Chapitre 23

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 Une bonne dizaine de minutes s'était écoulée depuis que Law avait demandé s'il leur restait du chemin à parcourir. Les arbres n'avaient laissé place qu'à d'autres arbres, mais la voie semblait enfin se dégager légèrement. Durant ces interminables minutes de marche, l'agacement du chirurgien avait fait place à un silence profond.

Alors qu'il commençait sincèrement à désespérer, la forêt s'ouvrit sur une clairière beaucoup plus grande. Un grand espace herbeux s'étendait à perte de vue, entouré d'arbres bienveillants. Au milieu de cette couverture verte, serpentait une petite route toute caillouteuse, et, au bout de celle-ci, on pouvait distinguer la forme ovale d'un étang. Quelques rayons de soleil faisaient briller des éclats de diamants sur sa peau bleutée.

Derrière ce grand étang s'élevaient quelques rochers dont les formes pouvaient vaguement évoquer des visages d'animaux ; par-ci un bec d'aigle, par-là, des oreilles de chat. Ces rochers noirs constituaient en réalité une façade où ruisselaient de minces cordes d'eau avant de chuter dans l'étang. Trop raides et pointus pour s'accrocher dessus, ils se dressaient en gardiens hostiles des lieux. Seulement, au milieu de ces rochers, s'ouvrait une antre profonde, véritable bouche minérale qui avalait tout sur son passage. A moins qu'elle ne vomisse cet étang...

Law détourna le regard pour s'attarder sur les constructions devant le groupe. La route était parsemée de colonnes striées, visiblement vieilles de plusieurs centaines d'années. Certaines menaient directement dans des structures hautes de quelques mètres ; assez pour des hommes, mais bien trop petites pour des géants. Le chirurgien contempla longuement une des constructions, en ruine, aux murs fracturés et lézardés d'impacts.

Il ne put s'empêcher de regarder en coin Robin. La jeune archéologue, subjuguée par les lieux, analysait tout ce qui passait sous son regard amoureux. La bouche entrouverte, les lèvres étirées, les pupilles brillantes, elle tournait lentement la tête de gauche à droite, balayait l'horizon, fixait un élément qui avait su attiser sa curiosité, souriait de nouveau puis avançait avant de recommencer.

— Bienvenue au Sanctuaire, annonça Charlie.

— Ce lieu est magnifique, souffla Robin.

Law partageait l'avis de l'archéologue : ce lieu était d'une beauté sublime, hypnotique, presque envahissante. Une aura presque magique s'en dégageait. Le marbre blanc qui façonnait les colonnes brillait d'une façon presque irréelle sous les coups de soleil.

— Oui, répondit Charlie. Pour tout vous dire, c'est la première fois que j'ai la chance d'explorer cette partie de l'île. J'ai bien tenté d'y venir il y a quelque temps, mais... Je n'ai pu aller plus loin que la lisière de la forêt.

— Pourquoi ? demanda Chopper.

— Je n'en sais rien. J'étais subjugué par la beauté des lieux, mais je n'ai pu aller plus loin. J'ai ressenti un trouble au plus profond de mon cœur, comme si ma volonté me guidait de rester ici, sans aller plus loin. Et même si j'en avais eu le désir, je n'aurais pu aller plus loin, j'ai été dérangé par un appel de mon grand-père, et j'ai dû revenir en ville très rapidement. Mais aujourd'hui... ma soif de connaissances va enfin pouvoir s'apaiser.

Il se tourna complètement vers ses compagnons de route, ouvrant grand les bras pour capter toute l'attention :

— A partir d'ici, je suis autant en terre inconnue que vous. Je ne sais pas ce qui se cache dans ces lieux, mais j'ai le pressentiment qu'il nous faut rester prudent.

— On n'allait pas courir de toute façon... commença à dire Law.

Mais c'était sans compter sur l'excitation de Luffy qui dépassa Charlie en courant. Le docteur le regarda passer, les yeux ronds.

Le Poisson d'OrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant