Chapitre 55

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 Luffy ouvrit progressivement les yeux. La première chose qu'il vit fut cette lumière, aveuglante, puissante, douloureuse, qui contrastait tant avec l'obscurité dans laquelle on l'avait enfoncé quelques temps plus tôt. Depuis quand ? Combien de temps y était-il resté ? Il n'en avait aucune idée. Il se réveillait simplement d'un long sommeil. Il avait même plutôt bien dormi ! Il mit du temps à émerger, comme d'habitude. Bien qu'il se levait assez tôt à bord du Sunny, il traînait toujours un peu. Il n'aimait peut-être pas dormir autant que Zoro, mais ça ne l'empêchait pas d'apprécier ces heures de repos.

Après quelques secondes, il finit par s'habituer à cette vague de lumière qui le déboussolait. En face de lui, au loin, un monde de verdure s'étendait. Des fleurs et des feuilles de toutes les couleurs s'étendaient dans un espace luxuriant. L'océan bleu avait changé de teinte, et le vert des prairies avait repris ses droits. Quelle belle vision ! Une vision bien lointaine. Sans doute abritait-elle une nuée d'insectes tous plus intéressants les uns que les autres ! Peut-être y aurait-il même des scarabées ?

Depuis sa plus tendre enfance, le capitaine des pirates au chapeau de paille adorait les insectes. Il adorait observer, jouer, côtoyer et collectionner ces petites bestioles qui butinaient, voletaient, vivaient dans un microcosme qui n'avait rien à envier aux grandes étendues magiques qu'étaient les océans. Les scarabées en particulier, Luffy les adorait. Il adorait entendre le souffle de leurs ailes, voir leur carapace briller sous les feux du soleil, les sentir courir sur sa peau, tenter de les attraper et s'émerveiller quand ils parvenaient à se faufiler entre ses doigts.

Lorsqu'il avait pris la mer, Luffy avait dû faire un choix entre les scarabées et la piraterie. L'appel de l'océan avait été plus fort, mais dans son coeur s'épanouissait toujours une petite fleur où pouvait se poser son amour pour les insectes. Certes, il n'y connaissait pas grand-chose, et Chopper ou Robin avaient certainement plus d'informations sur ces magnifiques animaux. Mais il ne se lassait pas de les observer et d'en apprendre à leur sujet.

Seulement, cette vision idyllique aux accents pastoraux était bien lointaine. Inaccessible. Luffy s'en rendit compte en très peu de temps. Les barreaux de sa prison se tenaient entre lui et ce magnifique panorama. Elles étaient grandes, fortes, fières, impassibles ; ces barres de fer qui restreignaient sa liberté, leur métal froid et acerbe le narguait.

Cette prise de conscience acheva de réveiller son corps engourdi. Maintenant qu'il regardait bien, il se trouvait dans une cage. Une grande cage de fer, dans laquelle on l'avait ligoté. Il essaya de bouger, mais tout ce qu'il parvint à faire fut de se tortiller comme un petit asticot. Des grognements ridicules sortaient de sa gorge à mesure qu'il tentait de s'échapper, en vain. Il gesticula dans tous les sens pendant une bonne dizaine de secondes avant qu'une voix ne vienne l'arrêter. Une voix qu'il ne connaissait que trop bien et qui l'apaisa enfin, du moins pendant une fraction de secondes.

— Luffy, Luffy !

Le capitaine tourna la tête. Il découvrit, dans la même cage et assise à même le sol, Nami. Nami qui se trouvait dans la même position que lui. Enchaînée, l'ingénieuse voleuse ne pouvait se mouvoir, et tout ce qu'elle faisait se résumait à observer ce qui l'entourait. Luffy, même s'il n'avait pas l'air d'être quelqu'un de particulièrement attentionné, faisait attention à ses compagnons de route. Aussi, il observa Nami, à la recherche d'éventuelles traces malencontreuses. Heureusement, personne n'avait blessé sa navigatrice ; elle semblait exactement dans le même état qu'à leur arrivée, à l'exception qu'elle avait commencé à se vêtir à la manière des gens sur l'île.

— Nami ! s'exclama-t-il, ravi. Tu es réveillée ?

— Oui, répondit la navigatrice. Depuis quelques minutes. Je croyais que tu te serais réveillé avant moi...

Le Poisson d'OrWhere stories live. Discover now