Chapitre 38 : L'école c'est très important

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     Je me sens tellement mieux. Certes je n'ai fait qu'une séance avec mon psychologue, mais le fait de me savoir suivi, ça me rassure. J'ai pu profiter de ma famille ce week-end. Cependant, je ne peux vous cacher que Soraya m'a manqué énormément.

     Mais ce soir, on doit se faire livrer à manger, et dormir ensemble. J'ai vraiment hâte. Il m'est de plus en plus dur de rester loin d'elle. Et cela peu importe la distance entre nous. Même à quelques centimètres de son corps, j'ai l'impression que c'est déjà beaucoup trop.

     J'ai la désagréable sensation d'être une obsédée. C'est vrai quoi ! J'ai tellement envie de lui sauter dessus à chaque instant, mais en même temps j'appréhende beaucoup. J'ai peur de mal faire, de ne pas être assez compétente... C'est bête car Soraya n'a jamais exigé quoi que ce soit, elle sait même que je n'ai jamais rien fait avec une fille. Enfin bon, vous me direz qu'une seule fois avec un garçon ce n'est pas non plus une grande référence.

     Soraya et moi mangeons tranquillement en regardant notre série. J'ai du mal à rester concentrée. L'odeur du soin de cheveux de Soraya me fascine. Elle sent la noix de coco mais en beaucoup plus doux. Je ne saurais l'expliquer, j'ai juste envie d'enfouir ma tête dans la jungle de ses cheveux.


– Anna ? Tu m'écoutes ? demande-t-elle.

– Oui, enfin... Non excuses moi, avouais-je.

– Je te demandais si tu voulais m'accompagner dehors. Je vais fumer, m'informe-t-elle sûrement pour la seconde fois.

– Euh oui j'arrive, pardon, la suivais-je.

– Tu en veux une ? questionne-t-elle comme à chaque fois.

– Non merci, déclinais-je.

– Tu n'as jamais essayé ? me demande-t-elle curieuse.

– Si quand j'étais au début du lycée, mais je n'y voyais pas l'intérêt.

– Y a pas d'intérêt, tu as surtout eu de la chance de ne pas être tombée accroc, souffle-t-elle son poison.

– Je n'avais pas assez d'argent pour entretenir ce genre d'addiction de toute manière, chuchotais-je.

– Ton père est assez aisé pourtant.

– Oui mais je vivais avec ma mère et ce n'était pas la même chose. On ne roulait pas sur l'or, elle n'avait pas d'emploi stable et la pension alimentaire ne suffisait pas, me confiais-je.

– Elle n'avait pas de diplôme ? C'est pour ça que tu fais des études de droit ? me questionne-t-elle en s'asseyant à mes côtés.

– Oui et non, réfléchissais-je à haute voix. Elle a surtout eu du mal à se remettre de la rupture avec mon père. Et aucune entreprise ne veut d'une femme dépressive. Ni d'une cancéreuse...

– Tu ne m'as jamais trop parlé de ta mère... constate-t-elle. C'est injuste que cette saleté de maladie lui soit tombée dessus.

– Elle n'a pas fait beaucoup d'efforts pour l'éviter. Quand on fume comme un pompier, ce n'est pas étonnant que les poumons finissent par lâcher, répliquais-je froidement.

– Ça te déranges que je fume ? s'inquiète-t-elle en baissant les yeux.

– Non, tu fais bien ce que tu veux. Je ne suis pas là pour t'empêcher quoi que ce soit. C'est bien connu, il faut que les fumeurs décident par eux-mêmes d'arrêter pour que cela fonctionne.

– Et si... Si je n'arrête jamais ? s'inquiète-t-elle en me regardant droit dans les yeux.

– Tu auras perdu pas mal d'argent alors, ironisais-je.

La Reine des GlacesWhere stories live. Discover now