin vers le rez-de-chaussée allait-il lui paraître interminable comme ce matin? C'est ce qu'elle se demanda, épuisée de la journée, elle n'avait pas grand chose à dire.

« Où habites-tu? Je pourrais te ramener. »

Blanche leva les yeux et fixa James d'un air curieux. Des mecs pareils, ça n'arrive que dans les films. Et dans les films, la vie du protagoniste se retrouve bouleversée par un jeune ténébreux jouant les gentlemen. Mais Blanche ne voulait pas de cette vie, elle avait des projets. Pas question que James ne vienne tout gâcher.
L'idée que James aurait pu avoir un impact sur une quelconque décision sur sa vie alors que cela ne faisait même pas 24 heures qu'ils se connaissaient la fit rire.

« Qu'il y a-t'il de si drôle? Ma proposition? »

« Je prendrai le bus pour rentrer, merci. »

La porte de l'ascenseur s'ouvrît, laissant sortir les deux personnages. James s'arrêta et se retourna vers Blanche. Pensant qu'il allait continuer de marcher, elle n'anticipa pas cet arrêt soudain et heurta ce dernier avant de faire trois pas en arrière en s'excusant.

« Tu es sûre que tu ne veuilles pas que je te ramène en voiture? Il fait noir. »


« Certaine. »

Leur chemin se sépara alors à la sortie du bâtiment, James se dirigea vers le parking tandis que Blanche se remit à courir comme au matin, par chance, eu le bus et s'assura d'être assise sur les banquettes du fond afin de pouvoir s'affaler et pleurer sa journée. Elle retira ses talons, ses pieds étaient bleus et roses d'hématomes et d'ampoules.

« Quelle journée horrible. »
Elle posa sa tête contre la vitre du bus et se laissa emporter par le trajet sombre illuminé sous les lampadaires de la ville. La scène était magnifique et c'est tout ce qui lui importait en ce moment.
Ces petits plaisirs qui la maintenaient en vie, lui redonnaient espoir en ce qu'elle faisait en ce moment mais l'éloignait considérablement d'un grand projet qui lui tenait à cœur.

Passer le capWhere stories live. Discover now