III. Il faut de tout pour faire un corps

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6h30, le réveil sonna.

Pour Blanche, c'est une première mais il n'est pas question d'arriver une seconde fois en retard. De plus, un effort vestimentaire ne ferait pas de mal et cette fois-ci, elle appliquera un mascara waterproof s'était-elle dit.

Elle se leva, fit son lit et vérifia que Carlos avait bien de l'eau et des croquettes. Elle enleva ses vêtements et sauta dans la douche qui, cette fois-ci, ne dura que 15 minutes. Une fois lavée, elle sécha ses longs cheveux bruns ondulés et passa un coup de brosse afin de les dompter. Pas de chignon fait à la va vite aujourd'hui, elle compta les laisser lâchés mais coiffés. Elle s'appliqua du fard à joue et se rendit compte de la vie que cela ramena sur son visage. "Il a vraiment dû me prendre pour un cadavre hier, remarque, s'il voulait absolument me ramener c'était peut-être pour vérifier que je n'habitais pas sous un pont de Paris." Blanche était pâle, ses traits fins tenaient de son père, Alexandre.

7h30, encore en peignoir, elle décida d'ouvrir son placard et d'enfin décider d'une tenue adéquate pour la journée. Elle avait une idée en tête et lorsque c'était le cas, c'était presque impossible de la lui retirer. Ce soir, elle ramènera James et fera tomber ce mythe de l'amour au premier regard dans l'ascenseur de son travail. Blanche ne veut pas être aimée, elle veut être vécue et ce soir, c'est ce qu'elle lui demandera.

Une robe noire , un gilet rose, des bottes à talons et un long manteau, c'était ce que Blanche décida de porter pour mettre son plan à exécution. Il était 7h50, elle avait encore le temps de se changer en vêtement de sport, legging et petite brassière pour suivre un cours de pilate en ligne. Elle observa son corps dans ses vêtements embrassant sa silhouette, passa sa main sur ses cuisses, puis doucement remonta jusqu'à son ventre et enfin, sa poitrine. Tout ce qui nourrissait ses insécurités et ses complexes se tenait droit devant elle, dans le miroir ou dirait-on plutôt que Blanche était l'hôte de tout cela. Sur le plafond de son studio, était peint l'univers, c'était sa manière de se rappeler que les problèmes du quotidien ne rivaliseraient jamais avec la taille de celui-ci. Cependant, si Blanche pouvait peindre ses problèmes, ils prendraient sûrement la même taille de toile.

Ses exercices physiques terminés, elle troqua ses vêtements de sport pour ceux de ville. Elle se fit un café, se brossa les dents et sorti de l'appartement.

Aujourd'hui, elle avait l'honneur de marcher au rythme des petits vieux du quartier. Pas de panique, son bus n'arriverait que dans quinze minutes et le temps pour arriver à l'arrêt était de cinq. Elle sorti son téléphone de sa poche afin d'y vérifier les notifications de ce matin.  Un message de Sonia, Horace et Angelo, son groupe de meilleurs amis. "Bonne chance pour ta deuxième journée de boulot championne! On se voit ce soir pour la pendaison de crémaillère de Sonia." 

Evidemment, cela lui était complètement sorti de la tête. Hors de question qu'elle laissa passer sa chance avec James. Après tout, ce n'est pas tous les jours qu'elle trouvait cette motivation de se lever si tôt. "Désolée Nini, je serai sûrement crevée de ma journée." menti Blanche.

9h50, elle scanna son badge, fière d'arriver dix minutes à l'avance. Elle prit l'ascenseur quand son coeur se resserra lorsque celui-ci s'arrêta au deuxième étage. Pourtant une fois les portes ouvertes, ce n'était pas James qui y entra mais un autre homme bien plus vieux. Cela t'apprendra à vouloir jouer une personne que tu n'es pas.
Se dit-elle tout bas. L'ascenseur arriva à son étage, aucune trace de James dans les parages. Elle alla s'asseoir sur sa chaise de bureau la faisant tourner de droite à gauche tout en regardant le plafond.

"Bien matinale Blanche, tu pourrais nous prendre  des cafés pour la réunion de 11h30? Comme d'habitude, six latte, merci." C'était Olivier, son manager. Un homme dans la quarantaine, chauve et lunettes rondes. Il ne faisait peur à personne et pourtant adorait déléguer le travail aux nouveaux.  "Avec plaisir, Olivier." sourit Blanche.

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